Elle

Partie 23

LUMEA

   Il s'est foutu de ma gueule, je n'arrive pas à y croire! Je le pensais différent, et après mon agression il était présent, je pensais qu'il était là parce qu'il tenait à moi mais non, il voulait juste me baiser pour pouvoir gagner un pari de merde avec ses potes. L'enculé !
   Il m'a offert la plus belle semaine de toute ma vie avec mon fils et mon frère et tout ça pour quoi? Je vous le demande, c'était pour se faire pardonner parce qu'il se sentait coupable d'être un enfoiré de première? Ou alors c'est pour pouvoir m'humilier dès le premier jour de la rentrée?

   Je quitte le lycée, je ne supporterai pas de voir sa gueule toute la journée. Je file directement au gymnase, je n'ai ni afffaires, ni échauffements mais je me lance sur les barres asymétriques, essayant de garder toute cette rage et cette honte que je ressens, j'ai envie de hurler, de pleurer et de frapper dans quelque chose mais nan, je préfère tout garder pour moi. 
   Je loupe la barre et tombe sur les tapis, je sens ma jambe tourner mais je ne ressens rien, je suis complètement perdue, je n'arrive pas à savoir si la douleur est réelle dans ma jambe ou si elle est à l'intérieure de moi. Je me mets à hurler, essayant d'extérioriser ce que je ressens et mes larmes se mettent à couler d'elles-mêmes, il s'est foutu de ma gueule PUTAIN!

   Je reste allongée sur les tapis pendant ce qui me semble une éternité, je reprends mes esprits, ce n'est qu'un mec et dans quelques mois je ne le verrais plus alors ce n'est pas grave je n'ai qu'à l'ignorer jusqu'à la fin de l'année même si c'est impossible étant donné que je vis chez lui et que je suis dans sa classe.

   Je le déteste et je vais lui faire regretter d'avoir voulu jouer avec moi, ça c'est un plan qui a des chances de réussir parce que question de vengeance, je suis devenue une experte. La vengeance est un plat qui se mange froid, lui je vais lui servir glacé. 

   Je me relève et ma jambe me fait vraiment un mal de chien, je prends sur moi et marche jusqu'au lycée, je serre les dents et me tiens à tout ce qui est susceptible de supporter mon poids, ma vue se trouble alors je fais un arrêt, j'ai dû me déplacer quelque chose en tombant. 
   La sonnerie retentit et je regarde l'heure, midi, tous les lycéens vont sortir et je n'ai aucune envie d'être coincée entre tous ces gens. Je reprends ma route jusqu'à la voiture mais celle-ci me paraît de plus en plus loin, des mains agrippent ma taille et je me retourne vers cette personne, Aaron, je me dégage de son emprise, ce qui est visiblement une mauvaise idée vu que je me mets à tanguer. Aaron me rattrape pour me stabiliser.

" Luméa qu'est-ce que tu as? Il demande inquiet alors que je détourne le regard.
- Tu peux arrêter de t'occuper de moi, tu as gagné ton pari. Dis-je d'un ton amère.
- Luméa arrête avec ça et dis moi ce qui t'arrive. Il ordonne froidement.
- J'ai rien, je suis juste tombée. Dis-je en le fusillant du regard.
- Ta jambe? Il demande même si il connait déjà la réponse, je hoche simplement la tête. Je t'emmène à l'hôpital. Dit il avant de me soulever."

   Il me pose dans la voiture sous les regards ahuris de tous les lycéens présents. Je tourne la tête vers la vitre quand il monte côté conducteur, je ne veux pas le voir, il me dégoûte. On arrive à l'hôpital et pour mon plus grand bonheur, il n'a pas essayé de me parler.
   Je descends de la voiture mais Aaron vient m'aider, un médecin me prend directement en charge et il semblerait que je me sois déplacée la hanche, il me la remet en place et m'ordonne de rester tranquille les deux prochaines semaines. Je ressors de l'hôpital et monte dans la voiture d'Aaron.

" Je n'ai jamais voulu te faire de mal. Déclare ce dernier après quelques minutes de silence.
- Bien sûr et c'est pour ça que tu as parié avec tes potes sur moi. Je rétorque ironiquement.
- De base oui c'était un pari mais depuis, il s'est passé tellement de choses, ton agression et ce que j'ai appris sur ta vie, je ne t'aurais jamais fait de mal. Dit il à voix basse.
- Et pourtant tu l'as fait quand même. Alors maintenant tu es prié de ne plus t'approcher de moi en dehors des moments obligatoires comme les trajets. Dis-je froidement.
- Tu étais sérieuse quand tu disais préférer voir Alaric? Il demande d'une voix étrangement vulnérable.
- Oui. Je réponds de manière catégorique."

   C'est un mensonge mais je sais que ça le touche un minimum alors j'appuie là où ça fait mal. On rentre à la maison, je sors de la voiture et une boule se forme dans mon ventre, Alaric va me tuer pour avoir disparu pendant une semaine, et s'il ne me tue pas, il va me faire très mal. Aaron se foutait de ma gueule alors ce n'est pas sur lui que je vais pouvoir compter pour m'aider en cas de besoin.

   D'ailleurs ce dernier est rentré sans demander son reste. Je pousse un long soupir et me dirige vers la maison, avec un peu de chance je vais réussir à l'ignorer. Je n'ai même pas fermé la porte que je prends une gifle monumentale qui m'envoie au sol. Je me relève en faisant attention à ma jambe.

" Ne t'avise plus jamais de lever la main sur moi. Dis-je d'une voix menaçante.
- Parce que tu crois que tu fais ce que tu veux dans cette maison? Tu n'es qu'une petite salope doublée d'une gamine prétentieuse, arrogante et ingrate. Dit il alors que je croise les bras pour lui faire face.
- Et toi tu n'es qu'un connard doublé d'un pédophile sadique et obsessionnel. Je rétorque alors qu'il me gifle une seconde fois. 
- J'espère que tu es payée chère pour faire ta pute sous mon toit avec Aaron. Dit il alors que mes yeux s'écarquillent. Comment il sait ça lui? La prochaine fois ramasse ta petite culotte au lieu de la laisser traîner dans sa chambre. Dit il avec un sourire mauvais.
- Il n'y aura pas de prochaine fois alors sois tranquille. Je soupire, fatiguée.
- Nan vu que la prochaine fois sera avec moi. Dit il à mon oreille. Un haut le cœur me prend et je monte dans ma chambre pour ne pas rester avec lui une seconde de plus. "