Chapitre 5 (4/4)

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Nix

Le médecin du club était impressionnant par sa simple présence. Il était aussi haut que large, avec des tatouages de crâne dessinés partout sur le corps. Pas un cheveu ne poussait sur le haut de sa tête et une barbe lui touchait le torse lorsqu'il baissait la tête. De surcroît, son visage était marqué par ses cinquante années, et il possédait une paire de lunettes en écaille de tortue.

Le doc se précipita dans la pièce sans un regard pour Drink. Son regard alterna entre Blow et Pearl, tous deux à demi allongés sur le canapé.

— Quel état est le plus critique ? s'enquit-il sans détour, posant sa lourde sacoche sur la table basse.

— Elle, répondis-je en me reculant pour lui laisser plus de place. Blessure à l'arrière de la tête.

Je rejoignis Drink et elle me chuchota un « merci ». Je savais qu'elle me disait ça pour avoir eu les réflexes de réagir, alors qu'elle était visiblement trop affectée pour tenter quoi que ce soit. Quand elle glissa sa petite main dans la mienne, je la laissai faire. Il n'y avait que nous, et Leonhard était tenu au secret professionnel, il ne dirait rien. Je resserrai même ma prise, et je l'entendis respirer profondément, comme pour essayer de se calmer.

— Ils vont bien ?

Elle posa la tête contre mon bras.

— Ils iront bien, la rassurai-je.

Comme deux cons, nous observâmes Leonhard soulever les paupières de Pearl pour les éclairer avec une petite lampe. Quand elle gémit sous l'intrusion, Drink et moi soupirâmes.

— Pas de traumatisme crânien, ni d'hémorragie, c'est bien. Pas de scanner à faire. Mais il faudra quand même la surveiller de près durant les prochaines heures, diagnostiqua le médecin. Elle commence à se réveiller, c'est bon signe.

— Et pour sa blessure à la tête ? demandai-je.

— Quatre points de suture devraient faire l'affaire, dit-il avant de sortir de sa sacoche le nécessaire pour les réaliser.

À la vue de la longue aiguille recourbée, j'entendis Drink déglutir.

— Savez-vous si elle est allergique au latex ? demanda Leonhard en agitant une paire de gants blancs.

Je haussai les épaules. Drink secoua la tête.

— Je ne sais pas.

Dans le doute, le médecin du club lança les gants dans sa sacoche, se désinfecta les mains à l'aide de gel hydroalcoolique, puis il s'empara d'une autre paire, transparente.

— Des gants en vinyle, expliqua-t-il.

Quand il sortit une pince pour relever les cheveux de Pearl, puis le nécessaire pour nettoyer la plaie, je jetai un coup d'œil à Drink. Elle n'en menait pas large.

— Tu peux sortir, si tu veux, lui dis-je en lui serrant l'épaule.

Elle secoua la tête, les pointes de ses cheveux m'effleurant le bras. Puis le doc commença son premier point.

— Non, non, c'est bon. Je gère la fougère. (Je la sentis détailler mon profil.) Ça ne se voit pas ?

— Pas trop, répondis-je honnêtement. Tu es blanche comme un cul.

— Ah, fit-elle en faisant la moue. (Une pause.) Et pour Blow...

— Ouais ?

Voyant qu'elle hésitait à continuer, je détournai le regard de Pearl pour le poser sur ma sœur.

— Il ne va pas mourir, hein ? me demanda-t-elle d'une petite voix.

Pas dans l'immédiat. Fallait-il lui dire de cette manière ? Avant de pouvoir se prononcer, il fallait surtout qu'il arrête de déconner en s'injectant ses merdes. Il suffirait d'une seule dose un peu trop forte... Non, je refusai d'envisager cette option. Au lieu de ça, je dis :

— Il ne va pas mourir, Drink. Hadès n'a pas prévu de venir chercher un Tears avant bien longtemps, crois-moi. Et ta copine non plus.

Si j'avais su à quel point cette phrase serait mise à mal, je me la serais fermée.

The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now