Chapitre 7 (1/3)

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Nix

Avant même d'être pleinement réveillé, je sus qu'il y avait une autre présence dans la chambre. J'entrouvris les yeux, les sens aux aguets. La pénombre de la pièce indiquait qu'il faisait encore nuit. Ça ne fait pas longtemps que je dors.

Dans ce genre de situation, la meilleure des options consistait à jouer au débile complet ; continuer à faire ce que l'on était en train de faire, comme si on ne savait pas que l'ennemi était là. Autrement dit, je m'obligeai à conserver une respiration lente, celle de celui qui dort profondément, et je poussai même le vice jusqu'à marmonner quelques mots incompréhensibles.

L'intrus s'immobilisa.

Au bout de quelques minutes, je fis mine de m'étirer, repoussant les draps à mes pieds, comme mû d'un excès de chaleur. Libéré de ce qui ne ferait que m'handicaper quand nous en viendront aux mains, mon cœur se mit à battre un peu plus vite, l'adrénaline courant dans mes veines. Qu'il vienne, ce connard, j'étais prêt à lui en retourner une.

En sentant un côté du matelas s'affaisser légèrement, je me préparai à la lutte. Le gars devait avoir posé un genou sur le lit. Avec l'envie grandissante de le virer de là, je guettai le moindre signe, le moindre son. Il était silencieux, bordel. Aucun cliquetis d'arme que l'on charge, pas de sifflement typique d'une lame qui sort de son fourreau. Rien.

Ma main glissa sous mon oreiller et se referma autour de mon couteau Ka-Bar. J'aurais pu chopper le Smith & Wesson qui ne quittait jamais le tiroir de ma table de nuit, mais il fallait faire le mort, rester discret – et lever son bras pour attraper une arme dans un tiroir ne l'était pas tellement.

Mon cerveau fonctionnait à plein régime. Est-ce qu'un Black Angel avait pu s'infiltrer jusqu'ici ? Mais par quels moyens ? Je me souvenais parfaitement avoir fermé le verrou de ma chambre hier soir.

L'ennemi bougea légèrement à mes côtés, et je l'entendis déglutir. Quel con. On ne s'en prenait pas impunément à un Tears. Au moment où il fit un mouvement dans ma direction, je le pris par surprise. La main fermement serrée autour du couteau, je roulai en une seconde sur lui, plaquant la lame sous sa gorge. J'aurais pu le buter directement, sans même voir son visage, mais l'absence de résistance m'interpela.

Quand la ruse de l'adversaire se retourne contre lui, il ne reste pas inactif. Question de logique et d'ego. Il est surpris, énervé ou même terrifié. Mais une chose était sûre : il ne restait pas amorphe.

— Au moindre mouvement, je t'égorge, crachai-je.

Un couinement aigu me répondit. C'est à ce son que je pris conscience que le corps sur lequel j'étais allongé était étrangement féminin. De même que l'odeur qui s'en dégageait. Mes sourcils se froncèrent.

Tout en gardant la lame contre la peau, je tendis une main pour allumer la lampe de chevet.

Les yeux verts qui me fixèrent avec effroi me firent perdre la prise que j'avais sur la garde du couteau. Putain de merde. Je n'avais jamais eu les mains moites en tenant une arme. Jamais.

Pearl.

En un clin d'œil, je jetai le couteau sur le côté, me maudissant devant le vacarme qu'il fit en touchant le sol. Dans la même seconde, je fis passer mon poids sur mon avant-bras pour cesser de peser sur son petit corps, la soirée me revenant à l'esprit comme un train lancé à pleine vitesse contre un mur.

À son regard quelque peu désorienté, je supposai que Pearl se demandait plutôt ce qu'elle faisait ici, et non pourquoi un gars en boxer avait failli l'égorger. Avec un peu de chance, elle ne s'est rendue compte de rien.

— Tu vas bien ?

Je vis son regard se faire plus précis, et je pus dire exactement le moment où elle me reconnut. L'étincelle de peur qui remplaça celle de la confusion me laissa perplexe. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour instaurer la crainte dans ses yeux ? Je ne lui avais fait aucun mal. J'avais même appelé un médecin pour elle, merde. Alors qu'elle n'était pas des nôtres, que je ne la connaissais pas !

Je répétai ma question. Au son de ma voix, Pearl sursauta, et son genou percuta ma hanche. Un air de pur panique se dessina aussitôt sur ses traits. Pourquoi ?

Attendant une réponse qui ne venait pas, je haussai un sourcil, et elle hocha la tête. Elle ne va pas parler ? À l'instant où je me fis cette réflexion, elle s'humecta les lèvres, et je rivai mes yeux à ce mouvement. Quand elle ouvrit la bouche, je n'étais pas prêt. D'une voix rauque, presque soufflée, elle dit :

— Pipi.

The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu