Chapitre 13

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Cette fois-ci, j'y vais !

Chapitre 13

Si nous avions été dans une série télévisée, immanquablement le réalisateur aurait incrusté en musique de fond une chanson comme "Do You Miss It" de DD Walker. Il fait des cuts, où le spectateur aurait vu Tara et moi, en train de rire, dans divers magasins, à essayer une multitude de vêtements, de la robe rouge la plus sexy, au pantalon rétro rapiécé. Le soleil se serait incrusté à l'image, ses rayons traversant les vitres des boutiques, faisant illuminer nos visages heureux. Parce que c'était ce qui s'était passé : Tara et moi, marchant de magasins en magasins, essayant tous les vêtements qui nous plaisaient, rigolant des plus grotesques, et défilant comme si nous étions à un défilé Victoria's Secret pour les tenues aguicheuses. En somme, oui, je peux affirmer que c'était une fantastique journée.

Sortie de la dernière boutique avec tous nos sacs, nous nous décidons à aller au Hyden Park, déguster une glace en donnant des bouts de nos cornets à déguster aux écureuils et matant sans vergognes les beaux mâles courir.

Nos gourmandises en main, menthe chocolat pour moi, et fruit de la passion pour Tara, nous nous essayâmes sous un gros chêne, par chance inoccupé. A Paris, les gens cherchent une place de parking; les Anglais, beaucoup moins stressés, cherchent un arbre libre où se reposer.

Le soleil qui commençait lentement à décliner - Tara fermait toujours sa boutique le mercredi après-midi, donc on avait pu pleinement profiter de l'après-midi- offrait des teintes dorées aux feuilles. Les quelques nuages présents dans le ciel -nous étions quand même à Londres - jouaient à "Un-deux-trois-soleil!", littéralement pour le coup, arrêtant brusquement leur course de temps en temps.

Dans à peine trois heures, Raphaël toquerait à ma porte. Mais je n'y pensais pas, non. Pas le moins du monde ! Rien !

Bien sûr que si... Merde, j'avais oublié cette foutue mauvaise conscience.

Nooooooooooon, Nono n'y pense pas!

Trop tard.

Je fixai tout à coup ma glace comme si la crème glacée avait été remplacé par un globe oculaire. Très belle image, je sais. L'essentiel était là : on comprendrai parfaitement pourquoi dans une telle situation, je ne la lécherai plus, mais qu'elle me donnerait la nausée. Parce que c'était le cas actuellement. Pourquoi ? Le trac.

Tara m'avais concocté une tenue sexy mais assez confortable pour que je ne m'y sente pas mal à l'aise, et qu'elle ne fasse pas trop apprêtée, car ne l'oublions pas, mais je devais ne pas oublier que le rendez-vous pouvait ne jamais avoir lieu. Ou même être un gros traquenard. Oui, il pourrait juste être devant mon appartement, avec des amis, attendre que j'ouvre, après m'être préparée pendant des heures, me prendre en photo pour garder un souvenir du visage déconfit que serait le mien suite à cette mauvaise blague... Non, ce n'était pas que de pure spéculation, mais un amère souvenir du lycée. Alors l'expérience oblige, mais je peux devenir légèrement parano et être tétanisée lors d'événements de ce genre.

-Il te reste trois heures devant toi Nono, alors ne commence pas à stresser de bonne heure, me souffla Tara.

Elle me regardait avec compassion, et peut-être une petite envie de rire. C'est sûr qu'à regarder ma glace fondre dans le cornet et dégouliner sur ma main comme un pauvre teckel pouvait, je l'avoue, donner envie de pouffer quelques instants. Mais ayant tellement honte, j'essayais de me rattraper comme je pouvais :

-Moi ? Stresser ? Haha, n'importe quoi !, répliquais-je un peu trop fort pour être crédible, et en faisant un geste de ventilation de la main.

Pour la dignité on repassera plus tard. Il faudrait peut-être que j'apprenne à masquer mes émotions, et mieux : à les contrôler. Cela pourrait me faire éviter un tas de situations gênantes à l'avenir, ou de voir le sourcil de Tara se relever, signe qu'elle n'étais pas du tout tombée dans le panneau.

-Bien..! Donc tu va évidemment mettre ta tenue spéciale "Rendez-vous dans mon appartement" et le faire d'envie, n'est-ce-pas ?, me demanda-t-elle avec un ton taquin, qui laissait présager qu'elle connaissait déjà la réponse à sa question, à savoir :

-Euh... Hum hum.. Bien sur..

Une boule se forma dans ma gorge, à m'imaginer me préparer. Tara m'avais créer ma tenue de A jusqu'à Y, parce que j'ai ajouté ma touche Z, à cause de la clim toujours cassée qui congelait toujours mon appartement. Ça aussi, thème "Igloo" pour un... rendez-vous... c'était, je crois une première. Pour "séduire" cet Apollon, comme m'a préciser Tara, elle m'avais choisi un pantalon de même coupe qu'un jean bootcut, mais en simili cuir noir, qui me fait "les fesses les plus sexy de la planète!" selon mon amie, avec un chemisier rouge profond moulant en dentelle -avec un débardeur du même ton à bretelles dessous-. Ma touche personne ? Une veste longue, suffisamment pour ne pas axer le regard de qui que ce soit sur mon postérieur, noir, en laine large à grosse maille, pour ne pas être bleue. Un léger maquillage (un trait d'eye liner noir et un gloss transparent), un chignon effet "vite-fait",ainsi qu'un collier très fin en or à ras le cou compléterait le tout. Oui, décrit comme ça, n'importe quelle femme pourrait passer pour sublime. Encore faut-il qu'elle ne soit pas tremblante, capable de prononcer un mot, le visage et le cou rouge pivoine, et toujours en train de déglutir à cause de la gorge nouée. Là, le tableau "femme sexy mais pas trop" tombe à l'eau.

Sa glace terminée, et la mienne totalement fondue, nous partons en direction de mon appartement : Tara tient à me préparer et à tenter de me détendre avec un verre de Mojito maison avant son arrivée.

Dans le métro, les passants qui nous bousculent, mallette à la main, et coincés pour la plupart dans des costards hors de prix, affichent une envie manifeste de rentrer chez eux, de boire un verre de vin, retrouver leur famille, prendre un bain, finir de rédiger leurs contrats, préparer la réunion du lendemain... Moi, en regardant en coup éclair mon reflet dans la vitre à ma gauche, je donnais l'impression d'aller à l'échafaud. Avec cette tête là, et mes sacs de fringues à la main, on aurait sans peine pu pensé que j'étais une adolescente qui rentrait chez elle et qui allait se faire passer un savon par ses parents pour avoir fait les boutiques toute la journée. Mais avouer que cette tête me vient à la penser d'un ...rendez-vous -le mot ne parvenait toujours pas à s'inscrire de manière fluide dans mon esprit-, me ferait passer une dingue. Surtout quand on voit Pierre à feu. Quel con, mais alors quelle belle gueule.

Comme si tu n'avais bavé que sur son visage..., me susurra cette voix dans ma tête.

Pour le coup, elle a raison , la garce.

Tara restait à côté de moi, me parlait de tout et rien pour me faire penser à autre chose qu'à la soirée. C'est cool quand même d'avoir des amis comme ça avec vous. Elle parvint même à me faire rire, en me parlant de sa dernière conversation téléphonique avec sa mère. Malheureusement, le trajet fut beaucoup trop court, et nous avions déjà besoin de descendre.

Le coeur qui commençait furieusement à battre, l'envie de gigoter dans tous les sens, nous entrions, Tara et moi, le flamby, dans mon appartement. Direction "Préparation à la séduction".

Mon dieu, faites que je ne me ridiculise pas ce soir!

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Nouvelle partie, la tension monte pour Norah ! Aie, aie aie!

NB: concernant les incohérences (je pense qu'il y en a, même si c'est dans des détails, ne vous faites pas, ils vont être corrigés progressivement !

Bonne lecture ;)

Emy !

Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant