Chapitre 11 : Pêche au homard

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Je m'éveille avec des plaques rouges qui courent mes avant-bras.

Je parie que c'est à cause du produit d'hier soir. Putain. En même temps, il n'arrêtait pas de m'en mettre dessus. Cet imbécile de Phun ! Mes bras sont couverts de taches rougeâtres, désormais. Me voilà défiguré !

Je plaisante ! Ce ne sont que de petites marques. Ce n'est rien. Comme si cela suffisait à éclipser ma beauté, haha ! Attendez. Quelqu'un vient de dire que j'étais prétentieux, ou je me trompe ? Faites attention à ce que vous dites !

En parlant de Phun, je me souviens que j'ai laissé ma montre chez lui. (Je l'avais avant de laver mon scooter. Je ne voulais pas que la pauvre se noie). Je ferais mieux de l'appeler et de lui demander de l'apporter au lycée. Je suis mort si je perds cette montre : car c'est mon grand-père qui me l'avait ramenée d'Australie.

Je l'appelle immédiatement.

J'ai dû essayer à deux reprises avant qu'il décroche. J'ai eu peur qu'il soit déjà parti au lycée et qu'il n'entende pas son téléphone sonner. Mais heureusement, il répond enfin !

— Hé, comment ça va, Noh ?

Purée, il a l'air vraiment endormi, ça me dégoûte. Ne me dites pas qu'il est toujours au lit ! Il est sept heures passées !

— Tu ne vas pas au lycée ? Comment ça se fait que tu sois encore endormi ?

Je lui fais la morale au téléphone, mais il trouve le culot de me bailler à la figure en retour.

— Non, je n'y vais pas aujourd'hui. Tu avais besoin de quelque chose ?

Comment ça ?

— Ouais, j'ai laissé ma montre chez toi.

— Ah, d'accord. Je te la garde. Je peux te la rapporter demain seulement ? Je ne pense pas aller au lycée aujourd'hui ?

— Oui, bien sûr. Mais comment ça se fait que tu ne viennes pas ?

Quelque part, c'était très indiscret, mais je n'ai pas pu m'empêcher de le lui demander. C'est le secrétaire du bureau des étudiants, et un des meilleurs élèves aussi, donc ça ne lui ressemble pas de décider de sécher les cours sur un coup de tête. D'autant plus que ce satané tournoi de foot arrive à grands pas, et que je le vois mal renoncer à ses responsabilités.

On dirait qu'au bout du fil, il hésite quelque peu (ou peut-être n'est-ce que mon imagination). Il finit par répondre.

— Je ne me sens pas très bien. On peut en parler plus tard ? Je suis vraiment crevé.

— Bien sûr.

Et je raccroche. Mais je suis toujours inquiet.

Alors comme ça, il ne se sent pas bien...

Mon téléphone m'indique qu'il est huit heures passées, désormais. Je suis juste devant chez lui. C'est le troisième jour d'affilée que je m'invite chez lui. Je vais finir par prendre un abonnement si ça continue...

Que dois-je faire ? Sonner ? Je me creuse la tête en faisant des allers retours devant la grille de métal forgé. Que dois-je faire ? Vraiment ! Il est presque neuf heures, maintenant. Je veux juste savoir ce qui ne va pas et pourquoi il ne va pas au lycée. Et si ce n'est pas ce que je crains, alors j'irai au lycée ensuite. Mais si c'est ce que je crains...

Arg ! Je dois juste aller voir s'il va bien !

— Oh, Monsieur Noh ! Vous êtes là pour visiter le jeune Maître ?

La chance est de mon côté ce matin. Madame Noi passait justement de ce côté. Je me rue immédiatement près de la grille.

— Oui, qu'arrive-t-il à Phun ?

— Il ne se sent pas très bien. Mais pourquoi n'entreriez-vous pas, Monsieur Noh ?

La vieille femme ouvre la petite porte pour me laisser entrer. Je la salue avec respect avant de me diriger vers la maison.

— Alors, que lui arrive-t-il ?

Ne croyez pas que je vais abandonner si rapidement. Mais elle m'adresse simplement un léger sourire au lieu de me répondre.

Ne me dites pas que... Pang et vous partagez les mêmes délires bizarres, Madame !

— Montez le voir, Monsieur Noh. Il dort dans sa chambre.

Putain. Eh bien ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent (et ce n'est pas comme si je ne commençais pas à en avoir l'habitude, maintenant). Je lui adresse un signe de la tête avant d'entrer dans cette maison dans laquelle je commence à avoir mes marques.

Le couloir du second étage est resplendissant : il vient juste d'être ciré. La porte en bois sculpté qui se présente devant moi est celle de la chambre de Phun. Je m'avance directement, avant de m'arrêter au dernier moment. Je réfléchis.

Arg ! Je dois entrer, maintenant ! Je suis déjà venu jusqu'ici. Je baisse la poignée et entre. Vous pensiez vraiment que j'allais toquer avant d'entrer ? Vous pouvez toujours rêver.

— Hé, Phun !

Je crie fort, sans aucune délicatesse (et sans la moindre politesse). Mais je m'interromps immédiatement lorsque je vois que celui que je viens d'appeler ronfle paisiblement, étalé sur son lit. Il a l'air tout à fait épuisé.

Wow. Son corps est rouge comme un homard bien cuit (j'ai faim). Donc j'avais raison, finalement. J'abandonne mon sac près de la porte et je m'approche de lui.

La peau de Phun est habituellement très claire, avec juste une petite teinte dorée. Mais maintenant, sa peau est rouge vif, comme celle des gens qui font des réactions allergiques. On dirait exactement la même chose que ce que j'ai trouvé sur mes bras lorsque je me suis réveillé ce matin, mais chez Phun, cela ne se limite pas à ses seuls bras : il en est littéralement couvert de la tête aux pieds. Et ça a l'air incroyablement désagréable et effrayant.

Je pense que l'on sait de qui c'est la faute. Après tout, c'est moi qui ai décidé de m'arrêter avant d'aller au lycée. D'autant plus que si j'avais découvert ça après coup, je m'en serais probablement voulu à mort.

— Tu as la peau sensible mais t'as voulu continuer à faire le con et à jouer.

Je continue à m'adresser des sermons tandis que je m'assieds en silence sur un coin du lit. Je jette un regard alentours et aperçois des boîtes d'antihistaminiques ouverts et une bouteille d'eau. Sans doute qu'il les a déjà pris. C'est mieux que rien.

— C'est toi qui m'a aspergé de produit.

Oh, il est pas endormi ! Eh bah. Ce connard sait bien faire semblant.


* * *


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[Traduction] LovesickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant