ℋ𝓪𝓻𝒆𝓶 ℛ𝒆𝓿𝒆𝓻𝓼𝒆 𝓖𝓪𝓶𝒆 ★~ 𝓱𝓪𝓻𝒆𝓶 𝔁 𝓻𝒆𝓪𝓭𝒆𝓻 [=dossier]

♫ La naissance d'une alliance ♫

« Eh bien, si j'avais su que nous nous croiserions dans une circonstance aussi fortuite. »

C'est ce que me lança Baudelaire quand il eut achevé sa performance, un peu essoufflé. Je me figeai, interdite. Laclos était toujours adossé ( carrément avachi plutôt ) sur moi, en train de délirer sur le mot "volupté" qu'il marmonnait continuellement. J'adressais au poète un signe de tête en guise d'approbation puis cherchais des yeux Lamartine qui allait peut être émerger des portes automatiques. 

« Je peux vous aider, madame l'avocate ? ( il avait traversé la route qui nous séparait, visiblement curieux )

– Ah, euh... Disons que... 

– Votre petit ami a trop bu ? m'interrogea-t-il avec des yeux inquisiteurs.

– Quoi ? Non, cet homme et moi nous connaissions à peine. Il est complètement grisé.

– Ah je vois, je suis navré, la situation portait à confusion. Il... ( il me désigna du menton, me détaillant de haut en bas ) »

Je suivis son regard. En effet, Laclos avait cessé de susurrer le même mot pour resserrer ses bras autour de moi, sa tête se nichant profondément dans mon écharpe. Cette fois, je ressentis ses expirations tranquilles presque à même ma peau, l'odeur d'alcool se mêlant à celle d'un curieux parfum féminin. Ses doigts serraient la matière épaisse de mon manteau à la manière d'un nourrisson qui aurait serré dans ses paumes l'index de sa mère. Contre tout attente, je le laissai ainsi sans broncher. On aurait dit que son visage endormi ressemblait à celui d'un gamin. Rond avec le nez rougi par le froid, des mèches tombaient nonchalamment sur ses paupières roses pâles. Il avait un visage innocent à cet instant. Pas celui d'un libertin.

« Mmh... Je ne peux pas le réveiller, il dort si paisiblement... pensais-je à voix haute.

– Vous avez donc pris congé ? ( c'était à peine perceptible mais je crus déceler une pointe de déception dans sa question )

– ( je fus ramené à la réalité, il avait reçu le message que je lui avais envoyé quelques jours plus tôt ) Tout à fait. Cela faisait longtemps. Je travaille néanmoins sur votre dossier de mon côté. Tout sera prêt pour le procès.

– D'accord. 

– ( après un silence gêné ) C'est... donc ça vos fameuses prestations publiques ?

– Tout à fait, j-

– Vous êtes qui vous, jeune...individu ? le coupa Laclos, qui s'était manifestement réveillé.

– Je vous retourne la question, second individu. rétorqua Baudelaire en détachant chaque syllabe du dernier mot.