Chapitre 35

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Cette fois-ci, j'y vais !

Chapitre 35


J'ai toujours aimé l'avion. Du moins, depuis la première fois où je suis montée dedans. Etre au dessus des nuages, voir les rayons du soleil caresser l'horizon, et l'aile de l'avion fendre l'air... Magique. J'étais donc le visage collé au hublot, faute de pouvoir passer la tête comme un chien au travers de la fenêtre ouverte d'une voiture, la langue pendante. La vue me donnait certes des paillettes dans les yeux, mais c'était également le moyen infaillible de ne pas regarder mon voisin. L'avion avait décollé depuis à peine plus d'un quart d'heure, et pourtant, je le sentais immobile, étrangement sage. Trop sage, ça ne lui ressemblait pas. D'autant que je préférais entendre sa voix, que les conversations inintéressantes et qui ne me concernaient en rien des autres passagers. 

Je me risquais un regard vers ma droite, et j'avais sûrement le même regard que les requins : dans le coin et effrayant. Raphaël, qui avait échangé sa place contre Tara pour qu'elle puisse roucouler librement avec son paon, était assis bien droit, le visage crispé.  Ses paupières scellées me cachaient ses prunelles, mais la ligne qui lui barrait le front me confirmait ce que j'avais deviné à la vue de ses poings serrés : Mr Cul D'Enfer avait peur de l'avion. 

Sa poitrine se soulevait à un rythme régulier, sa respiration contrôlée pour tenter sûrement de rester calme. Je profitais de ce moment pour l'admirer à ma guise, ce beau spécimen entièrement à ma merci. Ses cheveux sombres lui balayaient le front, et je n'avais qu'une envie : passer mes doigts entre eux, m'agripper à cette tignasse. Je suis Aphrodite coincée dans le corps d'une none. Quelle tristesse. 

Il faisait certainement parti de ces personnes qui arrivent à sentir lorsqu'un regard était posé sur eux, car, bien que n'ouvrant pas les yeux, il me dit : 

-Profites-en, pour une fois que tu me regardes sans détourner les yeux dans la seconde. 

Mamamia, cette mâchoire... Qu'avait-il dit déjà ? Mince. 

- Justement !, m'exclamais-je avec aplomb, bien que je n'avais absolument pas à quoi je répondais. 

Je n'étais ainsi pas tout à fait certaine que c'était une réponse logique, mais pour ma défense j'étais très occupée à mémoriser le moindre détail de cet Apollon. 

Cependant, je me sentais tout de même mal à l'aise d'être là, à lui baver dessus, alors qu'il n'étais visiblement pas bien. Mais que pouvais-je faire ? Ma connaissance dans le domaine médical ne dépassait pas le doliprane, alors je ne pouvais guère lui être utile dans ce cas. Je n'avais jamais non plus été en proie au mal de l'air. Je alors tentais de me rappeler un de mes malaises, ce qui était assez difficile je dois dire. Eh bien, il y avait tellement eu de moment de gêne dans ma vie, que mon cerveau était saturé. Voyons, la plus évidente... Tiens, voilà : j'ai peur des inconnus. Que faisais-je étant plus jeune pour trouver le courage de sortir et faire face à l'inconnu ? Oh, c'est vrai, je m'en souviens ! J'avais monsieur Doudou. Un adorable ourson en peluche bleue, qui restait avec moi et était le meilleur réconfort et oreiller à la fois, pour la petite que j'étais. Le seul fait de l'avoir avec moi me rassurait.D'ailleurs, il faisait toujours parti de ma vie et avait le droit de se reposer dans mon lit quand je l'y étais pas, auquel cas il repartait sur son étagère pour veiller sur moi durant la nuit. En grandissant, je m'attachais paradoxalement beaucoup aux gens. Par exemple, à Tara. Jamais je ne serais aller dans ce bar, il y a quelques jours, sans elle. Tout d'abords parce que je n'aime pas les lieux bondés, mais justement parce que je serais restée dans mon cocon habituel, mon appartement, où le silence régnait et où je contrôlais la population. Du moins, avant qu'un certain homme ne déboule dans ma vie et pénètre dans mon antre sans autorisation.   

Je cherchais le lien entre Monsieur Doudou, Tara qui me tenait sans cesse la main pour me faire sortir de ma grotte, et le réel inconfort de Raphaël. Que pouvais-je... Eureka ! Mais... Non. Ce serait de la folie. Mais si cela pouvait aider Raphael à se sentir mieux, je devrais le faire, non ? Même si rien que d'y penser, ma tension grimpait en flèche. Oui. Voilà. La solution serait de ne pas penser. Le faire aussi vite que lorsque l'on arrache un pansement. Je tentais de faire abstraction de Phoebe qui se matérialisait dans ma tête, s'enlevant un pansement d'un coup sec pour ne pas avoir mal, mais qui lâchait tout de même un petit "oh, fils de ....." à cause de la brûlure si célèbre causée par l'arrachement de poil avec le pansement. 

Oui, allez, c'est ça. C'est très simple. Je fermais les yeux, respirait calmement et profondément, et me préparais. J'aurais du me douter de quelque chose en n'entendant pas de remarque de la part de mon voisin, sachant qu'il devait forcément m'entendre puisque je faisais autant de bruit que le moteur de l'avion, mais mon bras fut plus rapide que mes neurones, et je pris sa main dans la mienne, la serrant fort. 

J'avais décidé d'être, du moins pour ce vol, son Doudou à lui. 

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Un petit chapitre cette fois-ci, et je m'en excuse ! Je me rends compte que j'écris avec beaucoup d'intervalle, mais... Je ne peux tout simplement pas faire mieux, et je ne vous oublie pas ! 

Puissiez-vous apprécier ce 35ème chapitre ! 

Qu'en pensez-vous ? ;) 

Emy 



Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant