Chapitre 19: L'enfant dernière partie

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Alors que je venais de repousser cette porte de mes mains caleuse et griffus. De mes mains de monstres et d'enfants en même temps, je voyais à travers ma chevelure sombre un lit à baldaquin. Je détalai jusqu'à ce dernier. Le parquet à l'époque était propre et solide. Mais la femme qui reposait dans ce lit était à l'opposé. Ces cheveux sombres étaient devenus gris malgré qu'elle ne fût pas âgé. Car à travers les cernes profonds qui parcourait ses yeux une beauté sans nom la transcendait. Que je haïssais le docteur Gerose pour ce qu'il avait fait à ma mère. Et même dans ma bêtise presque animale je comprenais qu'il était trop tard. Elle respirait encore mais je sentais que ses fonctions vitales diminuaient de plus en plus, petit à petit. Elle avait enfanté un monstre. Ma naissance avait tué ma mère à petit feu. Alors je grimpai lentement à ses côtés et je la réveillai.

Quel sourire radieux elle me fit. C'était la seule personne à m'avoir jamais souri dans ma courte vie. De ses yeux aciers j'avais hérité. De ses cheveux sombres également. Et j'hérita alors de ses derniers mots qu'elle prononça de sa voix plus douce encore que le miel au petit matin.

-Mon enfant, Kellios, tu m'as manqué.

-Maman, je suis là.

-Tu t'es bien comporté pendant tout ce temps ?

-Maman j'ai tués ceux qui t'ont fait du mal !»

Je prononçai ses mots avec une telle haine qu'elle du bien le sentir dans ma voix. Pourtant elle me répondit tout aussi doucement qu'à son habitude.

-Ce n'est pas bien mon enfant. Tu es libre désormais mais évite de tuer.

Elle me prit ma main de monstre qu'elle serra avec amour et me saisissant la tête elle m'embrassa au front. C'était ce genre de baiser si chaleureux qu'on ne peut qu'être empli de bonheur. Alors elle me dit ces mots-là.

-Je veut que tu quitte cet endroit. N'y remet pas les pieds. Fuit toujours plus loin. Et promet moi mon enfant que tu ne feras plus de mal à quiconque. Car même si à chaque croisement les gens te voudront du mal, il te faudra répondre avec un sourire et les aider. Je veux que tu fasses du bien à ce monde, et je te promets qu'un jour tu ne seras plus un monstre.

Elle relâcha son emprise et elle ferma ses yeux pour la dernière fois, un sourire aux lèvres. Elle était heureuse de m'avoir revu avant de partir. Peut-être était-ce ce désir de me regarder une dernière fois qui l'avait maintenu en vie toutes ces années.

Je l'ai enterré d'une manière grossière devant le manoir, entre les rosiers, en creusant de mes mains. Mes larmes de monstres abreuvaient le sol.

Et c'est ainsi que malgré les avertissements de ma mère je suis revenu là où je suis né. Dans ce manoir des horreurs qui ne m'avait apporté que souffrance. Et face à ce lit je tombai en larme. Ma poitrine était transpercée par une aguille si pointue que la douleur en était insupportable. Et alors que j'était à genoux implorant tout divinité de ce monde de me libérer de ceci, quelqu'un se posta derrière moi. Il boita en entrant, sur sa béquille fait d'un simple bâton. Et même s'il ne savait pas mon histoire. Même s'il ne pouvait me comprendre il tenta de me soigner le plus simplement du monde par une simple main sur l'épaule et un « Désolé » plus franc et plus sincère que toutes louanges ou insultes que j'avais pu recevoir dans toute ma vie de monstre. 

La main de libertéWhere stories live. Discover now