Partie 16

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   Un truc s'enfonçant dans mon cou vient troubler mon sommeil. Je grimace en plaquant ma main sur la source de la douleur. J'ouvre les yeux et me rends compte qu'il s'agit de Luméa qui vient de se réveiller. Elle est recroquevillée sur elle-même et elle pleure en silence, essayant de reprendre ses esprits.

" Je suis là Luméa, n'aies pas peur. Dis-je doucement alors qu'elle lève ses yeux brillants vers moi."

   Toutes ses émotions se reflètent dans son regard et cela en est d'autant plus déstabilisant. La tristesse, la honte, la peur, la douleur mais par dessus tout la rage. Cette rage immense qui ne demande qu'à sortir et que personne ne veut subir.

   Elle sort du lit tant bien que mal et se dirige vers sa chambre mais je ne la suis pas. Elle me fait peur, beaucoup plus qu'avant parce qu'elle n'a plus cette étincelle de lucidité et de raison dans le regard. Elle est guidée par la rage et elle marche à l'instinct alors autant vous dire qu'au moment où je vous parle, ce n'est pas une fille qui est partie prendre sa douche, c'est une bombe à retardement, une grenade à laquelle on a retiré sa goupille. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle n'explose, emportant tout ceux qui seront à proximité.

   Je me prépare pour le lycée et je suis sur le point de partir quand Alaric arrive, l'énervement se lit très clairement sur son visage.

" Tout va bien? Je demande et il secoue la tête sans même dire un mot. Il file dans son bureau et ma mère arrive.
- C'est la première fois que je vois la maison aussi calme. Dommage que ce soit dans ces circonstances. Déclare cette dernière en soupirant.
- Un jour ou l'autre elle reparlera et tu peux être sûre que cette maison redeviendra un champ de bataille. Dis-je en me passant une main dans les cheveux."

   Je ne sais pas ce qui se passe mais Alaric a vraiment l'air énervé. Il fait les cent pas en marmonnant dans sa barbe. Luméa descend les escaliers au même moment, la tête haute, le regard vidé de toute émotion. Il n'y a plus la moindre trace de sentiments dans son regard, on dirait une fille totalement différente de celle qui s'est réveillée en pleurs dans mon lit. D'ailleurs j'en garde des séquelles, j'ai trois grosses griffures dans le cou et je pense que les gars ne vont pas me louper avec ça.

   On monte dans la voiture non sans que Luméa fusille son oncle du regard avant de partir. On arrive au lycée et je peux voir les mains de Luméa trembler.

" Je sais très bien que tu ne me fais pas confiance mais je suis là pour toi. Tu es en sécurité. Dis-je en attrapant sa main. Elle se crispe et se tourne vers moi. Tout va bien Luméa. J'ajoute et elle hoche la tête. "

   On sort de la voiture et elle se dirige vers le bâtiment. Je rejoins les gars en la gardant à l'œil, après ce qu'elle a vécu, je me sens obligé de la protéger.

" Whaou! Quelle tigresse! S'exclame Adrien en éclatant de rire.
- Je croyais que tu voulais arrêter le pari mais là... je crois que tu as encore gagné. Ajoute Melvin.
- Je me demande même si j'ai toujours envie de la baiser vu les marques qu'elle t'a fait. Enchaîne un autre mec du groupe.
- Je n'ai pas couché avec Luméa. Je les arrête directement sinon on n'est pas sorti de l'auberge.
- Bah alors quoi? Tu t'es battu avec un chat ? Se moque Adrien.
- Ne cherchez pas. Dis-je avant de partir vers le bâtiment."

   La sonnerie retentit et on file tous en cours non sans que les gars ne renchérissent sur mes blessures de guerre comme les appelle Melvin.

   Un mois entier est passé, Luméa est guérie. Elle n'a plus besoin de son attelle ni de ses béquilles. Elle n'a toujours pas prononcé un mot. Elle est coincée dans son mutisme depuis un mois, le seul moment où on entend le son de sa voix, c'est quand elle hurle en se réveillant d'un cauchemar.

   Aujourd'hui c'est le premier jour des vacances, j'ai invité tout mon groupe de potes à la maison. On est une quinzaine, mecs comme filles mais j'avoue il n'y en a pas une qui arrive à la cheville de Luméa. Cette dernière est enfermée dans sa chambre.

" Je ne comprends pas pourquoi tu ne l'as pas encore baisé. Après tout elle n'a pas l'air méchante, elle a même l'air plutôt timide et soumise. On n'a pas entendu sa voix depuis des lustres. S'exclame Louis.
- Ne te fie pas aux apparences quand elle va redevenir elle-même, tu vas voir qu'elle n'est pas aussi docile que tu le penses. Dis-je en secouant la tête.
- Tu penses qu'elle a du caractère? Je pense qu'elle faisait juste semblant en début d'année. S'exclame Adrien.
- Je vis avec et je peux te jurer qu'elle ne faisait pas semblant. Je rétorque en secouant la tête."

   En parlant du loup, Luméa arrive, dans son maillot de bain blanc qui est vraiment magnifique sur son teint mate. Je peux voir plusieurs cicatrices sur son corps mais elle ne s'en cache pas. Elle est tellement sexy que je détourne le regard sinon je vais bander. Je peux voir mes potes faire de même. Et encore ils ont de la chance, eux ne la voit pas tous les jours se pavaner en pyjama. Elle pose sa serviette sur un transat alors qu'Alaric sort de la maison les yeux noirs.

" Luméa tu ne sors pas comme ça. Il ordonne alors que tous mes potes le regardent.
- Ce n'est qu'un maillot de bain Alaric. Dis-je avec un air indifférent.
- Je ne veux pas que tu sortes habillée comme une salope quand il y a autant de gens. On dirait ta tante! S'exclame Alaric en regardant sa nièce."

   Je suis sous le choc, et mes amis aussi et en plus j'ai la honte mais ce n'est rien comparé au regard de Luméa. Ce fameux regard qui ferait regretter à n'importe qui d'être né. Elle se tourne vers son oncle et s'approche de lui avant de lui mettre la plus grosse gifle que j'ai jamais vu.

ElleWhere stories live. Discover now