Chapitre 5 : Je suis grillé

56 5 9
                                    

Je me suis pointé au lycée totalement fourbu et épuisé...

Hum... Ne vous faites pas d'idées bizarres. Je sais ce que vous pensez, étant donné que techniquement, je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière. Mais je jure qu'il ne s'est rien passé de sale ! Je le jure !

Enfin, comment étais-je censé trouver le sommeil avec Phun juste à mes côtés ? Bien entendu, nous nous connaissons, mais comme je l'ai déjà dit, nous ne sommes pas particulièrement proches. (En fait, nous ne sommes pas proches du tout, fin de l'histoire : nous ne sommes que des inconnus qui se sont déjà croisés dans un couloir.)

Aussi, comment vouliez-vous que j'arrive à partager le même lit que lui ? Et dans sa propre maison ? Le plus loin que j'avais jamais été, c'était le jardin (il y a plus de deux ans). Et tout à coup, notre relation change du tout au tout, jusqu'à ce que je passe la nuit en tête à tête avec lui ! C'était trop précipité. En plus, tout ça n'est arrivé qu'en l'espace d'une seule journée.

Je n'étais tout simplement préparé à rien de tout cela.

Mais pour être honnête, cela ne m'a pas tant dérangé de passer la nuit là-bas. Je n'étais pas trop inquiet. J'ai pris une douche, j'ai emprunté un de ses pyjamas. (Pour des questions de sécurité évidentes, j'avais renoncé à porter un débardeur comme je le fais d'ordinaire). Nous avons même papoté un peu. Au début, nous étions partis pour jouer un peu avec son Xbox 360 toute neuve, puisqu'il m'avait demandé si cela me tentait. Mais je n'étais pas véritablement d'humeur. Finalement, Phun a éteint les lumières et nous nous sommes couchés.

Comme sa famille est riche, son lit est gigantesque. Nous aurions pu nous rouler dans tous les sens si nous l'avions voulu. En réalité, on aurait pu y faire dormir aisément trois ou quatre personnes.

Mais je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter tout ça.

Pang a soudain ouvert la porte la nuit dernière !

Phun m'a saisi. (Il était à l'autre extrémité du lit, et nous étions même séparés par un traversion). J'étais sur le point de sombrer lorsqu'il m'a pris dans ses bras.

Il m'a pris dans ses bras ! C'est vraiment arrivé ! Putain de merde !

J'ai tenté de faire de mon mieux pour me dégager. J'ai essayé de le repousser, mais je ne faisais pas le poids face à sa force. Ce con est beaucoup trop fort ! Il semble tout fin, mais il ne faut pas le sous-estimer. Et puis autre chose : il était dans une position qui lui donnait un avantage certain. Tout ce que je pouvais faire, c'était me débattre entre ses bras.

— Juste une seconde.

Il a chuchoté pour me calmer et que j'arrête de remuer. Il a ensuite fait semblant de se réveiller à l'instant et a levé la tête pour regarder sa petite sœur qui le regardait, stupéfaite. Elle était choquée de voir son grand frère tenir dans ses bras son petit ami dans le lit. (Mais si vous regardez bien, j'essaie de résister, hein !)

— Qu'est-ce qu'il y a, Pang ?

Est-ce qu'ils vont enfin cesser de parler et qu'elle va s'en aller ?

— J'ai... apporté quelques couvertures de plus je... j'avais peur que Noh ait un peu froid.

Elle semblait terriblement choquée, mais on distinguait sur son visage un air joyeux. Oh, non. Pang ! Je ne veux pas savoir ce qu'il se passe dans ta tête !

— Pas de problème, Pang.

Tandis que Phun lui répondait, je sentais qu'il raffermissait son étreinte.

J'ai fait semblant d'être mort et de ne plus me rendre compte de ce qui arrivait.

— Noh n'aura pas froid...

Je n'avais pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir quelle expression arborait Phun. Tout comme je connaissais celle de Pang.

Pourquoi ces deux-là n'arrêtent-ils pas de faire chier les autres ?

— Oui... j'avais oublié. Héhé. Je ne vous embêterai plus, alors. Je vais fermer la porte à clé.

Clic clac.

Et nous avons dormi séparément cette nuit-là. Aucun de nous n'a pris la couverture (dans un souci d'égalité, puisqu'il n'y en avait qu'une). Phun a réglé le thermostat autour de 25 degrés, de sorte qu'aucun de nous n'ait froid. Mais pour autant, j'ai terriblement peiné à trouver le sommeil.

Retour à la réalité. A la seconde même où j'ouvre la porte de ma salle de classe, tout le monde me fixe du regard.

Eh bah quoi ? Ils ont jamais vu de beau gosse dans leur vie ?

— Eh ! Pourquoi vous me regardez tous ?

Je lance la question en même temps que mon sac (ou celui de Phun plutôt) sur mon bureau. Je tente d'éviter le regard de mes camarades. Je ne veux pas qu'ils commencent à se douter de quelque chose. (Mais j'avais oublié que c'était justement ce genre de choses qui me rendait suspect).

— C'est l'uniforme de qui que tu portes ?

Putain. Comment est-ce que Keng a su ? Parfois, je me dis que c'est pas un hasard s'il n'y a qu'une lettre de différence avec « king ».

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Mais ce n'est pas comme si j'étais du genre à me laisser faire si facilement ! Je m'en fous d'avoir raison ou tort, je vais juste défendre mon morceau. Même comme j'évite son regard, je me demande s'il m'a cru.

— Pourquoi tu étais de nier ? C'est totalement évident que ce n'est pas ton uniforme. Déjà, ce n'est pas ton nom qu'il y a dessus. Et il est aussi beaucoup trop grand pour toi, à moins que tu n'aies rétréci au lavage durant la nuit.

Il est beaucoup trop perspicace !

— En plus, ce n'est même pas ton sac non plus. Le tien a un sticker pourave dessus, alors qu'il n'y a rien sur celui-ci.

Regardez-le décortiquer chaque petit détail !

— Du coup... où est-ce que t'as dormi la nuit dernière ?


* * *


Un vote c'est un sourire, un commentaire un petit signe de la main. C'est simple mais précieux. Pensez-y. 

[Traduction] LovesickWhere stories live. Discover now