Elle

Partie 31

   Laury vient de me conduire au commissariat, on a un quart d'heure d'avance, je sors de la voiture et je reste bloquée en reconnaissant Aaron qui est devant le bâtiment et qui visiblement me cherche. Son regard plonge dans le mien et il vient vers moi, Laury me dit qu'elle nous laisse et file dans le bâtiment, sérieusement cette flic ne respecte rien, elle laisse une criminelle en liberté et sans surveillance, je pourrais aussi bien fuir qu'elle ne pourrait pas le remarquer.

" Je voulais te voir avant que tu partes. Affirme Aaron en me prenant dans ses bras.
- Ce n'était pas une bonne idée. Dis-je en baissant la tête.
- On se reverra. M'assure Aaron.
- Tu vas aller à St Louis et quand je sortirai de prison j'irai rejoindre ma famille, nos chemins se séparent Aaron et tu n'y peux rien. Tu dois passer à autre chose et recommencer ta vie à St Louis sans penser à moi sinon tu n'auras pas d'avenir. Je lui affirme et je peux voir le désespoir dans son regard alors que ça me brise le cœur.
- Tu ne peux pas dire ça, on se retrouvera dans six mois et mes sentiments n'auront pas changé. Il rétorque avec une assurance déconcertante.
- Je ne serai plus jamais la même, tu déménages à l'autre bout du pays, refais ta vie sans m'attendre, ça ne te mènera à rien, tu dois m'oublier, fais la fête et profite. Je lui ordonne en détournant le regard vers la camionette qui vient me chercher, Laury ressort et vient vers moi. Adieu Aaron."

   Sur ces mots, je le laisse planté au milieu de la rue et rejoins le lieutenant Ramsey qui me passe les menottes. Aaron se tourne et vient directement vers moi, il pose ses mains sur mes joues et m'embrasse. C'est clairement un baiser d'adieu et les larmes me montent aux yeux.

" Je ne pourrais jamais t'oublier mais je ferai ce que tu veux, je passerai à autre chose si tu me regardes dans les yeux et que tu me dis de le faire. Dit il en plongeant son regard dans le mien.
- Passe à autre chose. Je réponds mon regard ancré dans le sien."

   Laury me fait monter dans la camionnette et ferme les portes avant que celle-ci ne démarre. Ces quatre mots viennent de signer la fin de mon couple et aussi la réduction en miette de mon cœur déjà bien abîmé. Le vide qui se répand à l'intérieur de moi est une sensation que je déteste.

   Je regarde une dernière fois dans la direction d'Aaron, l'homme qui rendait ma vie plus belle et que j'aime à m'en tordre les tripes, maintenant il aura une belle vie, loin de moi et de mes problèmes.

   Et voilà, je suis en prison, installée dans une cellule, la boule au ventre, cet atmosphère m'a donné envie de vomir à peine quelques minutes après mon arrivée.

   Les prisonniers ici sont de vrais criminels, je n'ai rien à voir avec eux mais je sens que ça va être plus fort que moi, je ne vais pas réussir à garder ma langue dans ma bouche et je vais m'attirer des emmerdes. Je suis allongée sur la planche que va me servir de lit, cette prison est tellement peu organisée que j'ai dû trouver un lit moi-même, elle me fait penser à la prison Sauna dans Prison Break.

   J'ai les yeux fermés, je pense à mon fils et mon frère, je les imagine dans une nouvelle ville bien que je ne sais même pas où se trouve Chesterfield ni à quoi ça ressemble. Un raclement de gorge me fait relever la tête.

" Alors la nouvelle, tu restes dans ton coin? Questionne un mec d'Amérique du Sud.
- Je préfère la solitude. Je réponds en restant calme.
- Et pourquoi est-ce que tu es là? Demande un asiatique.
- Meurtre mais vous êtes qui vous? Je demande en restant sur mes gardes.
- On travaille pour Jo, le chef de la prison. Me répond le typé.
- D'accord. Je me rallonge sur mon lit mais une autre envie de vomir me prend alors je cours vers les toilettes.
- La prison te rend nerveuse? Se moque l'asiatique.
- Je ne suis pas une habituée. Je réponds en me rinçant la bouche.
- Si tu fais ce qu'on te dit il ne devrait rien t'arriver. Rétorque le latino.
- Tu m'excuseras mais je n'ai que six mois à tirer et je pense que je vais rester tranquille pendant six mois, aucun mauvais plan pour moi. Je réponds en retournant m'asseoir."

   Les deux mecs repartent en rigolant et je peux enfin respirer, je passe la journée allongée, je ne suis pas très bien, je pense que l'italien d'hier soir n'était pas frais. La nuit passe et je n'ai jamais vu un endroit aussi flippant que cette prison la nuit, j'ai entendu un mec hurlé de douleur avant de tomber de l'étage avec un couteau dans le cœur.
Je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit, c'est trop stressant, je ne tiendrai pas six mois ce n'est pas possible, je vais devenir folle.

   Le soleil se lève mais je ne bouge pas jusqu'à ce que le repas de midi soit servi, c'est alors que j'hallucine, c'est les gars d'hier qui distribuent la nourriture et en échange les prisonniers les payent. Je n'ai pas d'argent mais j'ai faim alors ce n'est même pas pensable que je saute le repas. Je me dirige vers les plateaux et prends une assiette avant de me servir, l'asiatique attrape mon bras et me tire en arrière.

" Ce n'est pas comme ça que ça marche ici. Dit il alors que je fixe sa main sur mon bras.
- Lâche moi. Je lui ordonne froidement.
- Tu crois que tu peux faire ce que tu veux ici? Il demande en reposant mon assiette. Je lui attrape le bras et lui tords dans le dos avant de lui mettre un coup de genou dans le nez et de le jeter par terre.
- On va se mettre d'accord Ching Chang Chong, si tu poses encore tes sales pattes sur moi je te casse en deux. Dis-je en le fusillant du regard, il déglutit en me regardant dans les yeux et c'est le gros blanc dans la prison. "

   Je récupère mon assiette sans que l'un des gars essayent de me la reprendre et retourne dans ma chambre, j'ai mal aux reins avec ce lit de merde. En y repensant je devrais avoir mes règles depuis trois jours, j'ai du retard, en même temps avec tout le stress de ces derniers jours ce n'est pas étonnant. 
   J'avale mon assiette mais directement je revomis le tout, ce n'est pas normal que je n'arrive pas à garder la nourriture mais en même temps elle est dégueulasse et j'ai encore l'estomac noué d'être ici.