Chapitre 18: le manoir

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Nous marchions dans les bois alors qu'un soleil de fin d'été pointait à travers le feuillage. Il faisait humide et lourd. Pourtant tout autour l'automne s'annonçait par des pincés d'orange. C'était le début d'après-midi.

Nous étions partis du campement après avoir remballé ce dernier et mangé une petite collation qui nous serait bien utile. En effet il nous fallait forcé le pas, car derrière quelque chose de terrible et de sans nom nous poursuivait. En tout cas cela était ma conviction la plus profonde. Et même si nous n'avions pas vraiment le choix le fait de se diriger vers ce manoir ancestrale et terrifiant me glaçait le sang. De tous les endroits sur terre, ce fut le dernier dont je désirais m'approcher. Il avait entre moi et ce lieu une histoire, un passé bien sombre que je tentais chaque jour d'oublier.

Petit à petit alors que nous avancions et que nous nous rapprochions de cet endroit, je me mettais à compter les pas. Pourtant ma terreur ne devait pas me faire oublier que j'avais la survie de tout un groupe entre mes mains. Oleg et Pershief les deux seuls qui à part moi était valide. Il portait avec hargne leurs compagnons aux jambes brûles, Bogdan. De son côté Sevel se tenait sur un bâton de bois et je tentais désespérément de l'aider à avancer. Je ne pouvais abandonner aucun d'entre eux, ce n'était aucunement dans mes projets. J'avais un objectif, faire survivre ces bonnes gens. Dans les noir frondaisons du Lothar je comptais les pas qui nous séparaient d'un endroit, peut-être sûr. Car en vérité dans les forêts, dans un lieu abandonné, il serait étonnant que rien ne se cache. J'avais peur mais je retenais cette dernière en mon sein. Je ne devais pas faire paniquez le reste du groupe. Soyez sûr chers lecteurs que si nous avions eu un autre choix je me serais précipité vers ce dernier. Le problème est que nous étions dans une zone extrêmement sauvage de ses bois et aucun seigneur ou châtelain n'aurait pu nous offrir de secours. Le seul endroit qui nous permettrait de nous défendre était ce manoir, isolé de tout. En arrivant il nous faudrait bien entendu nous tenir prés, car peut-être que des bandits ou des vagabonds aurait pu s'y installer, voir pire.

Petit à petit nous descendions une pente assez légère. Plus loin le bruit d'un ruisseau se fit entendre, qui sembla d'ailleurs être plus une rivière, à mesure que nous nous en rapprochions. La forêt était active en ce début d'après-midi. Les oiseaux se baladait entre les branches, un couple de renard détala devant nous. Une forêt des plus normal si en son fin fond ne se cachait pas un mal indescriptible par sa nature.

Cette pente était elle donc éternel. Une demi-heure que lentement nous la dévalions. Et pourtant j'eus l'impression que cent ans c'étaient déroulés. En regardant mes compagnons aucun ne sembla avoir le même sentiment que moi. Était-ce dû à mon appréhension vis-à-vis de l'endroit ou nous rendions. Car je savais ce qui s'y était passé, et j'avais peur. Une peur mortelle de faire face à mon passé. Ce ne fut qu'après une éternité dans mon âme qu'enfin nous purent franchir la rivière. J'aidais naturellement mon jeune compagnon, Sevel, à passer les pierres et atteindre la berge parsemée de quelques broussailles. En passant ces dernières se révéla alors un vestige du passé, de mon passé. Quelque chose que j'avais laissé perdu dans le temps, et qui lentement était tombé en disgrâce.

C'est un grand manoir de pierre. Le lierre venait serpentant entre les failles des murs. J'étais glacé en le voyant Ces hautes tours que trente ans auparavant j'avais laissé derrière moi. Ces toits orangés comme l'automne qui venait. Le tout sous un soleil éclatant dans une large clairière. Nous avancions alors dans l'herbe haute et le jardin sauvage qui pendant une éternité n'avait pas était entretenu. Parmis les chardons et les rosiers qui avaient poussés de manière démesurée avec le temps. Pendant trente ans tout cela était resté loin de tout sans qu'aucun humain n'ose y entrer. Car même les Lothari racontait que cet endroit était mauvais et maudit. Tout ceci respirait la mort pour moi, ainsi je ne pouvais qu'être d'accord avec eux. Mais à la différence des histoires pour enfants ma version était la plus juste car j'avais vu le massacre qui avait lieu dans ce manoir. Pour mes compagnons Lothari ce n'était qu'un lieu, effrayant certes, mais qui pourrait servir d'abri face au mal qui nous chassait. Sevel ne devait y voir qu'un lieu lugubre de son côté mais rien de plus. Il faut dire que personne à par moi ne pouvait se douter de l'horreur de ce lieu. Mais peut-être que mes souvenirs furent à ce moment trompé par mon inconscient et qu'au final je n'aurais fait que rêvé du malheur qui avait touché tous les habitants du manoir. C'est ce que j'essayais de me faire croire depuis des années pour ainsi me faire déculpabiliser. Je m'évertuer a vrai dire à m'illusionner en tentant de faire passer ce lieu pour une simple visions passagère. Comme si je n'y étais jamais venu, comme si je n'y avais jamais vécu. Mais finalement j'allais bientôt briser tout le travail que j'avais sur moi-même au moment ou je poserai le pied en ce lieu. Car mon passé aller faire surface tel un serpent prêt à saisir un mulot, à la gorge.

Pendant que je me perdais dans mes souvenir et mes pensées nous pénétrâmes dans une cour où une vielle charrue au bois moisi, ainsi qu'une étable tombant en ruine, nous faisaient face. Encore devant se trouvait une grande porte à deux battants ou plutôt ce qu'il en restait. Juste à l'intérieur nous pouvions voir dans l'obscurité un hall parsemé de racines et de plantes. Je regardai alors mes deux compagnons guerriers et rapidement ils comprirent ce que je désirais d'eux. Il leur fallait pénétrer en ce lieu, siège de légende Lothari et s'assurer de la sureté de ce dernier. Et ainsi je les vis s'enfoncer dans la noirceur de ce hall après s'être légèrement débattu avec l'entrée. Leurs pas résonnèrent sur le sol craquelant puis on ne les entendit plus pendant une heure.

Que faisait -il donc pendant tout ce temps. Étaient-ils morts ou dévorés par une chose affreuse. Le mystère était complet pour moi et les deux invalides qui m'accompagnait. Qu'était-il donc arrivé à nos soldats, les deux seuls en capacité de nous défendre. Je faisais ainsi les cent pas pour oublier ma crainte.

Puis brusquement la tête de Pershief apparut par la porte. D'un geste de la main il nous fit signe d'entrer. Je relevais le jeune Lionnais et je m'occuper de passer Bogdan à son compatriote.

Dans le hall Oleg se tenait les bras ballants l'épée en main le casque sous le bras révélant ses cheveux longs tressé. Il regardait fixement un grand tableau poussiéreux et écaillé ou apparaissait le visage d'une jeune femme, très belle. Même en sachant que les peintres embellissent leurs clients elle était d'une beauté immense. De longs cheveux sombres coulait sur ses épaules et sur une somptueuse robe blanche en accord avec ses yeux d'acier.

Je fus alors pris d'un élan de mélancolie face à cette image et sans dire un mot je montais l'escalier centrale dont les marches grincèrent lourdement sous mes pas. Je tremblais d'excitation et de peur mélangés. Mon souffle s'accélérait. Sous ma peau un frisson passa qui précéda une chaleur étouffante. Et enfin je passai une porte, brisé, en morceau. Je savais tout à fait qui avait cela il y a déjà trente ans. A l'intérieur des ossements presque tombés en poussière et deux lames dévoré par le temps. Puis en face une dernière porte. La porte que je n'osais passer.

Je vous ai menti cher lecteur, en disant que j'étais tout à fait humain. Mon histoire et ma naissance remontent à longtemps ici même dans ce manoir. Ma mère fut humaine, et pour ce qui fut de mon père, on ne peut pas vraiment dire que j'en eu un. Mais avant tout, avant d'expliquer ce que je suis, je me dois de finir cette courte histoire qui me concerne plus que tout au monde. 

La main de libertéWhere stories live. Discover now