Chapitre 31

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Des traces, un peu partout... Des légères sur mon ventre, d'autres plus profondes sur mes bras... Mes yeux rougis, avec les veines très visibles, sûrement dues aux substances illicites consommées plus tôt... Mes os se dessinent doucement. J'ai encore de la marge pour être réellement maigre, mais ça fait une semaine que je ne me nourris que le soir, de barres de céréales, et encore...

J'ai tout le temps faim, mais je préfère laisser la famine m'emparer, je préfère crever de faim. De toute façon, j'ai plus assez de force ni l'ambition de vouloir me nourrir.

Une larme salée coule sur ma joue. Non pas de tristesse ni de colère, une larme de douleur. La douleur d'avoir à affronter mon regard dans le miroir. Mon image semblable à celle d'un drogué, d'un cadavre squelettique presque en fin de vie, infesté de colère, de tristesse, de rancœur, de jalousie, de douleur, de souffrance, de torture, d'espérance, de ce parasite si "beau" appelé amour.

Ce parasite qui me détruit de l'intérieur, serrant les tripes, nouant mon estomac et poignardant mon cœur à chaque seconde, à chaque putain de seconde passée ici, sur terre, et pas en enfer, à chaque regard, à chaque fois que je le vois.

Cet être connu il y a des années, entré dans ma vie à un moment où je souhaitais juste être seul avec moi-même, où j'avais déjà été cabossé par l'absence de mon père. Finalement, c'était comme une renaissance. Je m'étais créé une carapace, forgée avec ma haine, mon amertume, mon dégoût, tout ça lié par mes larmes servant de colle, de cordes incassables. Et puis je t'ai connu et peu à peu, tu as commencé à détruire cette carapace sur j'avais mis des années à construire.

Tu m'as rendu faible. Certes, je l'étais à l'intérieur, mais j'essayais de le cacher. Peut-être que ma carapace si parfaite avait une faille. Une fissure si minuscule qu'il était dur de la trouver. Mais toi tu as réussi. Alors t'as pris ton marteau et commencé à taper dans ma dure carapace, à l'endroit de la fissure.

Des années plus tard, lorsque cette carapace si solide était de nouveau là, tu es revenu encore plus fort, tu y es entré et as pris le contrôle de mon cœur, faisant valser mes sentiments dans un tourbillon infini, tu as troublé mes principes, tout ce à quoi j'étais supposé croire.

Tout a commencé à vaciller, même les tours les plus solides ne résistaient pas à l'envie de bouger et rejoindre les autres dans cette danse infernale.

Et puis, tout s'est effondré lorsque tu en es ressorti. Tu es ressorti de cette carapace en emportant avec toi mon cœur, ma raison, toute ma joie, mes capacités à être rationnel, à aimer...

Maintenant, en plus d'avoir des débris à mes pieds, le néant plane autour de moi. Toutes les mauvaises ondes réunies en un nuage vivant sa vie au dessus de moi et déversant toutes ses larmes les plus assombries par les noires pensées qui m'ont très récemment traversé, les pires humeurs qu'un humain est capable de ressentir.

L'humain est capable de ressentir de telles horreurs, mais quand il s'agit de bonnes intentions?

Là, y'a plus personne.

L'eau chaude coulant sur ma peau encore brûlante me fait un bien fou. Je ferme les yeux et profite de ces rares moments où je me sens bien malgré la situation. Mes cheveux bruns tombent sur mon front. Un coup de shampoing et ils sont propres. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvé seul avec moi-même. Je veux dire, seul sans substances qui me tuent, sans bouteille à moitié vide, sans nicotine.

Quelques minutes plus tard, je sors de la douche et m'habille le plus simplement du monde. Je mets des vêtements pour me sentir à l'aise. J'entre dans ma chambre en attrapant un carnet et un stylo.

Je suis tout seul, on était tous les deux. Dis-moi tout ça, de quoi est-ce parti? Est-ce qu'on était vraiment mieux, ensemble? Je vois tout le monde sourire, j'ai l'impression de les connaître par cœur...

Une larme indomptable décide de n'en faire qu'à sa tête et roule sur ma joue, avant de s'écraser sur ma feuille, pile sur le mot cœur. L'encre pas encore séchée s'étale dans le liquide transparent, effaçant ce mot insignifiant seul, mais destructeur lorsqu'il est associé à d'autres, aussi insignifiants, seuls...

Bientôt, une perle la rejoint, puis une autre, puis encore une autre... Maintenant, c'est une pluie de larmes produites par mes yeux...

Je me lève de ma chaise et me laisse tomber sur mes genoux, laisse mes larmes couler, et ma voix s'exprimer librement.

Des cris étouffés sortent de ma gorge nouée, sèche, brûlante.

Mon téléphone sonne. Je laisse sonner, comme d'habitude. Je sais que c'est Max qui m'appelle, et il a dû me laisser une trentaine de messages vocaux en tout. Je m'en fiche. Il aura beau m'appeler autant de fois qu'il le voudra, je laisserai toujours sonner.

Peu importe que je sois collé ou même viré du lycée.

Tant que je ne le vois plus. Je souffre. C'est fou comme un geste peut tout changer, comme une rencontre peut changer son quotidien...

Des pas dans l'escalier, puis une entrée violente dans la pièce qui est censée me servir de chambre. Une porte fermée, un taquet tourné et un soupir, puis une masse qui se pose dans mon lit. Étant de dos, je ne vois rien.

-T'as l'intention de te tuer avec tout ça?
-Tout ça quoi? Répondis-je toujours de dos.
-Genre, alcool, drogue, tabac... Lame...

Soupir venant de ma bouche.

-J'ai plus de force. Plus assez pour survivre.
-Oh arrête Vincent. C'est pourtant simple, il suffit que tu passes du temps avec les gens que tu aimes...
-Mais la personne que j'aime ne veut plus de moi.
-Raconte ça à d'autres. Ne va pas me faire croire des choses aussi idiotes, je suis pas bête. Vous êtes 2 têtes de mule. Un soupir. Il souffre aussi tu sais. Même s'il fait semblant de rien devant les autres. Il veut pas passer pour un fragile, mais il l'est. En dehors du lycée, il fait pas grand-chose. D'habitude, on entend parler de lui pour des soirées bien arrosées chez les uns et les autres, des conneries faites au lycée qui le font marrer et j'en passe, mais là, rien.

Je me lève et me retourner vers cette personne.

-Je veux pas parler de lui. Mais pourquoi t'es là?
-Pour te voir.
-Mais qui t'a ouvert?
-Superman. Elle lève les yeux au ciel. Ta mère banane.

Malgré mon estomac me tiraillant pour avoir quelque chose à manger, ma gorge sèche et mon cœur qui ne demande qu'à être arraché pour ne plus que que je souffre, sa remarque m'arrache un sourire. Le premier depuis qu'il m'a dit ces quelques mots, plus que blessants...

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Holà! Désolée de pas avoir publié ce WE, j'ai eu une semaine et un week-end chargés, qui m'empêchaient d'écrire, plus quelques problèmes, rien de grave.

Donc j'espère que ce chapitre vous a plu :)
Qui pensez-vous que ce soit? 😮
La chanson est Nicotine Blues

Zoubis 😘

Love the life you live
Live the life you love

Compliqué (Aliex)Where stories live. Discover now