Chapitre 3 : Pour le meilleur et pour le pire

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Phun a mis des plombes à me traîner dans la maison. (Je jure sur ma vie que j'ai vraiment essayé de résister, mais je n'ai franchement rien pu y faire comme il est plus costaud que je ne le suis). Maintenant, mon petit cul mort de trouille est confortablement installé sous quelque arbre de son jardin.

Phun me fixe, et on dirait qu'il y a dix millions de trucs dont il voudrait me parler mais qu'il ne sait pas par où commencer...

Personnellement, je ne suis pas extrêmement sûr de savoir si j'ai envie d'écouter ce qu'il a à me dire...

— Noh !

Il prononce enfin mon nom. Et j'ai bondi de ma chaise. Et maintenant, je fais quoi ? Je cours ? Je creuse ma tombe ? J'appelle les flics ? Je fais le signe de Batman ?

— Noh, s'il te plaît, écoute-moi.

Mais j'en ai vraiment pas envie !

Phun a son regard planté dans le mien. Il voit très clairement dans quel état tout cela me met, et laisse échapper un soupir.

— Je ne suis pas gay. J'ai déjà une petite amie. Une petite amie femelle. Tu la connais en plus. Aim.

Qu'est-ce qui ne va pas chez ce mec ? Pourquoi il répète des trucs en boucle comme ça ?

Cependant, ce qu'il dit est pas bête. Je me sens mieux maintenant.

Pour faire genre, j'acquiesce brièvement de la tête en guise de réponse. Car en réalité, je suis au courant qu'Aim est la petite amie de Phun. Elle a notre âge, mais elle n'est pas dans notre lycée. (En même temps, on voit mal comment elle aurait pu : nous sommes dans un lycée pour garçons). Aim est très belle, mais vraiment très belle : elle est belle même sans maquillage. Elle est toujours à la mode, comme toutes les filles de son standing. En somme, si elle est votre petite amie, il n'y a pas moyen qu'elle vous fasse honte. Surtout quand elle vient devant notre lycée : tout le monde la regarde en bavant.

Et tout le monde dit qu'Aim et Phun sont le couple parfait. Pour tout dire, je fais partie de ces gens-là. Ils ont vraiment l'air d'être faits l'un pour l'autre.

Aussi, je ne peux m'empêcher d'être curieux d'entendre ce que Phun va dire ensuite.

— Mais... Je voudrais que tu sortes avec moi, Noh.

Putain. J'en ai marre qu'il me dise ça !

— Très bien, Phun. Je n'ai pas changé d'avis par rapport à tout à l'heure. Je crois que je vais y aller, j'en ai assez entendu.

Je me lève d'un bond, prêt à partir. Je ne plaisante pas ! Je ne le comprends pas du tout. Pourquoi il est assis là à essayer de me convaincre qu'il n'est pas gay ? Il a même argumenté au sujet de sa petite amie. Mais juste après il me dit qu'il veut faire des choses pas très catho avec moi !

— Ma famille me force à sortir avec quelqu'un. Je n'ai pas vraiment la possibilité d'aller contre la volonté de mes parents. Seule ma petite sœur peut m'aider. Et elle m'a dit que si j'avais un petit ami, alors elle consentirait à me donner un coup de main.

Hein ? Quoi ? Il a parlé tellement vite pour dire tellement de choses que j'ai tellement rien compris à ce qu'il a baragouiné. Je sais juste qu'il mérite peut-être que j'écoute au moins ce qu'il a à me dire.

— C'était quoi, ça ? Articule, j'ai rien pigé.

— J'ai dit que ma famille me forçait à sortir avec quelqu'un.

Phun laisse échapper un énorme soupir avant de poursuivre. Pendant ce temps, je reviens m'asseoir près de lui.

— Et... ?

[Traduction] LovesickWhere stories live. Discover now