Chapitre 3

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– Je crois qu'on est arrivés ma belle.

Michael me sortait de mes rêveries. Je penchais la tête pour apercevoir le manoir derrière un immense portail en fer forgé. Mon corps tremblait de tout son long et ma respiration se faisait plus rapide.

– Alice ? Vous allez bien ?

– Oui, oui. Je ne suis juste pas venue ici depuis très longtemps. Et je n'avais pas forcément envie de le faire.

J'ouvrais la portière pour affronter le froid glacial, mais sans réellement savoir s'il venait de la saison ou du bâtiment qui s'érigeait face à moi.

Je me retournais pour tendre ma carte bleue à Michael mais il la refusait.

– La course est pour moi ma belle. Bon courage. Et prends ça, on ne sait jamais !

Il m'adressait sa carte de visite avec un clin d'œil. Je lui souriais en hochant la tête avant de sortir et refermer la voiture derrière moi.

Je l'entendais démarrer mais je ne pouvais pas détourner ma tête du « L » gravé dans le portail envahi par le lierre. Le manoir de mon enfance n'était plus vraiment comme dans mes souvenirs. Désormais, il me semblait dénué de tout amour, toute confiance, toute vie. Je me sentais presque comme piégée dans un film de Hitchcock.

Avant d'entrer dans le jardin, je marquais un arrêt pour repenser à la dernière fois où j'étais venue ici :

«6 juin 2010,

Je frappais doucement à la porte du bureau de mon père avant d'y entrer sans attendre sa réponse, comme je le faisais à chaque fois.

– Alice ça ne va pas ?? Je ne t'ai pas dit d'entrer !!

– Mais Papa...

Il s'empressait de cacher un dossier dans un de ses tiroirs.

Papa qu'est-ce que c'est ?

Rien qui ne te concerne.

Son visage s'était adouci mais ses yeux étaient apeurés. Cela faisait quelques temps qu'il semblait garder des secrets particulièrement enfouis.

Papa...

Alice s'il te plait, laisse-moi régler mes affaires moi-même.

Mais...

– Il n'y a pas de mais ! ça suffit maintenant ! Sors d'ici, je dois terminer quelque chose.

J'ouvrais la bouche pour protester, sentant la colère monter peu à peu en moi.

– Non !

Mon père me fixait de ses yeux noirs, perçants. Je n'arrivais pas à lire ce qu'ils signifiaient mais cela n'augurait rien de bon. Je prenais place sur un des fauteuils et croisais les bras pour soutenir son regard.

Un silence pesant s'installait dans la pièce avant que mon père ne se décide à détourner la tête pour reprendre un dossier et faire semblant de l'étudier.

– Qu'est-ce que tu veux, Alice ?

J'écarquillais les yeux, surprise par son ton froid et détaché.

– Toi. C'est toi que je veux papa.

Je le voyais soupirer, avant de poser son stylo et me regarder.

– Qu'est-ce que tu entends pas là ?

– Papa... s'il te plaît. Ne fais pas celui qui ne sait pas ou alors qui ne voit pas ce qu'il se passe.

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