💎Néo-Sphère💎

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C'était un bel après-midi d'été. Dans le jardin, les invités riaient aux éclats à la remarque que fit l'un d'eux en voyant Nerisael sortir de table. Bien sûr, ses amis l'aimaient beaucoup et se moquaient gentiment en lui rappelant qu'à chaque fois qu'il allait au petit coin, il prenait une éternité. Il avait l'habitude alors il haussa les épaules et rentra dans sa maison.

Soudain, un bourdonnement assourdissant retentit. Nerisael imagina une nuée d'insectes passant au-dessus de la ville. Comme dans ses pires cauchemars. Cela faisait pourtant des décennies, et même des générations entières que personnes n'avaient vu d'horribles bestioles à six pattes. Ici, à Néo-Sphère, les habitants étaient parfaitement protégés de ces affreuses créatures.

Pourtant, quand le jeune homme ressortit dans son jardin, ses amis avaient disparu. Il pensa alors que ceux-ci lui avaient fait une mauvaise blague. Après tout, selon leurs dires, "Nerisael passe une éternité dans les toilettes, on a bien le temps de vieillir". Le blondinet les chercha quelque temps, les héla, puis attrapa son téléphone – un Martshone de la dernière génération, un vrai bijou technologique qui lui avait coûté une fortune – et commença à faire sonner les appareils de ses amis. Certains sonnaient dans le vide, mais il en entendit un résonner non loin de lui. En approchant de la sonnerie, il remarqua vite qu'il n'y avait personne. Le portable était abandonné là, au beau milieu de la pelouse artificielle.

Nerisael sortit dans la rue. Habituellement, il y croisait régulièrement des promeneurs. La grande allée était parfaitement dégagée, il n'y avait pas un véhicule et il n'y avait pas non plus de voisins en train d'aller chez les uns, chez les autres. Pourtant, il n'était pas rare qu'à cette heure de la journée, les gens s'invitent à la terrasse d'à côté. Peut-être étaient-ils déjà tous installés ? Le jeune homme alla donc toquer à toutes les portes et tous les portiques qu'il croisait. Mais personne ne lui répondit jamais.

Était-ce une immense blague de tout le quartier ? Ou bien tout le monde avait-il simplement disparu ?

Le silence était pesant. On n'entendait aucun murmure, aucun écho, aucun chant d'oiseau mécanique. Il n'y avait pas non plus d'aboiement de chien-garde. Nerisael commençait sincèrement à s'inquiéter de l'ambiance générale et de ce qui avait pu arriver à ses amis. Il décida alors d'investiguer plus loin. Toujours plus loin.

Il erra dans la ville durant des heures. Sans croiser âme qui vive. Les habitants étaient tous partis. Leurs affaires étaient toujours en place. Il y avait des verres et des bouteilles à moitié bus sur les terrasses des cafés. Les néons des panneaux publicitaires continuaient de faire défiler leurs images.

Nerisael n'avait plus autant marcher depuis bien longtemps, mais les rues roulantes avaient cessé de fonctionner. Il dû s'asseoir sur le banc d'un espace vert pour reprendre son souffle. Il se trouvait pile en face du grand centre commercial de Néo-Sphère. Au-dessus de ses grandes portes vitrées, le centre accueillait le plus grand écran de toute la ville. Des animaux aujourd'hui disparus jaillissaient de la surface lumineuse. C'était tout ce qu'il restait de la faune d'autrefois. Des images de synthèse. Très belles, très bien réalisées. Mais intangibles, inodores. Finalement, ce n'était peut-être pas plus mal.

Soudain, un lion se mit à rugir au-dessus du magasin. Son rugissement était étrange, difforme. Le blondinet avait l'habitude de passer là et de l'entendre, comme l'écho lointain de temps révolus. Mais cette fois-ci, sa voix semblait éraillée. Puis il se tut. Et l'image se mit à trembler. Des morceaux se détachaient, petit à petit, des parties du fauve disparurent. En quelques instants, il n'y eut plus rien.

Nerisael se releva d'un bond. Un bourdonnement commençait à faire vibrer le sol. Le même qu'il avait cru entendre avant que ses amis ne disparaissent. En jetant un œil alentour, le jeune homme remarqua bien vite que les panneaux d'affichage ne fonctionnaient plus. Nulle part. Il n'y avait plus aucune image. Un nuage sombre apparut au-dessus des gratte-ciels. Mais il n'y avait plus de pluie depuis longtemps. À Néo-Sphère, les hommes étaient à l'abri de toutes les intempéries, grâce à son voile protecteur qui lui donnait son nom de sphère. À regarder le ciel un peu plus précisément, il sembla à Nerisael que le filtre avait disparu. Mais c'était impossible. Et même si ça avait été le cas, il serait mort depuis des heures ! L'air à l'extérieur du dôme était toxique. Tout le monde savait ça. Personne ne quittait jamais la cité, sinon, c'était pour toujours.

Les Contes de Maya [Recueil]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant