.・✭ Les Oubliés de l'Océan

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Tanguy et Afra nous réveillent à ce qu'ils considèrent comme étant l'aube. Après un chiche petit déjeuner, Hélio et moi rassemblons nos affaires qui, heureusement, n'ont pas été éparpillées dans tous les sens. Notre plan indique que seul lui et moi rentrerons au village. 

Les autres vont pour le moment se contenter de nous accompagner, avant de revenir ici. Victor, bien que sa mère ait tout fait pour qu'il soit toujours en train de dormir lors de notre départ, est sur pieds depuis presque aussi longtemps que nous. Il a commencé par refuser de me laisser m'en aller, puis par pleurer et enfin par m'aider à faire mon sac après que je lui ai promis de revenir le voir dès que possible.

« Dépêchez-vous, si nous voulons avoir une chance d'arriver à l'heure que vous vous êtes fixée, nous dit Tanguy qui court des uns aux autres pour nous donner des instructions.

- Je peux venir jusqu'à la sortie avec vous ? implore Victor à l'adresse de son père.

Ce dernier jette un coup d'œil qui en dit long sur la jambe défaillante de l'enfant avant de lui expliquer que, pour des raisons de discrétion, nous ne pouvons pas nous permettre d'être trop nombreux.

- Mais pourquoi c'est à moi de rester dans ce cas ? Les copains de Mila peuvent bien le faire à ma place !

- Parce que le campement a besoin d'un guerrier sans peurs ni reproches pour le protéger, lui expliquer Dylan.

- Je ne suis pas ce genre de guerrier, moi. J'ai peur des serpents. Et de lui aussi, là.

Il pointe Mériadec du doigt. Celui-ci lève un sourcil menaçant, mais Dylan ne se démonte pas.

- Victor, ça veut dire vainqueur, non ?

- C'est ce que maman me dit en tous cas.

- Eh bien tu vois, c'est un signe ! Ça veut dire que tu es plus fort que les méchants, et que c'est toi qui gagneras contre eux. »

Victor semble un peu rassuré. Il adresse un grand sourire à mon petit ami, puis relève le menton en signe de défi à l'attention de Mériadec. Tout le monde rit. 

J'embrasse Afra et Maharischa – que son père a également interdit de venir afin d'éviter de rendre son frère jaloux – puis serre brièvement Victor dans mes bras. Les autres m'imitent ou se contentent de signe de la main, puis nous voilà tous en route.

»»——⍟——««

Nous arrivons. Enfin. Le tunnel dans lequel nous évoluons depuis des jours et des jours touche enfin à sa fin. Je sens un courant d'air frais me lécher le visage. C'est si bon. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas respiré pleinement. 

De plus, le chemin du campement à ici s'est révélé infiniment plus long et pénible que ce que je ne m'étais imaginé. Mon corps entier est à bout. Mes cuisses sont courbaturées, mes yeux fatigués par l'obscurité ambiante et mes pieds rouges et enflés. 

Les chaussures aux semelles fines que j'avais en entrant dans cette grotte sont les mêmes que celles que j'ai emportées lorsque j'ai quitté l'île, les seules donc que j'avais sous la main pour me lancer dans ce voyage. J'étais censée ne les utiliser que pendant le temps d'un voyage en mer, et elles ne sont clairement pas conçues pour les grandes randonnées sur un sol irrégulier et rocheux. Résultat : elles ont fini par s'user à tel point que j'ai été obligée de les abandonner en cours de route. 

Perdue dans mes pensées, je ne prête plus guère attention à ce qui se passe devant moi quand soudain, je percute quelque chose.

« Eh, fais un peu attention d'où tu mets les pieds, me rabroue Dylan en se massant l'arrière de la tête, là où mon front l'a cogné.