Chapitre 5 (2/4)

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Nix 

Un bruit de verre brisé résonna, et nous tournâmes tous le regard vers la furie coincée derrière le bar.

— Laisse-moi. Passer. (Quand Drink commençait à séparer les mots d'une phrase, c'était qu'elle était bien énervée. Au point que même un sourd l'aurait compris.) Ou. Je. Te. Coupe. Le. Zizi.

Bloquée par Dead, ma sœur fulminait. Voulant à tout prix rejoindre son amie blessée, Drink sauta pour escalader le comptoir, mais Dead la rattrapa en l'attrapant par la taille. Ça ne me plut absolument pas de voir un homme la tenir de cette manière, et je gonflai les narines en inspirant profondément. La tenant contre lui, il essaya de suivre les autres pour quitter la pièce, mais elle se débattait comme une tigresse, lui martelant le torse de ses poings minuscules.

Tandis que la pièce se vidait de ses occupants, je croisai le regard désespéré de Dead, qui essayait de faire sortir cette furie de la pièce. Je l'avais assigné au rôle de garde du corps pour la soirée en sachant que Blow était hors-jeu pour un bon moment, et il s'était très bien démerdé. D'un mouvement de tête, je lui fis comprendre qu'il pouvait la laisser nous rejoindre. Sans un mot, il sortit en dernier, refermant la porte du bar derrière lui. Comme il n'était encore que prospect, il savait qu'il n'avait pas à assister à ce qui allait suivre.

Drink se précipita sur nous, et elle observa sa copine d'un œil inquiet. Je resserrai mon étreinte, et me tournai vers Scar et les deux investigateurs de cette bagarre générale. C'était Dead qui nous avait prévenu, par téléphone. Mais même sans son intervention, nous aurions su qu'il se passait quelque chose, au bordel qu'ils avaient foutu.

— Scar, tu es le sergent d'arme, c'est toi qui gères, lui dis-je.

Son rôle était de gérer et d'approvisionner les Tears en armes, mais il lui arrivait aussi de faire le policier lors des réunions, ou comme ici, quand une situation dégénérait.

À mon injonction, un sourire cruel étira ses traits. Je savais à quoi il pensait. À une punition qu'il jugerait correcte – et qui s'avérerait abominable pour un autre que lui. Douchant un peu ses ardeurs, je lui rappelai :

— N'oublie pas qu'ils sont des nôtres.

Son rictus disparut, ses lèvres retrouvèrent leur pli dur habituel, et il renifla. Bien, pensai-je. Il avait compris. Ça ne lui plaisait apparemment pas, mais le Tears avait pigé.

Quelques minutes plus tard, Scar avait ramassé les deux cons et s'était éclipsé pour leur octroyer une bonne correction. On ne foutait pas le bordel dans mon club pour une raison injustifiée. Et être éméché n'excusait en rien leurs actes, merde.

Je baissai le regard sur la gamine. Ses yeux étaient agités sous ses paupières. Passant un bras sous ses genoux, je raffermis ma prise sur elle. Drink s'approcha et essaya de la réveiller à coup de petites gifles.

— Poulette ? l'appela-t-elle d'une voix tremblante. Tu m'entends ? Le danger est parti maintenant, tu peux te réveiller...

Quand ma sœur me jeta un regard implorant, je me sentis comme une merde de ne rien pouvoir faire de plus. D'un mouvement de tête, je lui désignai la porte qui menait à mon bureau.

— On va la mettre par-là.

Dans un sursaut, elle se précita pour ouvrir la porte où il était écrit « PRIVÉ ». Le logo du club était gravé dans le bois. Elle s'aplatit contre le mur pour me laisser passer, et je commençai à monter les marches qui menaient à l'étage supérieur. J'entendis la lourde porte en bois se refermer, puis les talons de Drink résonner contre les vieilles planches tandis qu'elle suivait le mouvement.

— Tu t'y prends comme un manche, espèce d'âne bâté, grogna Drink quand je cognai par inadvertance la tête de Pearl contre le mur.

Mes mains étant prises, je m'arrêtai devant le dernier rempart qui entourait mon lieu secret ; le code pour ouvrir la porte blindée. Seuls mes lieutenants et ma sœur le connaissait. 1503. Et parmi eux, Blow était l'unique personne à avoir la signification de ce nombre en tête – nous l'avions élaboré tous les deux, quand nous étions de jeunes rebelles. Les Devil's Tears ne dataient pas d'hier.

Quatre bip se firent entendre quand Drink tapa le code sur le boitier métallique, puis la porte s'ouvrit dans un chuintement que je trouvais toujours agréable.

Merde. C'est en voyant Blow allongé sur le canapé que je sus avoir merdé. 

The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon