Double Reflet

Easily [Lexa]

J'ouvre les yeux. Blanc. Si chaud. Si doux.
Pourquoi ?
C'est tellement lumineux que je suis aveuglé. Shit. C'est la même sensation qu'un champ recouvert de neige ; la blancheur incandescente de l'hiver. Je m'y croirais presque si je n'avais pas aussi chaud. Je déteste toute cette lumière. Mon dos est contre quelque chose de dure, mais malgré tout je me sens bien car la douceur me fait penser au nuage. Je constate que je suis dans la bibliothèque, étendu de tout mon long sur le sol duveteux. Qu'est-ce que je fais ici déjà ? Mon corps me semble lourd alors j'évite précautionneusement le moindre mouvement. J'en profite pour laisser mes pensées partir, sans les écouter, laissant mon esprit vide. Comblant un besoin de faire le ménage de mes problèmes, de mes émotions. Tranquillement, mes sens me reviennent et mes pensées aussi. Une migraine apparait et mes yeux pleurent, sensible à tous les stimuli. Argn. D'un mouvement lent, j'abaisse les lunettes que j'avais visiblement encore sur la tête, sans plus de geste. J'aurais eu l'air bête qu'elle n'y soit plus. J'ai l'impression de brûler de l'intérieur. Si je n'étais pas autant lasse, je me jetterai dans le premier plan d'eau pour éteindre ce feu. Je me rappelle que j'ai passé la nuit à boire pour éviter de penser ; le moment où je devrai pensée à comment je suis arrivée ici. Lorsqu'Hope s'est levé, je l'ai évité et je me suis caché dans la bibliothèque. Les premiers jours, j'ai compris en peu de temps que lorsqu'elle travaille, le matin elle n'y passe jamais.

C'est simple : Sa chambre, la salle de bain de l'étage, la cuisine et elle sort. Jamais plus, jamais moins. Toujours la même routine assommante.

L'éviter est presque devenue trop facile et je ne sais plus quoi faire de ma peau. Je me sens comme un déchet. J'ai honte que cet épisode est un trou noir, que de vague souvenir, mais je n'ai franchement aucune envie de m'en souvenir. Pourquoi je ne suis pas plus forte que ça ? J'ai peur de savoir ce que j'ai fait pour en arriver là, de savoir pourquoi j'ai quitté ce centre d'hébergement. Je suis bien plus faible que je le laisse entendre finalement.

''Centre pour personne problématique de la société'', en gros un endroit où on tient en laisse les déchets qui ne devraient pas exister.

Cependant, fuir Hope, ne m'aide vraiment pas. Je me sens encore plus mal car je reste enfermé à longueur de journée, sans mon téléphone, seule. Okay c'est moi qui le veut, mais j'ai accepté ces termes et je n'ai qu'une parole. Je suis authentique. Elle est à l'extérieur alors je dois rester et lorsqu'elle est là, je me vois mal aller en discothèque ou faire n'importe quel activité que je faisais auparavant. Je ne veux pas lui causer plus de problème.. Et malgré moi, je l'apprécie. Je suis dans un fouillis d'émotion que je découvre à peine et je viens de comprendre que je ne sais pas qui je suis.

Ce que je sais de moi : que j'aime particulièrement le sexe, plus que tout autre chose, c'est grisant de la meilleure manière qui soit. Ce plaisir est une bénédiction.
Que j'aime l'alcool amer parce que je me sens en vie lorsque cette chaleur parcours mes veines, particulièrement le whiskey.
Que je déteste les cocktails fancy et le vin.
Que j'aime danser et faire la fête.
Que je déteste tous ce qui demande d'être assit et de réfléchir.
Que je trainais avec des gens que je n'aimais pas particulièrement, pour enfreindre les lois, pour simplement sentir le frisson du danger. Pour essayer de s'amuser comme on peut dans une vie misérable. J'aimais juste parce que je me sentais vivante et pour le moment, j'ai eu ma dose de danger.
Que je déteste l'autorité ou être redevable.
Lorsqu'on a rien et que la vie est merdique on en vient à aimer rien faire pour éviter de faire un truc qu'on déteste, à aimer envoyer chier l'autorité ou les gens pour rire juste un peu et se défouler.
Que je détestais ma vie sans le comprendre.

Maintenant je réalise à quel point j'étais pathétique et que je ne sais absolument rien de moi.
Je n'ai jamais cherché plus loin que ce dont je possédais déjà.