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J'ai toujours détesté cette impression de paresse que l'on a au réveil, juste après avoir ouvert les yeux. La bouche pâteuse, les cheveux en bataille et les yeux que la lumière rend aveugles. Mais quand nous savons qu'une bonne journée nous attend, surmonter tous ses petits désagréments n'est pas bien compliqué.

Quand en revanche, comme dans mon cas, l'avenir est si incertain que l'on n'est même pas sûrs de savoir où l'on ne se trouve ni ce que l'on va faire le lendemain, croyez-moi, ce n'est pas simple.

Roulée en boule sur la plage, une légère brise soufflant sur mon visage, je prends mon courage à deux mains et ouvre les paupières. Il fait déjà jour. Les autres sont assis en cercle un peu plus loin et ont l'air plongés dans une discussion très animée.

Je me lève et vais les rejoindre après avoir attrapé une veste dans ma besace. Dylan et Nérée lèvent le nez vers moi pour me saluer pendant que je prends place entre Meredith et Moran. Je tâche ensuite de prendre le fil de leur conversation.

« Moran a raison, scande Meredith. Nous ne pouvons pas nous laisser abattre ! Ce n'est pas parce que le monde entier semble contre nous que nous devons renoncer. Nous sommes les Oubliés - gardez cela bien en tête - et ce n'est pas pour rien. Si nous sommes ici c'est que nous avons forcément fait quelque chose qui a déplu à Venceslas, ce qui prouve que nous ne sommes pas comme les autres moutons de l'île qui le suivent sans rien dire. Nous savons ce qui est juste et nous nous battrons pour que les autres le reconnaissent ! »

La jeune femme blonde a une lueur sauvage dans le regard, presque animale. En cet instant, elle me fait un peu peur. Je n'en montre rien pourtant, et mes camarades acclament ses paroles guerrières.

Vient ensuite le moment où tout le monde tente de renchérir quelque chose ayant la même prestance mais qui ne fait que s'ajouter au tintamarre des voix surexcitées. Cette situation me désespère. J'ai l'impression de me retrouver face à une classe de moins de cinq ans.

N'empêche, cet enthousiasme général a tout de même du bon : les adultes décident de reprendre notre vie en main et de s'atteler à la construction d'un campement. Avant cela, Nérée, le chef prédéfini de notre groupe, nous envoie tous dans différents coins de l'île afin de faire un petit repérage, histoire de voir si rien ne nous a échappé dans la pénombre de la veille.

Chacun de nous revient bredouille, à part Mériadec qui assure avoir trouvé un coin adapté à nos besoins pour établir notre base. Il a raison, et l'endroit qu'il nous a déniché ressemble plus à un petit paradis qu'à l'île déserte sur laquelle nous avons lamentablement échoué.

Pendant le reste de la journée, nous nous activons à rassembler toutes sortes de matériaux susceptibles de nous permettre de construire une cabane suffisamment grande pour nous accueillir tous les dix. Tronc d'arbres morts, feuillages, bandes d'écorce... Tout y passe.

Je suis plutôt satisfaite du travail que j'ai accompli ; je n'ai pas chômé. Malheureusement, cela n'a pas dû suffire à convaincre Moran, Mériadec et Envel que je suis digne de les aider à la construction en elle-même. Ils me chassent sans ménagement ainsi que Dylan et Hélio, prétextant « qu'ils n'ont pas besoin de marmots dans leurs pattes pour leur compliquer la tâche ».

Comme ils n'ont pas l'air de très bonne humeur, nous préférons ne pas insister. Et puis de toutes façons, un peu de repos n'est pas de refus. Je propose aux garçons d'aller nous baigner de l'autre côté de l'île, et comme ni l'un ni l'autre n'a de meilleure idée, ils acceptent de me suive.

L'eau est fraîche mais une fois dedans, on ne le sent presque plus. Je m'éloigne à petits pas de la berge puis, une fois arrivée à une profondeur respectable, je me retourne. Dylan et Hélio ont seulement les pieds dans l'eau et se dévisagent avec mépris. Ils semblent attendre que l'autre passe avant eux avant de venir me rejoindre.

.・✭ Les Oubliés de l'OcéanTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang