Gentry (Haute bourgeoisie) [Lexa]

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Tout se passe si vite que c'est à peine si j'arrive à suivre. Elle me prend le couteau alors je tente de m'éloigner rapidement car je n'ai pas vraiment envie de finir en pâté pour chien. Cependant, elle me retient fermement la main et je ne peux retenir un soupir de découragement. Depuis quand on retient son agresseur ? Sérieusement. Puis elle affirme que je suis en sécurité, ce qui est totalement incompréhensible, et me propose ensuite de manger, d'un ton rieur, avec une blague de mauvais goût. Je suis vraiment sensé la croire ? Elle est pas normale dans sa caboche, si ? Elle va me livrer à la police à la première occasion, non ? Je me méfie inévitablement de cette fille qui me déconcerte affreusement. Nous avons les mêmes traits, mais nous semblons être à l'opposées. Je peux déjà l'affirmer à cause de nos vêtements et de sa piaule. Comment pourrait-elle être gentille avec moi alors que je viens de la menacer ? Sans parler de nos visages, elle devrait être terrifier. Nous savons rien l'une de l'autre, ni qui je suis et ni d'où je viens. Pourquoi elle a pas l'air terrifier ? Je ne sais pas quoi répondre, je suis interloquée, mais elle attend toujours une réponse. Je me reprends et impatiente de disparaître, mon ton devient sec et mon irritation s'en ressent d'autant plus.

« Quoi ? » Mais qu'est-ce qui cloche chez elle sérieux ! Laisse-moi partir !

Elle lève les yeux au ciel, presque amusée, avant de m'obliger à m'asseoir sur la chaise à côté de son trou à inutilité féminine. Elle est forcément tout aussi folle que le reste de la société. J'ai l'horrible impression d'être une enfant mise en punition. Je vois bien qu'elle ne me laissera pas partir, de toute façon, où irais-je ? Je soupire et m'affale de tout mon buste sur le comptoir. Sérieusement, comment j'en suis arrivée là ? What rubbish ! Je lève les yeux vers elle et je l'observe couper des légumes. C'est tellement étrange de se voir soi-même quand ce n'est pas dans un miroir, quand ce n'est pas complètement soi. Une longue seconde s'écoule. La voir agir comme si rien d'étrange c'était produit, me donne un semblant de sécurité. Un semblant de petit cocon remplit de douceur, de bien-être et de sérénité. Je n'ai jamais été capable de supporter la haute société, mais étrangement chez elle c'est agréable. Rassurant, voire maternel. Je crois que j'aurais aimée avoir une mère... Une mère comme elle. 

« Redresse-toi, c'est prêt. »  

À la grande douceur de son ton et la manière d'en faire un reproche, je me sens doublement comme une enfant. Un bruit de mécontentement, non voulu, sort d'entre mes lèvres, mais j'obéis malgré tout. Bien que je n'en ai aucun souvenir, j'en ai sans aucun doute été une et ça m'énerve qu'elle tente de me faire retomber en enfance. Je l'entends rire alors qu'elle se poste devant moi, mangeant tranquillement ses brocolis, mais je garde mon regard sur mon plat. Je suis vraiment supposé manger ça ? Je soupire car ce n'est pas comme si je pouvais me permettre de faire ma difficile. 

« Maintenant que ça s'est fait... Je suis Hope DeWitt et toi ? » dit-elle d'une petite voix en me présentant sa main, juste sous mon visage. Contrariée, je relève les yeux sur elle et j'y vois un éclair passé. « Oh, j'habite seule alors rassure-toi et fais comme chez toi. »

Je repousse sa main avec le revers de la mienne. Qu'est-ce que j'ai dit tantôt déjà ? Je crois que je le retire, c'est désagréable. Je prends le temps de finir ma salade de légume pour la faire languir, en gros je l'ignore de plus belle un bon instant. Elle ne dit rien et patiente sagement, ce qui m'irrite légèrement. Lorsque je prends la parole, j'engouffre mon regard dans le sien.

« Lexa » et alors qu'elle allait dire quelque chose, je me lève et d'une façon joueuse je mets mon index devant mes lèvres pour lui intimer le silence. Je contourne lentement l'îlot et, malicieuse, je me poste à quelque centimètre d'elle. C'est d'une voix mielleuse que je reprends. « C'est tout pour ce soir, j'ai eu une journée particulièrement... Active donc... Je vais te prendre au mot et aller me prélasser. Et explorer ta... Charmante demeure. »

Mes deux derniers mots se font plutôt sarcastique car à dire vrai, je la trouve trop parfaite et moderne, trop éblouissante et vide. C'est d'une simplicité et prévisibilité pénible. Je tourne brusquement les talons, satisfaite et le sourire au lèvre, je me dirige vers le bar. Je l'ai aperçu à l'instant où je suis entré dans ce que je présume être le salon. Je fais rapidement le tour des bouteilles des yeux. Crap ! J'en connais aucune. Foutu marque de bourgeoise. Je soupire et prend ce qui me semble être du scotch tout en me demandant ce que je fais encore ici. Alors que je trempe mes lèvres au goulot, je remarque que j'étais tellement concentrée à boire que je n'ai pas portée attention à Hope. Elle ne m'a ni suivi ni dit un mot, elle a tout simplement repris ses habitudes. Je verse le liquide dans un verre en vitre, tout en regardant vers la cuisine. Je ne la voie plus donc elle est sans doute partie à l'étage. Comment fait-elle ? C'est tellement étrange comme situation, comme réaction. 
Je prends le temps de faire le tour du rez de chaussée avec mon verre et la bouteille, pour m'éviter d'y retourner. Je jette un coup d'œil rapide au salon puis j'ouvre la porte proche du bar. Elle donne sur la salle de bain, moderne avec un air de chalet. N'étant pas intéressant, je ne m'y attarde pas et je contourne une armoire pour ouvrir une autre porte coulissante. Je me retrouve ainsi face à une bibliothèque et un œuf à pied. J'avance pour les contourner et je constate que c'est une grande pièce blanche semi-vide dont deux grands murs vitrés. Il y en a un devant moi et l'autre à ma droite. Une table y fait face avec quatre chaises bourgognes, proche de moi, et au fond de la pièce trône un grand piano à queue. J'ai à ma gauche deux grandes bibliothèques, qui une d'elle, crée le mur que je croyais avoir contourner. Derniers éléments, une barre en bois sur le seul mur libre, entre une grande porte vitrée, comme toutes les autres, et le piano. Je souris amusée. C'est immense !... Et plutôt sympathique. Je risque d'y passer le plus clair de mon temps, malgré sa grande blancheur. Les deux grandes portes laissent juste entrapercevoir des formes similairement aux autres et celle-ci, pour une fois, s'ouvre normalement. Cette pièce donne sur la salle à manger à air ouverte avec la cuisine, séparer par l'îlot où j'ai mangé précédemment. Je remarque d'ailleurs tout juste qu'il y est installé un petit aquarium fermer avec un mini plan de plantes sur le dessus. Trop petit pour faire pousser autre chose que des épices. Un sourire prend possession de mon visage en un rictus satisfait. J'ai quand même pogné le gros lot ! J'entends tout à coup Hope descendre, alors que je suis de retour dans la cuisine, ce qui coupe court à mes réflexions.

 « Le-lexa ? »

Je ris face à son hésitation, probablement face à l'incertitude de mon prénom, mais je continue de scruter la rue presque déserte. Je la vois alors apparaître dans mon champ de vision, mais tout de même pas assez pour distinguer son expression. J'hoche simplement la tête et sans préliminaire elle m'invite chaleureusement à voir un film avec elle – si j'en ai envie. Pourquoi pas, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire... À par boire. Je fourre ma bouteille et mon verre entre ses doigts, sans gêne, accompagner d'un sourire effronté. Sans perdre une seconde, je prends ses épaules entre mes mains et je la pousse jusqu'au sofa en L, où je me laisse tomber, m'affalant de tout mon long. Histoire de ne lui laisser aucune place et d'un regard malicieux, je la défie de me faire bouger. Elle me réprimande d'un regard sévère, mais je n'y crois pas une seconde. Ils sont bien trop scintillant d'amusement, et elle éclate de rire face à mon air faussement impressionné. It's crazy notre facilité à interagir et cette complicité qui s'est installée. Installée je ne sais quand d'ailleurs. Elle se fait une place sous mes jambes et nous tentons de trouver un film qui nous plaît à toutes les deux. Ce fut un peu difficile, mais funny. J'ai vraiment eu l'impression que nous étions comme ça depuis longtemps, comme deux sœurs qui ne s'aurait pas vu depuis une éternité. 

Double RefletWhere stories live. Discover now