💎Demain, c'est son anniversaire💎

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"Ce n'était pas pour toujours, ce n'était pas pour un jour, ce n'était que pour un temps, mais pourquoi fut-il si court ?"


Elle n'attendait pas grand chose de la vie. Elle vivait simplement, sans réellement s'occuper du lendemain. Finalement, c'est le hasard qui allait décider de son avenir. Ils s'étaient ainsi rencontré, comme des amis d'amis. Ils étaient devenus de ces gens qu'on fréquente, de temps en temps, de ceux que l'on salue lorsqu'on les croise. Il n'y avait guère de discussions entre eux, mais peu à peu, à force de se côtoyer, un dialogue s'est installé. Les mots ordinaires, les petites anecdotes d'un quotidien banal...

Il avait développé des sentiments pour elle, il lui disait souvent, de façon un peu indirecte, lui envoyait des petits messages, des mots gentils. Des mots que l'on aime recevoir. Elle repoussait ses avances. Ils étaient encore jeunes, ils avaient la vie pour changer. Ils continuaient à se voir, à se parler. Jusqu'au jour où elle comprit un fait indéniable. Il hantait ses pensées, ses rêves. Cela la tourmentait, encore et encore. Ils continuaient à s'échanger les mêmes mots, mais ils n'avaient plus la même signification. Pourquoi devaient-ils avoir un sens particulier ? Les mots n'étaient-ils pas, après tout, que des mots ?

Alors peu à peu, elle céda à ces mots, à ses mots qui résonnaient en elle. Il l'aimait. Elle l'aimait. Ils s'aimaient. Alors pourquoi ne pas faire un bout de chemin ensemble ? Et elle alla à lui. Et ce fut beau.


Elle se sentait belle auprès de lui. Elle se sentait revivre. Elle se sentait aimée. Ils se virent alors une fois, rien que tous les deux. C'était très différent des fois d'avant, où ils se voyaient à peine, où ils se croisaient, où ils étaient entourés d'amis communs. C'était très différent parce qu'ils étaient seuls. Mais c'était aussi très différent parce qu'ils s'aimaient, qu'ils se l'étaient dit, qu'ils le savaient. Elle continuait de s'esquiver, bien qu'ils étaient seuls. Elle était hésitante, presque craintive. C'était si nouveau, si frais. Et c'était si bon d'exister pour un autre que soi. Il la serra dans ses bras, il la porta comme une princesse de conte et la posa auprès de lui. Les doutes s'envolent, quand on est bien. Alors doucement, timidement, il posa ses lèvres sur les siennes et leurs bouches ne firent qu'une. C'était comme s'ils avaient scellé un pacte, en silence. Leurs visages s'éloignèrent à nouveau et leurs regards se croisèrent. Un peu confuse, presque honteuse, elle détourna les yeux et, pour éviter son regard à nouveau, se blottit contre lui. Il était chaud, il était doux, c'était si bon de rester juste là, comme ça, dans les bras l'un de l'autre. Ça aurait pu durer longtemps, mais vint le départ.

Dès qu'ils le pouvaient, ils se voyaient, passaient du temps ensemble. Ils marchaient parfois, sans rien dire, main dans la main. Sa main à lui était grande et la main si minuscule de cette fille autrefois si réservée disparaissait entièrement dans son étreinte. On peut dire qu'ils formaient un étrange couple. Le géant auprès d'elle la rendait si fragile, si menue qu'elle en oubliait ses complexes. Elle était sûre d'elle désormais, sa présence la rendait plus forte, elle le sentait, elle le savait. Elle vivait comme on vit un rêve, elle suivait le cours de sa vie, auprès de celui avec qui elle voulait rester longtemps, très longtemps. Elle avait besoin d'être auprès de lui, dès qu'ils se séparaient, elle se sentait vidée de sa force, de son courage, de son envie. Il lui apportait de la chaleur, de la lumière, bien plus que le soleil n'aurait pu le faire.


Mais il y avait encore le hasard qui continuait de décider des choses de la vie. Et ce qu'elle redoutait arriva. Il devait partir, s'éloigner, mais pourquoi la quitter ? Elle était prête à tant pour lui, prête à partir, prête à le suivre. C'était fini, il l'avait dit. Il ne voulait pas de cette distance et alors même qu'elle souhaitait le rejoindre, il ne voulait pas. Peut-être simplement était-ce d'elle qu'il ne voulait plus ? Il s'était lassé, après avoir passé tant de temps et d'efforts à l'amadouer, il avait eu les mots, il l'avait eue, elle. Elle lui avait cédé après l'avoir tant rejeté et c'était désormais l'inverse qui se produisait. Était-ce un juste retour des choses ? Pourquoi prétendre aimer si ce n'est que pour faire pleurer ? Et ses larmes ont coulé, encore et encore. Elles roulaient le long de ses joues et tombaient sur ses feuilles, sur ses mots, sur ces mots qu'elle écrivait encore pour lui. Elle qui avait tant aimé, avait tout perdu, sa force, sa volonté, et lui.

Le temps est passé, de se lamenter de cet amour perdu et sur sa peau l'eau salée a séché. Parfois encore, ces moments gravés lui reviennent en mémoire, ils la transpercent comme des aiguilles de poison, sa gorge se serre et sa respiration est faible. Mais elle avance vers l'avenir, c'est tout ce qui lui reste. Le hasard, peut-être encore, lui réserve de nouvelles choses, de nouvelles joies et de nouvelles peines mais désormais, quoiqu'il advienne, ce fardeau jusqu'ici si lourd n'en sera que plus léger. Gardons les instants de bonheur, laissons le passé et ses méfaits. C'est fini.

Les Contes de Maya [Recueil]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant