Chapitre 25

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Cette fois-ci, j'y vais !

Chapitre 25

Je me dirigeais vers mon appartement en auto-pilotée, la fatigue ayant prise l'entier contrôle de mon corps : je commençais à bailler frénétiquement, mes jambes et mes épaules étaient lourdes, et je n'étais pas vraiment capable de calculer la racine carré de l'hypothenus, à la manière d'Edward Cullen.
- Par ici, m'indiquait la voix de mon protecteur si sexy.
Sans réfléchir, je le suivis dans la rue qu'il m'indiquait, pourtant certaine qu'elle n'allait pas le plus rapidement à mon appartement. Je lui dis d'ailleurs remarquer mes inquiétudes.- j'étais prête à pleurer si je ne rentrais pas dans mon nid douillet si chaud-, mais il se contenta de faire un de ses sourires mutins, en haussant les épaules en toute innocence.
Je le suivis alors dans un dédale de rues du quartier de King's Cross, en silence, seuls dans le labyrinthe londonien, nos pas s'accordants sur le bitume, les feuilles des arbres dansant sous la légère brise.
Je resserrai mes bras autours de mon blouson, le froid de cette soirée d'automne s'insinuant sous mes vêtements et me courant sur la peau, me donnant la chair de poule. Je me mis à rêvasser de bras masculins autours de moi, pour braver le froid à ma place, un lieu qui ne serait qu'à moi, une intimité simple mais solide, qui ne me paralyserait pas de peur ou d'appréhension à la simple pensée que ces bras m'entoureraient. Quelle merde d'être.... Comme moi.
- Si tu parles de ton comportement si singulier avec les autres êtres humains, ça te rend spéciale, déclara Raphaël d'un ton qui n'appelai à aucune discussion. Mais c'est vrai que si tu parles de ton comportement maniaque vis à vis de tes livres, il est vrai que tu devrais consulter, poursuivit-il, en brisant la bulle de "mignonnetté" qu'il avait créer.
Malgré moi, je restai un peu trop attentive à la première partie de la phrase, n'ayant, d'un côté, pas l'énergie pour me batailler avec lui. Comment pouvais-je cependant, moi, être si attirée par un homme qui m'agace autant ?
-" Spéciale"? Ça c'est certain, j'ose espérer que le reste de l'humanité n'est pas comme moi..., murmurais-je.
Je marchais la tête baissée, à regarder le bouts de mes baskets passé chacun son tour devant son jumeau, derrière Raphaël, et je n'avais donc pas senti ni entendu qu'il s'était arrêté. Mon crâne entra en collision dans une masse dure, que j'identifiais rapidement être son dos, et le découvrit devant moi, les mains dans les poches, en train de me toiser de ses yeux plus noirs que jamais - en raison de la nuit qui nous entourait-, une ligne sévère lui barrant le front.
- Pourquoi ce besoin de vouloir être comme tout le monde ?, me demanda-t-il, visiblement agacé.
Moqueur, sauvage, prétentieux, et maintenant soupe au lait. Ses qualités ne faisaient qu'augmenter...
Je me sentais soudainement comme une enfant grondé par ses parents, mais j'avais à présent vingt-cinq ans, aussi trouvais-je le courage au fond de mes poches pour lui répondre, non sans me concentrer plus que de raison, pour ne pas emmêler mes mots, ni bégayer.

- Pourquoi ? T'es tu fais marcher sur les pieds parce que tu n'oses pas dire non ? Tes parents t'ont ils renié pour ne pas être dans les "codes" attendus ? T'es tu vus partir dans un pays étranger, et ne faire qu'une connaissance en trois années ? Transpires-tu ne serais-ce que pour acheter une pâtisserie ? As-tu seulement des crises d'angoisse lorsque tu dois téléphoner pour un simple renseignement ?, lui demandais-je, pour conclure à bout de souffle. Tu veux d'autres exemples, ou tu comprends l'enfer dans lequel je suis enfermé depuis toute petite ?

Je le fixai de l'air le plus brave dont j'étais capable, j'avais même opté pour les poings sur les hanches, pour mieux faire passer le message. Je devais cependant bien avouée que j'avais dû mal à ne pas me perdre dans son regard, ce dernier me surplombant, et me sondant jusqu'au tréfonds de mon âme, faisant battre mon cœur comme une adolescente en proie à son premier flirt.
Il me fixa pendant ce qui me semblait être une éternité, puis se retourna, et poursuivit son chemin, main dans les poches. Sans dire un mot.
L'avais-je.. Blessé ? Avais-je été trop dure dans ma diatribe ? Il fallait bien que je fasse tout foirer... C'était ma spécialité.
Ne sachant pas quoi faire, et ne voulant pas rester seule non plus dans cette rue en pleine nuit, je trottinais à sa poursuite, en silence, seuls mes talons raisonnants sur les pavés.
Raphaël ne ralentissait pas, et marchait à présent à grande enjambées, vers un lieu qui m'étais inconnu. Harassée, je commençais à me dire que je ferais mieux de revenir sur nos pas, et de prendre la direction de mon appartement. Peut-être Raphaël voulait-il être seul, du moins sans moi. Je me tournais, prête à partir sans un mot, trop dans l'embarras pour trouver quoi dire, lorsqu'il parla enfin:

- Où vas-tu ?

Je me mis face à lui, prête à m'excuser et partir, mais cela aurait été trop facile. Une autre femme aurait pu le faire. Moi, non. A la place, je rougissais, nouais mes doigts et tentais de faire sortir des sons audibles de ma gorge, mon larynx étant subitement serré :

- Eh bien... Je.. J'allais rentrer chez moi.

- Pourquoi ?

Euh, eh bien je suis fatiguée, je t'ai vexée et je suis quasiment perdue à cause de toi, qui fait donc la gueule.
Visiblement, j'avais réussi à faire passer la réponse à sa question dans son regard, puisque je vis ses épaules se détendre et l'entendis pousser un soupir, de la fumée formant un doux nuage à côté de ses lèvres. Avec la lumière d'un lampadaire du trottoir en face derrière lui, créant un léger halo doré, et la ruelle sombre où nous nous tenions, il avait l'air d'un ange.
Mais plutôt mourir que de le lui avouer. Je n'avais pas l'intention de l'enorgueillir !

- Mais non, idiote, viens, me dit-il en me tendant la main.
Le ton doux qu'il utilisait constatait légèrement avec la petite insulte contre mon intellect.

- Mais pour aller où ? Il est hyper tard, et je veux juste aller dormir..., ronchonnais-je en allant jusqu'à taper légèrement du pied, tel une enfant dans un magasin de sucrerie....ou de livres, suivant l'enfant que vous étiez.

- Allez, mimi Geignarde. Je le jure, je ne te mangerais pas... Du moins pas maintenant, promit-il avec son sourire en coin, qui me faisait à chaque fois basculer un peu plus vers l'adoration. Ça va te plaire, conclut-il, engageant.

J'avançais alors vers lui, sans toutefois accepter sa main, poule mouillée que j'étais- ou idiote, telle qu'il le disait-, et j'attendais de découvrir là où il souhaitait tant me conduire. Je m'imaginais être une femme forte, confiante, à côté cet Adonis, si intimident. Qu'aurais-je fais ? Me serais je vêtue d'une petite robe, d'un chemisier de grand couturier à décolleté ? Lui aurais je dit combien il m'attirait, et que, comme beaucoup, une relation amoureuse à la Orgueil et Préjugés ne m'intéressait PAS ? Que je suis jeune, et que je ne tient pas à me retrouver avec un boulet au pied ? Malgré moi, mes pensées dérivèrent vers la Barbie en latex qui l'accompagnait au restaurant, il y a quelques jours.. Que faisait-il avec moi, alors qu'il devait sans doute avec une horde de femmes telles qu'elle à ses pieds ? Soyons honnêtes quelques instants... Pourquoi rester avec moi ? Par pitié ? On me trouvait attachante comme une petite fille qui serait maintenant orpheline, et dont on se sentirait responsable ?
Plongée dans mes réflexions, je ne pris pas conscience tout de suite du chemin que nous avions parcourus. Devant nous ce tenait le canal du quartier de King's Cross, plein de couleurs et attractifs en pleine journée grâce aux petits bateaux colorés qui stationnait sur l'eau. A cette heure, l'eau scintillant sous le clair de lune, et le doux clapotis de l'eau en mouvement qui claquait sous la coque des bateaux chantait doucement aux oreilles. L'endroit était désert, exceptés quelques oiseaux qui faisait entendre leur chant nocturne. La sensation de paix qui prenait possession de mon corps était si... Parfaite. Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire cet instant. Je sentis un sourire naître sur mon visage, ma fatigue mise pour le moment de côté, mes soucis bien loin, enfermés dans un coin de ma conscience et mon cœur ayant pris le contrôle. Je restais quelques minutes à observer ce spectacle, Raphaël derrière moi-je sentais sa présence-, Londres endormie, certaine que cet instant serait grave longtemps dans ma mémoire - et serait très certainement réutiliser les soirs de blues, histoire de m'enfoncer un peu plus dans le fond des chaussettes et de me rappeler que les moments de bonheur seront loin derrière moi.
La voix calme de Raphaël, profonde et comme une caresse pour mes sens, vint emplir le silence omniprésent :

- Tous ses détails sur toi... Crois-le ou non, ça te rend unique, intéressante, quoiqu'un peu bargeot. Si les gens ne sont pas capables d'apprécier ce que tu es, tant pis pour eux. Ça me permet, moi, d'en profiter.

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Nouveau chapitre, nouvelles émotions !

Un instant magique pour Norah et Raphaël, comme elle en avait bien besoin !

Pardonnez moi pour les fautes, il est 23h46 mais je tenais vraiment à écrire, je corrigerais tout demain, promis 🙏

Qu'en pensez vous ? 😉

Emy

Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant