20 - L'après (sixième partie)

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Aujourd'hui était le dernier jour d'école et Ellynn se demandait comment il était possible que la fin de trimestre soit aussi vite arrivée. Les élèves avaient passé leur matinée à plier leurs bagages puis s'étaient rassemblés dans la Salle Commune pour participer au banquet final préparé par Mrs Rosalys.

Exceptionnellement, les tables avaient été alignées les unes aux autres, formant un grand « U », et regorgeaient de mets plus impressionnants les uns que les autres. Mrs Rosalys s'était surpassée : les tables débordaient de spica, noix, pommes de terre gratinées, légumes divers, fruits séchés, limonades et gâteaux onctueux au chocolat ou aux fruits. Il y avait tellement de choix qu'Ellynn ne savait plus où se donner de la tête.

- Vos sacs sont prêts ? demanda Philys la bouche pleine de pommes frites alors que Mingus et Basilius se battaient pour le dernier morceau de spica aux noix et raisins. 

Amaryllis approuva d'un signe de tête mais Ellynn resta silencieuse.

- Tu sais, dit Philys en les servant de limonade au citron et gingembre, ma proposition tient toujours. Tu pourrais rester chez nous... on a plusieurs chambres de libres et tu ne devrais pas rester ici tout l'été.
- Une partie de l'été, le reprit Amaryllis en la fixant de ses yeux ronds. Tu as promis que tu viendrais chez nous dès notre retour d'Atlas.
- Tu vas à Atlas ? s'exclama Emilius, surpris. Quelle chance ! J'ai toujours rêvé d'aller tester leur tyrolienne en plein centre-ville. Il paraît que c'est juste dingue comme expérience !

Mingus lui lança un regard envieux. 

- Mon père y est déjà allé, dit Basilius en profitant du moment d'inattention de Mingus pour lui voler son pain aux noix et raisins. Tu y es déjà allé ?

Amaryllis fit non de la tête. 

- Il paraît que c'est une superbe ville, expliqua Basilius en mordant à pleine dents dans le morceau de pain. Elle est bâtie sur un oasis, en plein milieu du désert de Mauritanis, et c'est là qu'on retrouve les épices les plus rares comme le safran ou la fève de tonka. Apparemment, les habitants sont très accueillants.
- Ca, c'était avant l'ascension au pouvoir du Colonel, dit Philys d'un air sombre. Je trouve que c'est complètement insouciant d'y aller et de vous retrouver toi et ta mère dans ce climat instable.

L'atmosphère joyeuse disparut instantanément. Assise en face de lui, Amaryllis eut une expression pincée et ses joues pâles rosirent.

- Ben quoi ? se défendit Philys en déposant brutalement ses couverts sur la table (Ellynn venait de lui jeter un regard accusateur). Je ne suis pas du tout rassuré que vous accompagniez ton grand-père. Il a toute une délégation avec lui et n'a pas besoin de votre présence. La ville n'est plus du tout sure et plusieurs attentats ont été déjoués ces derniers mois. C'est ridicule de prendre un risque pareil.
- Allons, tenta de le raisonner Emilius, tu exagères mon vieux.
- J'exagère ? dit précipitamment Philys en le pointant avec sa fourchette (il donnait l'impression de lui jeter une malédiction). Vous n'avez pas lu le Mouchard récemment ? 

Il entreprit alors de leur expliquer en long et en large les dernières nouvelles de la gazette et toutes les raisons pour lesquelles il n'était pas opportun de se rendre à Atlas en cette période troublée. Ce n'était pas la première fois qu'il abordait le sujet et que la discussion se terminait par un silence religieux et tétanisé d'Amaryllis.
Depuis qu'elle avait osé révéler qu'elle accompagnait son grand-père en mission diplomatique, Philys avait saisi toutes les occasions pour tenter de l'en dissuader.

- La semaine passée encore, un enfant se baladait avec une ceinture d'explosif. Un enfant ! 

Inès couina, ses yeux s'agrandissant sous le choc.

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant