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Nous ressortons une demi-heure plus tard, changés et débarbouillés pour la première fois depuis notre arrivée sur la Feather. Nous avons trempé nos vêtements dans une bassine d'eau bouillante afin d'ôter le sel et les traces d'algues qui s'y étaient incrustés avant de les étendre sur une corde tendue tant bien que mal entre deux petites étagères de bambou. 

Nous avons retrouvé les sacoches en cuire que nous avions emportées pour le voyage en bateau dans un coin de la cabane. Je ne sais pas par quel miracle ils se sont retrouvés ici mais ne voudrais pour rien au monde m'abaisser à le demander à notre hôte. 

Ce dernier se lève de son tabouret en nous voyant arriver. Je tente de l'ignorer mais mon regard finit par croiser le sien. Il a l'air sincèrement peiné par mon comportement. Hélio m'attrape le bras et me force à m'avancer. 

Sans un mot, le vieux se perche en avant et nous tend à chacun une sorte d'écuelle, plus proche d'une gamelle pour chiens que d'une assiette, mais propre. Il les remplit ensuite du même genre de soupe que celle qu'il nous servait lorsque nous étions encore convalescents, à la différence près que flottent dans celle-ci d'étranges morceaux brunâtres.

« J'y ai ajouté quelques pommes de terre. Profitez-en : ce sont les dernières. Mon plan s'est éteint l'hiver dernier et je n'ai plus ni fruits, ni légumes dignes de ce nom à vous offrir. »

Je porte le bol à mes lèvres en retenant un haut-le-cœur devant l'odeur nauséabonde qui s'en échappe. Je me bouche le nez et prend une gorgée. A ma grande surprise, le mélange n'est pas si mauvais qu'il en a l'air à première vue. 

Il est même plutôt bon, ce que je me retiens bien de faire remarquer. Après avoir fini nos gamelles, Hélio et moi allons nous installer à l'ombre de la cabane pour tâcher de discerner notre île dans le lointain. Cela ne sert pas à grand-chose mais a le mérite de nous changer un peu les idées.

« Là, regardes ! Je suis sûre que c'est ça ! m'écris-je soudain en désignant de l'index un point bien trop petit pour pouvoir être identifiable.

- Je ne crois pas, me détrompe le garçon d'un ton absent. Elle n'est pas assez immobile.

- Mais c'est nous qui bougeons ! » Comme il s'abstient de répondre, je me penche vers lui et lui demande, beaucoup plus sérieuse tout-à-coup :

« Quelque chose ne va pas ?

- Non. Enfin si, plein de choses mais ce n'est pas ce à quoi je pense maintenant.

- Alors tu penses à quoi ?

- Au fait que je trouve que ce que tu es en train de faire est mal.

- Tout ce que je fais en ce moment, c'est te regarder. Est-ce un crime ?

- Mila, ne fais pas l'idiote ! Tu sais très bien de quoi je veux parler ! s'énerve-t-il.

- Et bien non, figures-toi ! Je ne suis pas encore télépathe et j'apprécierais que tu évites de m'insulter, lui rétorqué-je sur le même ton.

- Depuis qu'on l'a rencontré, tu traites Moran comme s'il était responsable de notre situation.

- N'importe quoi ! Et puis c'est qui ce Moran, d'abord ?!

- Devine. Qui cela peut-il bien être ? On n'est pas mille sur cette île ! Mais on s'éloigne du sujet. Il n'y est pour rien si nous avons fait naufrage, il n'y est pour rien si les gens que nous aimons sont morts, il n'y est pour rien si tes parents sont des traîtres ! »

A ses mots, je me redresse d'un bond et lui colle la claque la plus retentissante que je n'ai jamais donnée de toute ma vie avant de tourner les talons et de m'éloigner de lui à grande enjambées furieuses.

.・✭ Les Oubliés de l'OcéanHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin