✧*̥˚ chapitre vingt-six

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— Enfant, on rêvait d’être grand, d’être un adulte. D’avoir des responsabilités, que nos parents nous lâchent pour aller jouer dehors tout seul sans eux. Pour nous, être un adulte c’était devenir libre.

Hadley se rend aux casiers, baillant à s’en décrocher la mâchoire derrière la porte de son casier. Elle prend quelques affaires ; ce n’est pas la peine de se charger, le cours de philosophie aujourd’hui est consacré au débat et à la discussion, pendant deux heures, ce qui n’est pas pour plaire à Hadley, qui préférerait dormir. Mais elle doit y aller, cela fait partie de sa journée, et elle n’est pas du genre à sécher. La sonnerie retentit, et la jeune femme se rend à sa classe. Là-bas, sa mauvaise surprise l’attendait : Romeo est appuyé contre le mur juste avant la porte. Hadley lève le menton, et lui passe devant, non sans lui effleurer l’épaule, presque à le bousculer. Elle ne cèdera à rien, pas même à ses beaux yeux.

Elle va s’asseoir à sa place, et le regarde en coin, s’installer dans le fond. La jeune femme soupire, et se concentre sur le cours. Le professeur écrit une phrase au tableau :

« Grandir ». Grandir ? C’est-à-dire ? demande un élève.

— C’est à vous d’y réfléchir, répond-il.

Hadley prend un stylo, une feuille vierge, et commence à écrire.

— Ça commençait avec des “plus tard je serai…”, et on était qui on voulait. Des policiers, des chanteuses, des pompiers, des danseuses… Des rêves d’enfants, que l’on n’accomplirait pas, parce que ce n’étaient que des rêves d’enfants. Alors est venu le temps de devenir un adolescent, et tous les problèmes qui s’ensuivent. Je le reconnais, il n’y a pas que des problèmes. Il y a aussi des responsabilités.

Zara se réveille en sursaut, et regarde son réveil : il est six heures du matin. Elle a encore du temps, elle n’a pas cours avant neuf heures. Mais elle se lève tout de même, attrape son ordinateur et retourne dans ses draps. Quand elle l’allume, puis le déverrouille, un site Internet s’affiche. Ses lèvres se plissent vers l’intérieur, et ses sourcils se froncent. Tout semble si flou, elle ne sait plus quoi penser, quoi faire. Prise entre deux décisions, un dilemme à supporter seule, parce qu’il ne doit pas être au courant. Non, elle trouvera le bon moment pour le lui dire… Ce soir, pour la remise des diplômes. Déjà, pense-t-elle. C’est déjà la fin du lycée. La rentrée lui semble pourtant si proche, elle en a un frisson. Le temps passe trop vite, bien trop vite. Mais la nouvelle rentrée est tout aussi proche, dans seulement trois mois. Non, deux mois pour elle, si elle prend un choix plutôt qu’un autre. Un mois de moins auprès de Charlie. Son coeur se serre, elle rabat l’écran de l’ordinateur, le pose sur le tapis par terre, et s’enroule dans les draps, essayant désespérément de se rendormir pour oublier un ce stress. Trop de responsabilités s’accumulent sur ses épaules d’un seul coup.

— Ah, ces responsabilités. D’abord, il faut travailler à l’école, c’est de notre devoir d’être bon, pour passer au niveau suivant, puis recommencer encore beaucoup de fois, pour que nos parents soient fiers de nous. Adolescent, on doit aussi se prendre en charge. Et ce n’est plus une question de jouer seul dans le jardin sans les parents. C’est garder le petit dernier, surveiller la nourriture au four ou sur le feu, c’est commencer à regarder les journaux pour des petites annonces de boulots à temps-méga-partiel. C’est devenir peu à peu quelqu’un de grand et de responsable, parce qu’outre le fait que nos parents ne nous surveillent plus dans le jardin, ils se reculent à petits pas pour nous laisser entrer dans la vie de presque jeunes adultes.

The Golden GenerationTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon