Partie 29

631 28 0
                                    

AARON

   Deux jours, ça fait deux putains de jours que je n'ai pas vu Luméa. Elle me manque et j'ai peur pour elle, je ne sais pas comment cette histoire va se terminer et je ne supporte pas d'être impuissant, c'est vraiment une sensation que je n'aime pas.
   Pour la énième fois depuis que je suis levé je soupire, ma mère me regarde et attrape ma main posée sur le comptoir. Je plonge mon regard dans le sien et je peux y voir de la culpabilité et de la pitié.

" Moi aussi je pense à elle, je regrette de ne pas avoir vu les signes et de ne pas l'avoir aidé mais maintenant on sera là pour elle. Dit elle en me faisant un léger sourire.
- Ne la regarde jamais avec pitié maman, elle reste la même fille qui vit ici depuis presque un an. Dis-je alors qu'elle hôche la tête.
- Dire que je suis enceinte d'un pédophile. Soupire ma mère en baissant la tête.
- On s'en fout, ce n'est pas lui qui va l'élever et cet enfant ne saura pas qui était son père, il sera normal, comme moi. Je la rassure en me levant pour la prendre dans mes bras.
- Quand je repense aux cris que poussait Luméa quand elle était seule avec Alaric, ce sont des signes qui ne trompent pas mais je les ai quand même ignoré. Dit elle tristement.
- Rien ne sert de culpabiliser, elle va bien et on va l'aider. Dis-je en lui souriant. Mon regard se pose sur l'horloge et je bloque. Il faut qu'on y aille, c'est l'heure. "

   On quitte la maison sans un mot de plus, je suis encore plus tendu que le jour où j'attendais les résultats du bac, c'est incroyable! Je prends le volant parce que ma mère n'aime pas conduire mais je serre tellement le volant que les jointures de mes mains sont blanches, j'ai peur, je ne veux pas la perdre.

   Je me garde devant le tribunal et on entre, on s'installe à la première rangée derrière le siège où sera assise Luméa. Je regarde l'heure, treize heures vingt-huit, il reste deux minutes avant le début du procès et je ne tiens pas en place, je joue avec mon tee-shirt, mes mains et ma jambe tremblent tellement je suis nerveux, je regarde l'heure sur mon portable tellement souvent que ces deux dernières minutes me paraissent interminables et d'un coup je bloque, mon avocat vient d'arriver ainsi que l'avocat de l'accusation, elle ne devrait plus tarder.

   C'est alors qu'elle fait son entrée, accompagnée par la même femme lieutenant qui était présente durant l'interrogatoire, elle est menottée mais elle a l'air reposée. Son regard croise le mien et je suis déstabilisé par le manque d'émotion dans ce dernier, je ne peux lire aucune émotion dans ses yeux et c'est flippant. Elle s'installe et on lui retire ses menottes avant que le juge arrive.

   Le procès commence enfin, le juge était en retard ce qui n'a fait qu'augmenter mon stress, je pousse de longs soupirs en essayant de me calmer mais c'est peine perdue, je n'arrive pas à faire descendre mon niveau d'angoisse contrairement à Luméa qui paraît très calme.

" Nous sommes ici présents pour juger Luméa Forks accusée d'avoir poignardé son oncle Alaric Forks cinquante-trois fois entraînant la mort de ce dernier. L'accusation à vous l'honneur. Déclare le juge en claquant son marteau.
- Mademoiselle Forks ici présent est impulsive, des témoignages recueillis auprès de certains lycéens de son établissement nous affirment qu'elle a déjà levé la main sur certains de ses camarades comme Aaron Black. Affirme l'avocat alors que je relève la tête en entendant mon nom. On nous dit aussi qu'elle était en conflit constant avec son oncle alors qu'il l'a recueilli pour lui éviter la famille d'accueil et pourtant nous l'avons retrouvé avec l'arme du crime à la main, couverte du sang de la victime. L'avocat énonce les faits et je serre les dents. Pourquoi a-t-elle fait cela? On venait de lui annoncer que son oncle allait avoir un enfant alors c'est sûrement de la jalousie. Propose l'avocat.
- Objection votre honneur ce ne sont que des hypothèses non prouvées. Intervient l'avocat de Luméa.
- Objection retenue. Veuillez ne pas prendre en compte cet argument. Intervient le juge en s'adressant aux jurés. Poursuivez maître Delacour.
- Ce sera tout pour le moment. Affirme celui-ci en s'asseyant.
- Maître Ofson, c'est votre tour. Déclare le juge alors que mon avocat se lève.
- Ma cliente a poignardé son oncle à cinquante-trois reprises, elle ne le nie pas mais en revanche, certaines circonstances prouvent qu'elle n'avait pas d'autres choix. Affirme mon avocat en regardant les jurés. Ma cliente était battue et son oncle a déjà kidnappé ma cliente quand elle était jeune et a tenté d'abuser d'elle sexuellement alors qu'elle n'avait que douze ans. Il expose les faits et Luméa baisse la tête de honte. Ma cliente est maman d'un petit garçon de deux ans alors pourquoi risquerait elle d'aller en prison et de louper toute la vie de son fils si ce n'était pour sauver sa propre vie? Questionne mon avocat. Ce sera tout pour le moment. Il ajoute en revenant s'asseoir.
- Bien alors j'appelle l'accusée Luméa Forks à la barre. Déclare le juge alors qu'elle se lève. Maître Delacour. Il appelle l'avocat de l'accusation.
- Mademoiselle Forks pourriez vous nous raconter ce qu'il s'est passé ce jour là? Il demande et elle prend une grande inspiration.
- Alaric nous a surpris en train de nous embrasser Aaron et moi puis Alison et lui nous ont annoncé à Aaron et moi qu'ils allaient avoir un enfant et j'ai mal réagit. Alison et Aaron sont sortis et Alaric a commencé à me courir après en tenant un couteau de boucher pour me poignarder. Il avait un air fou et j'ai compris qu'un de nous n'en sortirai pas vivant et il était hors de question que mon fils soit orphelin et qu'Alaric s'approche d'un autre enfant alors j'ai retourné le couteau contre lui, il a glissé et je me suis mise à le poignarder. Je me souviens des deux premiers coups de couteau et plus rien jusqu'au retour d'Aaron et sa mère. Explique Luméa sans aucune émotion.
- Donc vous avez tué votre oncle par légitime défense, mais pourquoi cinquante-trois fois? Il questionne et je devine un léger sourire sur les lèvres de Luméa ce qui me fait peur.
- J'étais enragée, avec tout ce qu'il m'a fait vivre et savoir qu'un enfant allait l'avoir comme exemple m'a fait peur alors j'ai déchaîné les coups de couteau jusqu'à ne plus avoir la force de lever le bras. Dit elle sans détour.
- Ce sera tout. Conclue l'avocat alors que le mien se lève.
- Moi j'aimerai que vous nous parliez de ce que vous a fait votre oncle quand vous étiez jeune et quand vous viviez chez lui. S'exclame l'avocat alors qu'elle se décompose.
- Je... Il m'a séquestré dans une cave pendant un mois en me frappant quand je lui tenais tête et il m'a touché à plusieurs reprises. Elle avoue difficilement en déglutissant.
- Quel âge aviez vous? Demande l'avocat.
- Douze ans. Elle répond en relevant la tête. On peut entendre l'étonnement de plusieurs personnes dans la salle.
- Et depuis le début de cette année qu'a-t-il fait? Questionne l'avocat.
- Il m'a frappé à plusieurs reprises, il m'a dit qu'il me violerait mais il n'a jamais pu mettre sa menace à exécution. Le jour de Noël il m'a offert le bracelet de ma mère, celui qu'elle a perdu le jour de l'accident qui l'a tué et le seul moyen pour qu'il l'ait c'est qu'il était impliqué dans cet accident. Dit elle en baissant la tête, les larmes aux yeux. "

   Le procès dure plusieurs heures, ma mère et moi avons été appelés à la barre, les jurés sont en train de se concerter depuis plus de dix minutes, Luméa s'est mise à pleurer quand on lui a demandé de détailler ce qui lui était arrivée et maintenant on attend.

" Les jurés ont délibéré, prenant en compte le soutient de la famille, sa situation et le soutient de la police envers l'accusée, ils ont déclaré Luméa Forks coupable mais avec des circonstances atténuantes. Je condamne alors l'accusée à une peine de six mois à la prison de Rikers. "

   Le marteau frappe, la sentence est tombée et elle est irrévocable. Je tire une tête de six pieds de long et Luméa ne réagit pas, on lui remet les menottes et elle disparaît derrière une porte, je ne vais pas la revoir avant un long moment surtout que je quitte la ville à la fin de l'été pour aller à l'Université de St Louis. Je ne réagis pas directement, je suis sur le cul, elle va en prison.

ElleWhere stories live. Discover now