18 - Jouer au dragon et à l'elfe (troisième partie)

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Heureusement, Amaryllis et Philys étaient tellement plongés dans leurs souvenirs qu'ils n'avaient rien remarqué. Tout au long de leur balade, ils contèrent leurs anecdotes des précédentes éditions et la plus drôle était certainement celle de Philys qui avait raconté son calvaire lors de l'année où Aurélius participait à l'EPIC.
Bien plus jeune à l'époque, Philys avait suivi sa famille dans le dédale des couloirs du stade et s'était malheureusement perdu dans la foule. Incapable de retrouver sa mère et ayant un besoin urgent, il s'était retrouvé coincé dans les toilettes de l'amphithéâtre – le loquet s'était cassé quand il avait fermé la porte – avec un candidat qui vomissait toutes ses tripes juste avant le début des épreuves. Philys n'avait pas osé lui révéler sa présence et était resté coincé un peu plus d'une heure avant que Baldur ne le retrouve et qu'il puisse voir la fin de l'examen d'Aurélius.

- Hé, fais attention ! dit Philys en écartant un enfant qui venait de lui rentrer dans les jambes alors qu'ils étaient occupés à regarder un étalage rempli de babioles de chez Licorne & Libellule. Regarde où tu vas. 

L'enfant rougit et marmonna des excuses avant de détaler comme un lapin.

- Tu lui as fait peur, lui reprocha Amaryllis en lui donnant une tape sur l'avant-bras. Tu es vraiment sans cœur.
- Moi ? s'exclama Philys d'un air mélodramatique en mettant sa main sur sa poitrine, comme si elle lui avait planté un couteau dans le cœur. Madame – il prit d'un geste théâtrale le bracelet des mains d'Amaryllis et le tendit à la vendeuse – combien pour ce bijou ?
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Amaryllis en rougissant comme une pivoine alors que la marchande donnait son prix.
- Je le prends ! dit Philys en déposant comme un prince la somme due sur le comptoir.

Il attacha le bracelet autour du poignet d'Amaryllis et ajouta avec un clin d'œil :

- Comme ça, tu ne pourras plus jamais dire que je suis sans cœur. 

Amaryllis le regarda bouche bée – ses yeux étrangement agrandis – et bredouilla une réponse confuse. Philys, le regard pétillant et content de l'effet provoqué, sourit et se dirigea vers le prochain étalage. 

- Il est beau, murmura Ellynn par-dessus son épaule alors qu'Amaryllis admirait la breloque en forme de licorne qui pendait de son bracelet. 

Ellynn se rendit compte qu'elle ne l'écoutait pas et pouffa de rire devant son expression extatique. 

- Allez, viens ! la pressa doucement Ellynn en avant pour qu'elle suive Philys dans la rue marchande. Il vaudrait mieux ne pas se perdre de vue. 

Mais Amaryllis l'écoutait à peine et se laissa entraîner sans prêter attention à où ils allaient.
Le marché de l'EPIC était une mini version d'Evallis où des centaines d'elfes – de tout âge et venus de tout horizon – se baladaient tranquillement dans les allées éphémères construites juste devant l'amphithéâtre. Les échoppes se suivaient dans un dédale de petites ruelles et permettaient aux marchands d'exposer leurs produits. Des guirlandes lumineuses reliaient les différents étalages et leur donnaient une ambiance féérique.
Contrairement à Philys et Amaryllis, c'était une première pour Ellynn et elle voulait admirer chacune des boutiques qui exposait. L'une de ses préférées était celle du Crapaud Parleur qui s'était surpassé en termes de décoration. Les tenanciers, Mr et Mrs Hawkins, un vieux couple qui semblait connaître toute la littérature elfique et humaine, avaient créé un coin lecture à l'extérieur de leur bouquinerie. Des coussins, couvertures et bougies venaient donner une ambiance de vieille bibliothèque où il faisait bon de s'installer tandis que les étagères débordaient de livres anciens et usés, leur donnant un aspect de vécu agréable au toucher.
Au grand damne de Philys, Amaryllis et Ellynn avaient passé un long moment à admirer et écouter leurs histoires rocambolesques de leur jeunesse. 

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant