Compliqué (Aliex)

Chapitre 44

La boulette.

Les mots de Florie se suspendent dans l'air qui devient chaud, d'un coup. C'est comme un rêve éveillé que personne n'ose briser. Je suis surpris. Pas choqué, mais très surpris. Je ne m'attendais pas à ce que Florie déballe mon orientation sexuelle, comme ça, d'un seul coup.

-... Florie? est tout ce que j'arrive à dire, encore sous le choc.

Un des sourcils de ma mère se met à se lever, descendre, se lever encore et redescendre à nouveau. Un tic qu'elle a souvent quand elle est contrariée, surprise ou stressée. Ou les trois. Comme là.

Je fixe Florie un long moment, cherchant le sentiment de désolation qu'elle a effectivement dans son regard. Ses lèvres miment un 《désolée》silencieux. La table bouge sous mes mains avec un fracas de vaisselle, et l'ensemble de la famille se tourne vers mon père, debout devant sa chaise. Il me lance un regard dans lequel je peux voir un mélange de pitié et de ce sentiment de "je ne suis pas fier de toi", ce qui me brise le cœur sur place... Il s'en va à l'étage, et on peut entendre la porte de leur chambre se fermer. Je suppose qu'il va réfléchir...

- Rémi, est-ce la vérité? demande ma mère à voix basse, presque comme un souffle.

Je n'ose pas répondre - ou plutôt, j'ai peur de libérer mes larmes si je réponds - par la parole, alors je le fais par les gestes, en hochant la tête. Ma mère porte la main à sa bouche, l'enlève, ouvre la bouche, la referme, l'ouvre à nouveau et reporte sa main à sa bouche. Elle lance un regard à Florie, qui ne sait visiblement plus où se mettre, et sort de table pour rejoindre mon père en haut. Le silence n'est pas réconfortant du tout, il est pesant, me met mal à l'aise et m'opprime la poitrine. J'ai du mal à respirer, ma gorge se noue, mes pensées se cognent et s'entremêlent...

- Rémi?!

Florie fonce vers moi, voyant ma respiration lente et hachée. Elle me prend le bras et m'emmène sur le perron. L'air frais me fait du bien, mais franchement, j'ai encore du mal à respirer.

- Ca va passer, Rémi, ce n'est qu'une crise d'angoisse...

Ma sœur me rassure comme elle peut. Ça marche. Un peu. Je l'en remercie intérieurement et tente de calmer cette foutue crise d'angoisse. Mais l'air autiur de moi est si chaud, mes poumons se compriment tellement... Que va-t-il se passer? Est-ce que mes parents vont me jeter dehors? Je... J'ai du mal à réfléchir, mes pensées s'embrouillent... Pourquoi un brouillard apparaît tout-à-coup devant moi?! Qu'ai-je fait pour mériter ça?!

- Hé Rémi! Calme-toi! Regarde-moi dans les yeux!

J'obéis à Florie et la fixe.

- Compte dans ta tête s'il te plaît. Non, tu sais quoi? Compte à voix haute? dit-elle en entourant une de mes mains des siennes.

- Quoi! Mais Flor-

- Fais ce que je te dis. S'il te plaît.

Je ne comprends pqs très bien ce qu'elle cherche à faire. Mais en voyant son air confiant, et de toute façon, vu l'état second dans lequel je suis, je suis ses conseils et m'exécute.

- 1... 2... 3... 4...

Et à mesure que je compte, mes poumons se mettent à fonctionner normalement de nouveau, mon cœur reprend un rythme régulier et je respire à nouveau comme il faut. Je ne me sens plus étouffé, le brouillard s'est dissipé et le monde autour de moi tourne normalement.

- Ça va mieux?

- Wow... Florie... J'ignore comment tu connaissais tout ça, mais merci. Ça m'a vraiment aidé. Je... Merci.

Elle me sourit naturellement. Je préfère mille fois la voir sourire comme maintenant, plutôt que voir l'air inquiété qu'elle avait il y a quelques minutes sur son visage.

- C'est normal Rémi. Tu es mon frère. Je ne savais pas que tu faisais des crises d'angoisse... Je connais quelqu'un qui en fait, c'est mon... ami, et euh, bref, je sais comment t'aider dans ces cas-là.

Je hausse un sourcil. Pourquoi hésite-t-elle autant?

- A vrai dire, je ne crois pas en avoir déjà fait avant ce soir.

On s'assied tous les deux par terre, bercé dans cette intimité nouvelle qui s'offre à nous.

- ... ma faute.

- Quoi?

- Pardon, j'ai pensé à voix haute... dit-elle en baissant la tête, pendant que je l'observe de côté. Je disais, c'est de ma faute... C'est de ma faute si tu as fait cette crise d'angoisse, et si papa et maman savent maintenant pour... enfin tu vois... Désolée, vraiment...

- Hé Florie!

Je lui relève la tête pour qu'elle me regarde dans les yeux.

- Tu n'as pas à t'en vouloir. Ce n'était peut-être pas la bonne manière de le dire, mais maintenant c'est fait. Ils sont au courant et c'est ce qui importe. En fait, je ne sais pas si j'aurais eu les cou- pardon, le cran de leur dire, si tu ne l'avais pas fait... Je crois que je les aurais laissés me marier avec une fille piochée au pif. Alors pour ça, merci.

Ses yeux brillant d'émotions me regardent, et je me perds dans son magnifique regard.

- Rémi... Tu es beaucoup trop adorable! Je comprends que Vincent soit tombé amoureux de toi! Surtout aussi sensible qu'il est! dit-elle en me sautant dans les bras pour me faire un câlin.

- Ouais... je réponds en la serrant contre moi à mon tour.

Florie, si tu savais... Toutes les crasses que je lui ai faites, toutes les injures, tous les coups... Je ne comprends pas comment cet idiot peut bien aimer une pourriture comme moi!

- Dis donc Florie... C'est qui ce Evan?

- Euh...

Elle s'écarte de moi et fuit mon regard.

- Ne crois pas que je vais te lâcher avec ça!

Et ainsi commence une bagarre où nos chatouilles et nos interrogations se mêlent aux éclats de rires sincères. Je me dis qu'il reste un espoir, puisque ma sœur m'accepte tel que je suis. Je ne sais pas ce que je vais devenir, au sein de cette famille... Enfin, je veux dire... Est-ce que mes parents seront capables de passer outre le fait que je ne sois attiré que par des hommes? J'ai peur de rentrer chez moi, et qu'ils me demandent de sortir. Et de ne jamais revenir.

Mais je me dis en même temps que mes parents m'aiment beaucoup trop pour ça. Je reste leur enfant, après tout... Ils m'ont toujours aimé en pensant que j'étais hétéro, je ne vois pas en quoi l'annonce de ma réelle orientation sexuelle, changerait quelque chose dans leurs sentiments. Mais si c'est le cas... Je ne sais vraiment pas ce que je vais devenir. L'avenir est tellement incertain qu'il me fait peur.

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Ehhhh eh eh... Comment vous... allez? 😅
Je suis tellement embarrassée par cette longue absence! C'est d'autant plus idiot que je souhaitais réellement finir cette histoire rapidement. Mais voilà, j'ai perdu de la motivation, ma confiance en moi, n'en parlons même pas... J'ai essayé de prendre soin de mes relations le plus possible, j'ai passé des examens. J'ai eu d'autres envies en terme d'écriture, donc voilà où j'en suis...
Purée, quand je pense que ça fait au moins trois ans que cette histoire est en cours... Je me sens un peu honteuse, je l'avoue ahhh...
Bref, je l'ai dit dans le dernier chapitre, mais cette histoire touche très bientôt à sa fin. Je vous ferai un mot long comme le bras pour vous remercier quand ça sera le cas, mais je tenais quand même à déjà vous remercier, vous qui me lisez encore et qui me donnez espoir d'un jour faire de l'écriture un métier. Merci pour tout! Soyez heureux, vous méritez le monde! ♡

Allez, skiida!
愛してる 💚