Chapitre 7 (2/3)

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J'eus un léger mouvement de recul. Hein ? J'avais mal entendu. Forcément.

— J'ai pas compris.

— J'ai envie de faire pipi, dit-elle un poil plus fort, un air gêné sur le visage.

La lumière de la lampe n'était pas assez forte pour bien voir, mais j'étais certain qu'une rougeur était apparue sur ses joues.

Je me déplaçai sur le côté et lui indiquai le chemin de la salle de bain d'un geste, un peu dérouté. Les filles qui se retrouvaient dans mon lit n'avaient jamais eu cette expression soulagée en sortant de mon lit. Libérée, Pearl fut sur ses pieds d'un bond, et elle s'engouffra aussitôt dans la pièce attenante.

Toujours appuyé sur un coude, je ne pus que regarder le léger balancement de ses fesses, qui se devinaient aisément sous le T-shirt. Dès qu'elle franchit le seuil en fermant le verrou derrière elle, et que sa silhouette disparut de ma vue, je sortis à mon tour du lit, avec en tête l'idée de ranger le couteau que j'avais jeté au sol plus tôt. Malheureusement, je n'eus pas cette possibilité.

Après une exclamation étouffée, amplifiée par la résonnance de la salle de bain, j'entendis la porte s'ouvrir sans douceur. Aussitôt, Pearl se découpa dans le chambranle. D'un mouvement sec du pied, je fis glisser l'arme sous le lit. Les sourcils froncés et les lèvres pincées, elle avait l'air contrariée. D'une voix presque trop neutre, elle demanda :

— C'est toi qui as retiré mes vêtements ?

Au lieu de répondre, je l'observai. À mesure que les secondes défilaient, son masque de maîtrise se craquela. Pour un œil avisé, les failles apparurent.

J'étais un œil avisé.

Alors je m'engouffrai aussitôt dans les brèches.

— Qu'est-ce qui te faire dire ça, Pearl ?

Je la vis prendre une brève inspiration. Une pensée impromptue dansa une fraction de seconde dans mon esprit : j'aimais prononcer son prénom. Pearl. Il dansait bien sur ma langue, comme un vieux whisky après une longue journée.

Je la vis déglutir, puis elle répliqua :

— Je suis seule avec toi, dans une chambre que je ne connais pas. Je porte un T-shirt qui ne m'appartient pas. (Malgré son self-control apparent, sa voix commençait à trembler.) J'ai encore mes sous-vêtements, et Drink n'est pas là. (Légère pause.) Si Drink m'avait retiré mes vêtements, elle m'aurait retiré mon soutien-gorge.

Je haussai un sourcil. À elle de l'interpréter comme elle le voulait.

— Tiens donc...

Probablement mal à l'aise, elle se dandina sur ses pieds. Je laissai le silence s'étirer, j'appréciai voir ses joues se colorer. Pour une obscure raison, j'aimais voir qu'elle ne parvenait pas à rester stoïque, imperturbable devant moi. Croisant les bras sur la poitrine, elle meubla comme elle put la quiétude de la chambre.

— Elle n'arrête pas de dire que c'est très inconfortable de dormir avec. À cause des baleines.

Je sentis un muscle de mon visage étirer un coin de mes lèvres.

— Il n'y a aucune baleine sur le tien, lançai-je.

J'avais mâté ce putain de morceau de tissu sous toutes les coutures. Dire qu'il n'y avait aucune baleine sur ce machin était une vérité. À mes mots, Pearl devint de la même couleur que celle de sa petite culotte si sexy.

Je m'attendais à ce qu'elle me demande pourquoi j'avais fait ça, mais elle n'en fit rien. Sans bruit, je m'approchai d'elle, attrapant au passage ses lunettes posées sur la table de chevet. Dans la pénombre, avec la lampe de chevet dans mon dos pour seule source de lumière, je ne devais qu'être une ombre. Une ombre menaçante. Là encore, je pensais qu'elle allait reculer ou baisser le regard, mais elle fit l'inverse : elle leva le menton et redressa les épaules.

Je m'arrêtai à quelquescentimètres d'elle. 

The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now