.・✭ Les Oubliés de l'Océan

☆.｡.:* 18 .｡.:*☆

Je suis heureuse. Vraiment. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti pareil bonheur. J'ai l'impression de flotter sur un petit nuage, que rien ni personne ne pourra venir me faire sortir de cette bulle d'insouciance et d'euphorie.

Je suis sur les rives du petit ruisseau d'eau douce et je remplis comme je peux un seau de fortune réalisé à partir d'un morceau de bois creux. Quelqu'un s'approche de moi et écartant bruyamment les branches d'arbres qui bouchent le passage.

« Tu y arrives ? me demande une voix qui fait s'affoler mon petit cœur amoureux.

- Plutôt, oui mais je ne te cache pas que je galère un peu.

Dylan sourit et se penche vers moi pour me déposer un petit bisou dans le cou.

- Je ne sais vraiment pas comment tu fais pour sentir aussi bon en vivant comme tu vis, dit-il en jouant avec une mèche qui dépasse de ma tresse.

- Eh ! Laisse mes cheveux tranquilles !

- Comme tu voudras, princesse ! »

Là-dessus, il envoie d'une pichenette mes cheveux me fouetter le nez. Je grogne et me jette contre lui pour lui pincer les joues en retour. Hélas, je ne suis décidément pas assez puissante et je me retrouve bien vite allongée dans l'herbe, Dylan au-dessus de moi à couvrir mes lèvres de baisers passionnés.

Je suis tellement bien en cet instant que j'en oublie que nous ne sommes pas seuls sur l'île. Un bruit étrange, proche du borborygme me fait redescendre sur terre. Je relève la tête pour constater qu'il provient tout droit de la gorge d'Hélio qui nous fixe, debout à la lisière de la forêt. Il a l'air en état de choc.

Dylan se redresse en une position plus décente et rit, à la fois gêné et amusé par la situation. Personnellement, je n'y vois rien de drôle, surtout lorsqu'Hélio tourne les talons et s'en va sans demander son reste. Je lis dans sa démarche lourde et traînante que quelque chose ne va pas. J'esquisse un mouvement pour me lever aller le rattraper mais mon tout nouveau petit-ami me retient par le bras.

« Laisse, il s'en remettra. Si on reprenait plutôt là où on en était ? »

Et on passe le reste de la matinée à s'embrasser, dans les bras l'un de l'autre, sur l'herbe humide de rosée que le soleil finit par évaporer dans l'air.

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Quand nous revenons vers le reste du groupe, nos seaux de fortune dans les mains, nous remarquons immédiatement l'agitation qui l'anime. Personne ne nous fait de commentaire sur notre retard, Moran et Envel ne nous raillent pas sur l'objet de notre disparition, Anthia ne vient pas m'inonder de son flot de paroles habituel.

Au lieu de tout cela, nos amis se pressent autour de quelque chose que nous ne pouvons pas voir et qui se trouve vraisemblablement sur la plage. Intrigués, Dylan et moi nous approchons. Nous atteignons rapidement la hauteur de Meredith qui fait les cent pas d'un air anxieux et l'interrogeons sur la raison de tout cet affolement.

Elle cesse ses allers-retours et nous regarde sans nous voir, les yeux perdus dans l'immensité de la mer derrière nous. Un tic nerveux agite sa paupière droite, signe qu'elle est vraiment chamboulée par les évènements. Et ce n'est pas pour me rassurer.

« On a des nouvelles de Jason, nous crie Envel par-dessus son épaule. Il vient de nous envoyer une tortue. Il va bien. La situation au village est en train de se stabiliser petit à petit et Venceslas fait de son mieux pour tâcher de faire oublier aux habitants de l'île le drame qu'ils ont vécu, bien qu'il soit lui-même profondément meurtri. Jason veut aussi savoir où nous en sommes dans nos projets d'évasion et s'il peut nous aider de quelconque façon. Malheureusement, nous n'avons pas de quoi lui répondre et j'ai bien peur qu'il ne finisse par nous croire morts si nous ne l'informons pas très vite du contraire. »