Chapitre 10 : Une journée invraisemblable

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Il dirige le jet vers moi. Je suis définitivement totalement trempé.

— Tu m'énervais, à conserver ton t-shirt.

Parce que je suis censé laisser sans rien dire les moustiques me pomper le sang ? Non mais !

Je lui lance un peu de mousse.

— Finis de prendre ton bain pour que je puisse brosser ton pelage.

Son corps entier est désormais recouvert de bulles. J'éclate de rire à la vue de son expression.

— Putain ! Je vais avoir la peau tout irritée maintenant !

— C'est ton problème !

Je tente d'esquiver l'éponge qu'il lance vers moi, sans succès. Nous sommes tous deux recouverts de produit de lavage pour voiture, désormais.

Si l'un de nous tombe, il entraîne l'autre avec lui.

Il ne semble pas plus décidé à laisser tomber que je ne le suis. Il me poursuit et tente d'arracher mon débardeur. Je ne savais pas Phun bagarreur ! Mais c'est sacrément amusant. Comme s'il était capable de m'attraper et de me déshabiller ! Il peut toujours courir. Je cours hors de sa portée.

Nous tournons autour du scooter un temps. Il ne parvient toujours pas à m'attraper, mais le sol du garage devient une véritable patinoire, sans compter l'eau, le produit qui s'est répandu au sol, et d'autres choses moins identifiables. Et pour couronner le tout, je glisse sur l'éponge que Phun m'avait envoyé tout à l'heure (celle que je n'avais pas réussi à esquiver), et je perds l'équilibre.

— Aaaahhhhh !

Je crie en m'attendant à me faire mal ? Qu'est-ce qu'il va se passer si je me fais mal et que je suis obligé de passer encore une nuit dans cette maison ? (Cela serait plus effrayant encore que de devoir passer une nuit à l'hôpital).

— Aïe !

Mais je ne suis pas celui qui laisse échapper ce petit cri de douleur. Je garde mes yeux bien clos, mais je remarque que je ne ressens aucune forme de douleur.

— Hé ! À quoi tu joues, à faire le chevalier ? Tu t'es fais mal ?

Je réalise que Phun a amorti ma chute. Je n'arrive pas à me retenir de le réprimander. Ce n'est pas son rôle de faire le chevalier. Je ne suis pas une princesse. Et je parie que tu t'es vraiment fait mal, espèce d'imbécile de Phun !

— Qui t'a dit que j'avais fait le chevalier ? C'est toi qui m'es tombé dessus !

Oh, ah bon ? Oups. Désolé. Mon visage montre combien je suis embarrassé tandis que je m'écarte de lui. (Je suis actuellement trempé comme une soupe : on pourrait remplir des seaux entiers en m'essorant). Je pense cependant qu'il n'a pas réalisé qu'il me tient encore par la taille.

Mais vous savez ce qui est plus incroyable encore ? C'est qu'une certaine personne a vraiment le sens du timing.

— Phun ? Noh... ?

Mon vieux scooter (même s'il vient d'être lavé) rugit en descendant la rue noyée dans l'obscurité, juste avant de s'arrêter devant chez moi.

— C'est ici ?

Il range le scooter devant la grille bleu nuit. C'est la première fois qu'il vient ici. Ma maison n'est pas aussi grande que le palace de Phun.

— Ouais, c'est ici. Désolé, c'est pas foufou. Haha.

J'opte pour un ton sarcastique, faute de mieux. Je descends de l'arrière du scooter : car Phun est celui qui m'a conduit jusqu'ici, sur ordre de Pang. Bien entendu, si nous n'avions pas fait les choses comme elle le souhaitait, je n'aurais jamais été autorisé à partir. Et je me serais retrouvé à passer une autre nuit avec lui. Un vrai cauchemar ! Si je venais à passer une autre nuit avec lui, il serait capable de venir demander ma main à mes parents. Car j'ai des parents, vous savez ! (Et je les appelle Ma et Pa.)

Vous vous demandez probablement ce qu'il s'est passé après que Phun et moi sommes tombés l'un sur l'autre grâce à cette putain d'éponge alors que nous lavions mon scooter. Il n'est probablement pas très difficile de deviner que Pang, la petite sœur de Phun, mais également connue sous le nom de Madame Fujoshi, nous a vu. (Comme on dit, elle est arrivée juste au bon moment...) Je ne sais pas si c'était une bonne chose ou pas. D'un côté, je suppose que c'était une bonne chose pour Phun, mais pour moi, c'était vraiment horrible ! Et nous avons fini à nous fixer les yeux dans les yeux, pendant que Pang, qui avait laissé tomber les serviettes qu'elle apportait, s'enfuyait en hurlant (de joie).

C'était hilarant, cependant. Avec Phun, nous n'en pouvions plus, nous nous sommes littéralement roulés par terre (alors que je lui avais déjà roulé dessus) ! En somme, nous nous sommes convertis en vieux chiffons et nous avons nettoyé le sol du garage.

J'ai regardé le ciel noir (il n'y avait pas tant d'étoiles), allongé sur le sol (sale). C'était beau, et quelque part, je me sentais bien.

— De quoi tu parles ? Moi je la trouve bien, ta maison.

Il m'arrache à ma rêverie. (J'avais presque oublié de quoi nous parlions). Il m'aide à rentrer le scooter à l'intérieur après que j'ai ouvert la grille. Puis je la referme avant d'ouvrir la plus petite porte afin qu'il puisse partir.

— Si tu le dis. Rentre bien. Je ne te raccompagne pas.

Car ça aurait été complètement ridicule. Nous n'aurions cessé toute la nuit de nous raccompagner chacun, tout à tour. Il laisse échapper un petit rire avant de me dire au revoir et de partir.

— Ah, et pour le budget de ton club.

Désormais, il parle d'un sujet qui mobilise toute mon attention.

— Je fais ce que je peux, mais tu vas devoir patienter un peu. Cela dit, je te promets que tu l'auras.

Je suis tellement heureux de l'entendre dire ça.

J'acquiesce et je lui souris en retour. Il me fait un petit signe de la main en guise d'au revoir avant de repartir. Aujourd'hui a été une journée chaotique, mais plutôt amusante.

Finalement, apprendre à connaître cette autre face de la personnalité de Phun, c'était vraiment sympa...


* * *


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[Traduction] Lovesickحيث تعيش القصص. اكتشف الآن