Chapitre 11: Brume et sang

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An 1933 27 du mois de la lumière. Nord du Lothar,  Les landes

Un silence de mort régnait sur tout la ligne où se trouvait Sevel. Un silence comme on peut en avoir aux enterrements.

On avait fait sonner le corps ce matin car un éclaireur était revenu en annonçant qu'une immense horde de Viajirs se dirigeait vers eux, par l'Ouest. Ils se trouvaient actuellement dans les landes, une région froide et humide. Si on regardait autour de soi on ne voyait nul arbre, mais de l'herbe et des pierres à l'horizon. Parfois une petite rivière passait entre deux collines et les hommes en profitaient pour aller chercher de l'eau. Et ce matin ils firent cela car il fallait que les soldats soient en forme pour le combat à venir.

Sevel n'avait eu le temps que de manger un bol de lentilles avant que le second coup de corps ne sonne et qu'ils doivent ramasser ses armes. Il avançait au milieu de la masse d'infanterie en mouvement, la boule au ventre. Il avait beau ne plus être ce garçon naïf et pleurnichard qui était parti de son petit comté, il avait pourtant en lui la peur du combat qui arrive. Rien qu'au niveau de son corps on pouvait voir ce tremblement, accentué de cette respiration coupée à certains moments.

Avit était là, regardant à l'Ouest depuis le haut de la colline où les hommes commençait à s'assembler. Il y avait un paquet de gars qui n'avait jamais foutu le pieds sur un champ de bataille dans le tas. Lui était archer dans l'armée Royale depuis quatre ans, avant ça il servait un petit baron de l'est du Royaume. Si ces talents à l'arc n'avait pas été remarqué il serait peut-être toujours là-bas à se la couler douce, au bord de la mer. Mais bon, on ne décide pas de notre destin.

Derrière lui les machines de siège affluaient. Il se demanda à quoi cela va pouvoir servir, ils allaient affronter des cavaliers en masse, va viser un cheval en pleine course avec ça. Après c'était les commandant qui décidait.
Un peu plus haut les étendards étaient élevés, et devant au loin l'infanterie se rassemblait pour former les premières lignes. Ces dernières était faites de piquiers et de vougiers pour encaisser le choc de la cavalerie. Derrières elles des épéistes attendait pour déchiqueter les chevaux. Sur les flancs des hallebardiers en armure lourdes était prêt à faire face à ces barbares. Et pour finir il y avait les archers sur la montée de la colline. C'était son unité. La plupart des gamins qui allait le soutenir ne savait probablement pas visé mais tant pis.

Avit observa ses mains un instant, elles tremblaient. Il avait beau se savoir dans les lignes arrière. Si jamais l'armée perdait, s'en était fini d'entre eux.

En regardant derrière lui il vit le Prince Hejeos posté sur son cheval en armure, ses généraux à ses côtés. Ils avaient beau être trente-mille dans ces collines, tout dépendait de la stratégie de cet homme. Peut-être que tout son plan résidait dans un corps de cavalerie caché derrière les collines environnante. Il y avait intérêt que le plan du prince, quel qu'il soit, marche.

Thomas tentait de clamer son cheval du mieux possible. Même les animaux sentaient l'inquiétude d'avant la bataille. Lui bien entendu qu'il était inquiet, ce n'était qu'un jeune chevalier, à peine adouber. Il y avait à peine quatre mois il était encore sous le service du Comte Elung, et voilà qu'il se retrouvait sur le champ de bataille en compagnie d'hommes qui en connaissait bien plus que lui.

Il n'avait jamais eu l'impression qu'une armure de plaques puissent autant peser, mais les circonstances la rendaient plus lourde que d'habitude. Sur son flanc il tenait sa lance et sur son bras son écu prêts à le protéger au moment où il en aurait besoin. Mais dans le feu de la bataille serait-il s'en servir.

Il observait un autre chevalier à ses côtés, barbu, une cicatrice sur le nez, les yeux hagards. La peur mais aussi l'excitation se lisait dans ses yeux. Alors il n'est point le seul. Après tout cela était normal, le sort de milliers d'hommes dépendait d'eux et de la charge qu'ils effectueraient sur le flanc des Viajir. Il regarda derrière lui. La cavalerie marchande était prêt à les épauler, mais c'était eux, les chevaliers, qui devraient faire face aux barbares.

La main de libertéWhere stories live. Discover now