Un choix [Hope] P2

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Je ne suis pas sûr de vouloir bouger, mais même si c'était le cas je ne peux pas trop. Un mouvement de travers et je ne serai plus. Je soupire pour essayer de faire disparaître toute la tension de mon corps et reprendre le contrôle. Je la sens tressaillir au son de mon expiration et je tique au contact augmenter du couteau. Je ferme les yeux par réflexe, mais je ne tente pas de les rouvrir instantanément. La douleur diminue ma capacité à réfléchir, mais me motive grandement à agir. Il est temps que je choisisse ce que je vais faire ; tout faire pour la mettre à terre et appeler la police ou tout tenter pour l'aider. J'ouvre les yeux et j'observe son visage, qui est le nôtre, quelque seconde. J'apostrophe son regard au passage et je m'y plonge profondément. Je tente de comprendre beaucoup de chose comme si nous avons un lien particulier, ce qu'elle ressent, ce qu'elle a vécu et ce qu'elle veut. De plus, pourquoi le destin ou lui l'a mise sur mon chemin et je ne vois qu'une possibilité. L'accueillir. La protéger, car elle est moi. Alors que nos regards sont progressivement plongé l'un dans l'autre, jusqu'à atteindre le moment où rien d'autre que nous n'existe, quelque chose se passe. Je me sens de plus en plus électrisé par cette étrange connexion qui s'est installé. Je n'ai jamais ressenti une telle connexion avec quiconque. La peur s'est maintenant évaporé, mais chaque fois que je dégluti, la réalité me rattrape le temps d'un seconde. Cependant, à cet instant, ma décision est prise, car la peur n'est plus aussi intense qu'au départ. J'essaye donc de contrôler les tremblements de ma voix, en vint, et de la rendre aussi douce, chaleureuse, que possible.

« S'il te plaît, dépose ça, tu n'en as plus besoin »

J'allais ajouter quelque chose, mais je préfère refermer mes lèvres, laissant ma phrase en suspens. La surprise passe rapidement sur ses traits avant de se changer en méfiance. Il fallait bien que je me doute que cela ne serait pas aussi simple. J'ai bien entrevu, pendant un instant, dans ses traits qu'elle est simplement terrifiée, c'est donc logique qu'elle n'ait pas confiance en moi.

« Tu ne réussiras pas à m'avoir et n'essaye même pas de... »

Je la coupe brusquement irrité de son incertitude à me faire confiance, et même si je comprends, je ne veux pas y passer deux heures. Je parle beaucoup plus fort et énervé que je le voulais, mais toujours sans rompre notre contact visuel.

« Allez ! Je ne suis pas stupide. En plus tu vois bien que nous avons le même visage, essayons de ne pas nous entre-tuer avant d'avoir compris ce qui se passe. » Oups... Vais-je y passer ? Mais voyons, qu'est-ce qui m'a pris !

Visiblement désarçonner par mes paroles et mon ton, elle éloigne suffisamment la lame pour que je puisse prendre sa main dans ma paume. Nous avons toujours nos regards plongés l'un dans l'autre, dans un instant étrange et interminable. Elle non plus ne semble pas avoir envie de précipiter sa fin, mais elle se raidit à mon contact. Malheureusement, cela m'expulse de cette puissante connexion et, que l'espace d'un instant, j'ai l'impression d'à la fois suffoquer et de retrouver mon souffle. Cependant cette sensation disparaît aussi vite que cela à commencer. Je ne prends pas le temps de m'en remettre que je me précipite à lui reprendre le couteau. Je le pose sur le deuxième îlot, celui du milieu de la cuisine. Enfin ! Je ne suis plus en danger et c'est moi qui ait le dessus maintenant. J'expire toute l'air de mes poumons, soulagée.
J'ai à peine le temps de me demander si cette impression, après la rupture de notre connexion, a été réelle qu'elle fait un mouvement de recul. Cela me permet de me dégager et de me retourner face à elle, mais simultanément, elle tente de s'enfuir et c'est de justesse que j'arrive à prendre son poignet. Je n'ai même pas une seconde de répit ! C'est décourageant, mais j'imagine que je ne peux pas l'en blâmer. Elle veut sans doute évité les ennuis avec la police et ce n'est pas comme si j'avais déjà gagné sa confiance. Elle se retourne alors brusquement vers moi et son regard se dirige vers ma main qui est sur le comptoir. Je comprends tout à coup ce qui se passe ; je tiens encore le manche de l'outil de cuisine. Elle tentait juste de me mettre à distance, voire de s'enfuir pour que j'évite de l'envoyer à l'hôpital. À mon propos, certainement c'était un geste inconscient dicter par mon instinct, pour me sentir en sécurité. Je relève ma main au niveau de mon épaule et je me décale plus loin, pour lui montrer que je n'ai aucune intention déshonnête. Quelques secondes s'écoulent puis elle soupire lorsqu'elle constate que je n'ai pas l'envie de libérer son poignet. Face à son soupir, je lui sourie doucement et je prends une voix rassurante.

« Tu es en sécurité ici et s'il te plaît, ne tente plus de t'enfuir... » Je tourne mon regard vers mes légumes et reviens sur elle. « Commençons par apprendre à se connaitre et... As-tu besoin.. de faire le plein ? »

Double RefletWhere stories live. Discover now