Nucléaires 3 : Tiraillée

Chapitre 7

- Qui formera quel duo ? Demande rapidement Wenn, voulant savoir sa position.

- Nous verrons cela avec les autres tout à l'heure. Intervient Naos. Le soleil se couche bientôt, on doit y aller.

Je sens mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Maintenant que l'on est sur le point de partir je n'ai absolument plus aucune envie de participer.
Tu dois le faire pour enlever ce collier ! Ne fais pas la trouillarde !
Je me rappelle soudain de ce dont je voulais parler avec Naos hier soir, et un sentiment d'agacement se mêle à mon stress. Pour l'instant, le moment serait mal choisit, je peux toujours discuter après la mission.

*

Nous arrivons sous le pont presque en même temps que l'autre groupe, et personne ne perd de temps. Même si nous ne sommes pas vraiment pressés, le stress nous fait nous activer comme jamais. Les duos sont formés en si peu de temps que j'ai l'impression que tout le monde s'était déjà concerté à l'avance. Je serai donc avec Wenn pour poser les mines qui feront chuter le camion sur le côté. Heureusement pour moi, l'endroit est assez éloigné du centre scientifique pour ne pas me provoquer de décharges électriques par ce fichu collier.

Guiena servira de leurre avec l'un des trois inconnus, Naos et un autre placeront et tireront les grappins, et la femme de l'autre groupe et Morell prendront le rôle le plus dangereux et captureront l'homme.

En arrivant aux alentours des lieux tant redoutés, j'observe autour de moi, complètement sur mes gardes. Visiblement, le convoi était censé se dérouler dans la plus grande discrétion possible : pas un bruit ne se fait entendre, il n'y a personne dans la rue pouvant trahir l'éventuelle arrivée des véhicules.
D'un geste silencieux, chacun part de son côté désigné et je suis Wenn dans les petites ruelles avec précautions. Nous portons tous les deux une sacoche contenant les dizaines de petites mines pas encore enclenchées - il ne vaudrait mieux pas-, ce qui me procure la désagréable impression de pouvoir exploser à tout moment.
Après quelques détours, nous nous arrêtons le long d'un mur usé par le temps et observons la route principale plongée dans l'obscurité, que devrait tout à l'heure prendre le convoi.

- On va enclencher le mécanisme des mines ici, à l'abris des regards. Chuchote Wenn d'une voix entrecoupée par ses déglutissements. On les posera sur la route quelques minutes seulement avant l'arrivée de la camionnette.

Je hoche la tête fébrilement, ne prenant même pas la peine de répondre. Dans la journée, j'ai appris comment enclencher ces dangers ambulants qu'ils appellent mines. Ce sont des petits carrés de fer, comprenant un cercle qui enclenche le mécanisme lorsqu'il est enfoncé. Autrement dit : impossible de les mettre en état de marche avec autre chose que ses petits et fragiles doigts. Le seul point rassurant, c'est qu'il leur faut une sacrée pression dessus pour les faire exploser, et je ne pense pas être brute à ce point.

Au bout de quelques temps, un petit monticule de mines enclenchées se forme entre le jeune garçon et moi. Le silence qui règne est simplement entrecoupé par les cliquetis que font les mécanismes enclenchés des bombes. La dernière d'entre elle finit par être posée, complétant le tas qui nous fait face. Je jette un regard pas très rassuré à mon compagnon, qui me répond par un regard voulant apparemment dire "il n'y a rien à craindre" pas très convainquant.

Je me laisse glisser au sol en soupirant. Le convoi ne vient que dans une heure, nous avons du temps devant nous. Je décide de poser au jeune homme la question qui m'intrigue depuis la veille.

- Je peux te poser une question ?

Me regardant d'un air surpris, Wenn finit quand même par hocher la tête.

- Hier, quand on a parlé des expérimentations humaines... tu as eu l'air étonné. Pourquoi ? Enfin, je veux dire, ça me paraissait évident.

Un blanc suit mon interrogation, je me demande un instant si je n'ai pas été trop indiscrète.

- Je le savais, mais je n'avais pas envie de le reconnaître. Répond-t-il honnêtement.

- Une raison personnelle ? Je demande, sans trop essayer de le forcer.

Secouant la tête comme pour se clarifier les idées, mon interlocuteur ne répond que quelques secondes après.

- Un ami. Engagé chez les effacés et disparu après avoir été promu au département scientifique.

Je baisse les yeux, espérant ne pas avoir réveillé de souvenirs trop douloureux en lui.

- Désolé.

- Non, ne t'inquiète pas. Si je te dis ça c'est que je le veux bien. Et de toutes façons, on a tous nos raisons pour être tombé aussi bas. On ne vient pas d'enclencher des dizaines de mines parce qu'on vit dans le meilleur des mondes ! Ricane Wenn en se relevant.

Je sourit, soulagée par ses paroles, et jette un regard à ma montre. L'opération démarre dans dix minutes, et je sens mes mains commencer à trembler à cause de la tension et de l'excitation.

- Il faut qu'on pose les mines. Dis-je en commençant en ramasser mon sac plein de ces choses prête à exploser.

Le jeune garçon ne tarde pas à en faire de même et nous déposons rapidement toutes les mines sur la route dans un silence de mort, la boule au ventre. Il suffira qu'une roue passe sur une d'entre elles pour provoquer une réaction en chaîne et faire exploser l'ensemble.

Nous finissons notre tâche, recouvrons un peu les petites boîtes de terre et de poussière pour les dissimuler, et courons une centaine de mètres plus loin, à l'entrée d'une autre rue pour observer sans risquer d'être pris dans le souffle de l'explosion. La nuit fera le reste du travail en camouflant notre oeuvre.
Tout commence d'un instant à l'autre, et mon sentiment d'appréhension ne fait que grandir.

Un souvenir me revient en tête, le jour ou j'ai découvert que j'étais une extérieure.

La même appréhension m'enserrait la poitrine.

Et avant que je ne puisse réfléchir à ce détail, le talkie-walkie de Wenn se met à siffler, et la voix de Guiena en sort.

"- Les véhicules sont sortis, l'opération commence maintenant."

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NDA: est ce que vous pensez que ce serait pratique si je faisais un résumé de tous les personnages ?