Chapitre 29

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Beynost, en début d'après-midi,

L'appartement de Pierre Ravel était un véritable capharnaüm. Le sol était recouvert de vêtements plus ou moins propres, mélangés à des cartons de pizza et de cadavres de bières sans alcool.  

Il tentait de se frayer un chemin en poussant ses affaires du bout du pied avant de saisir une valise en haut de son armoire. Il la posait sur son lit avant de la remplir de ce qui lui tombait sous la main : caleçons, jean, pull...

De temps à autres, il regardait son portable. A part la réponse de sa hiérarchie suite à son message sur son absence précipitée, personne n'avait cherché à le joindre.  Cela résumait plutôt bien sa vie depuis le départ de sa femme. Même sa propre fille l'évitait comme la peste. Après tout, qui voudrait de la compagnie d'un connard alcoolique? 

Il lançait son portable sur un fauteuil avant de s'intéresser de nouveau à sa valise. En vérité, il ne savait pas du tout dans quoi il se lançait, ni même combien de temps cela pourrait durer. Quoique Karim ai pu faire à Marie, il devait en avoir le cœur net. 

Son portable se mettait à vibrer et une notification apparaissait pour lui indiquer que son taxi était arrivé. Il jetait un œil de loin à l'écran, puis saisissait le cellulaire pour le glisser dans la poche de son manteau. Cette fois il était prêt. Il ne savait pas exactement pour quoi, mais il avait cette certitude ancrée en lui qu'il devait le faire. Il regardait sa montre pour vérifier l'heure : son avion ne décollait que dans deux heures. 

Il dévalait ses escaliers à toute allure, sa valise en équilibre sur son épaule et poussait la porte d'entrée de l'immeuble. La rue était calme et il apercevait le taxi à quelques mètres de là. 

En s'approchant, Pierre comprenait qu'on l'attendait. Une valise à la main et emmitouflée dans un manteau Burberry,  Noémie lui adressait un signe. Il faisait quelques pas vers elle, fou de rage.

- Je peux savoir ce que tu fous ici? 

Noémie souriait.

- Cela me fait plaisir de te voir aussi. 

Il secouait la tête en mettant sa valise dans le coffre de la voiture. Immédiatement, elle posait la sienne à côté. Pierre fixait Noémie et l'interrogeait du regard. 

- Je viens avec toi, Pierre. Tu n'iras pas élucider cela tout seul. 

- Noémie, ce n'est pas parce que tu as gardé ma fille deux ou trois fois que...

Elle le coupait.

- Que quoi? Que j'ai le droit de t'accompagner à l'autre bout de la France ? 

Pierre restait silencieux.

- Deux agents ont disparus et on a prévenu personne. Peut être par peur que Karim ai fait une connerie? Je ne sais pas. Ce que je sais, Pierre, c'est que si on les retrouve pas rapidement, nous allons avoir de gros ennuis. 

Quelques secondes passaient, pendant lesquelles le chauffeur s'impatientait en tapant sur son volant. Pierre regardait Noémie et ses yeux s'étaient adoucis. 

- Et depuis quand tu me tutoies? 

Noémie souriait avant de refermer le coffre. 

- Tu n'es pas mon patron aujourd'hui. 

Il haussait les sourcils.

- Alors je suis quoi ? 

Elle se dirigeait vers la portière arrière et levait les yeux au ciel, mimant de réfléchir.

- Le Watson de mon Sherlock ? 

Sans un mot de plus, elle s'engouffrait dans la voiture, suivie par Pierre, incrédule. 

Reviens NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant