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« Je suis désolé Hélio, mais c'est hors de question ! annonce Nérée tandis que nous reprenons ensemble le chemin vers le campement.

- Mais pourquoi ? s'indigne le garçon. Puisque je vous dis que c'est le seul moyen de rejoindre notre île !

- Peut-être, mais le simple fait d'imaginer entrer dans ce trou béant est suicidaire, explique Meredith avec son tact habituel.

- N'importe quoi ! C'est Mère la Terre qui nous y envoie, il ne peut donc rien nous arriver là-bas : elle nous protégera.

- Hélio, c'est non, tranche Moran.

- Mais...

- Il n'y a pas de « mais ». D'accord tu as trouvé une grotte. D'accord elle a tout l'air de mener quelque part, mais l'histoire s'arrête là. »

Le ton sans appel du vieil homme est le même que celui que prendrait un père pour réprimander son enfant désobéissant. D'ailleurs, Hélio baisse les yeux comme aurait pu le faire le bambin en question. De l'extérieur, on pourrait les prendre pour deux membres d'une même famille, mais au fond n'est-ce pas un peu le cas ?

Nous arrivons à la lisière de la forêt et les contours de la cabane où nous séjournons se dessinent au milieu des rayons du soleil de fin d'après-midi. Les adultes, mécontents du dérangement occasionné par la découverte d'Hélio, se dépêchent vers celle-ci, nous laissant seuls, Dylan, Hélio et moi.

« Alors là mec, bien joué, lâche le plus vieux de nous trois. Tu as réussi à mettre tout le monde sans dessus dessous plus rapidement que je ne t'en aurais cru capable !

- Ta gueule, Dylan. Tu sais très bien que j'ai raison. Vous le savez tous, mais vous avez trop peur d'oser l'avouer.

- Mais oui, c'est ça. Arrête un peu de rêver et redescends sur Terre mon vieux ! On ne vit pas dans un conte de fées ! L'aide sortie de nulle part et les solutions miracles, ça n'existe pas.

- Oui, mais les passages souterrains entre les îles, si !

- Hélio, interviens-je d'une voix presque suppliante. S'il te plaît... Dylan a raison, on ne peut...

Il ricane.

- C'est ça, Dylan a toujours raison ! Et moi je ne suis que le pauvre débile de service qui n'est pas fichu de regarder les choses en face. Vous savez quoi ? J'en ai assez. Si vous ne voulez pas me suivre, libre à vous, mais vous ne pourrez pas m'empêcher d'y aller, moi, dans ces abrutis de tunnels ! Je vais d'ailleurs préparer mon sac de ce pas. Je ne veux pas perdre une minute de plus à discuter avec des gens aussi bornés que vous !

- Non mais je n'y crois pas, c'est nous qui sommes bornés maintenant, marmonne Dylan tandis qu'Hélio nous abandonne pour rejoindre à grands pas nos aînés.

- Hélio, attends ! »

Mais il ne m'écoute pas. Il s'engouffre dans la cabane avec tellement de hargne que même de là où je me trouve, je sens le sang bouillir dans ses veines. Je cours le rejoindre. Il faut que je l'arrête avant qu'il ne commette un acte stupide ou dangereux.

Au moment où je le rejoins, il est déjà en train de ressortir du dortoir, fourrant quelques vêtements dans sa sacoche de toile. Je lui attrape le bras, mais il se dégage brusquement, attrape des morceaux de viande séchée exposés sur une pierre au soleil et s'en retourne de là d'où nous venons.

J'essaye une fois de plus de le retenir, mais Dylan me saisit par les hanches lorsque je passe à sa hauteur afin de m'en empêcher. Je pourrais lui en vouloir de chercher ainsi à m'imposer sa volonté, mais le désespoir qui grandit en moi est trop grand pour que je ne puisse me concentrer sur autre chose. Je crie le nom d'Hélio. Une fois. Deux fois. Trois fois. En vain. Il est déjà trop loin pour pouvoir m'entendre, si tant soit peu qu'il le veuille.

.・✭ Les Oubliés de l'OcéanWhere stories live. Discover now