Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)

Chapitre 15

-    Je vous embête déjà, que vous appelez votre amie à la rescousse ?

Aie. Que répondre ? En tenant de cacher l'écran de mon téléphone qui était toujours allumé sur une page qui nous conseillait d'éviter de dire telles ou telles phrases le premier soir, je commençais à bredouiller une explication décousue, en ayant visiblement oublié que l'improvisation, ce n'est pas mon truc.

-    Hu.... Ah..... Ouiii.... Hu....

Mais qu'est-ce que... ? Oh non. Pas ça. Le sourcil droit de Raphael se relevait, signe manifeste, qu'il avait, tout comme moi, entendu les cris de jouissance d'une femme relativement... joyeuse.... s'échapper de mon téléphone. Avant que je ne pu voir ce que c'était, une grande main masculine s'empara de mon portable et la lumière blanche éclaira le visage de l'Adonis en face de moi.  Un sourire beaucoup trop moqueur et espiègle prit place sur son visage, en posant ses yeux sur moi, qui m'étais sûrement transformer en gyrophare, à cause de la teinte pivoine de mes joues. 

-    Je savais que vous aimiez lire des romans érotiques, mais en regarder... Vous me surprenez...

D'accord, eh bien maman La Honte n'a pas loupé sa visite quotidienne. Je pris mon téléphone et regarda enfin d'où provenait ces bruits qui ne cessait pas de se faire entendre. Une publicité pour un site pornographique avait cru bon de se manifester dans mes recherches, et de bousiller au passage ma dignité. La femme était allègrement en train de se masturber sur mon écran, et lorsque je cliquai frénétiquement sur la croix en haut à droite de l'écran pour fermer cette fenêtre, une nouvelle page s'ouvrait, me proposant cette fois-ci des rencards avec des « femmes mûres de mon âge ». Sans façon. À la vue du démarrage de cette soirée, je n'aurais plus jamais l'envie de connaître la fameuse « excitation » du premier soir, de la découverte de l'autre, que ce soit mâle ou femelle. Si c'était pour être ridiculisée ouvertement de la sorte, alors que je cherchais à bien faire, non merci. En désespoir de cause, je forçai l'arrêt de mon téléphone, et le lança sur mon lit derrière moi -n'étant toujours pas sortie de la chambre-, me laissant totalement à la merci des moqueries qui ne tarderaient pas à arriver de la part de mon « invité forcé ». Mais au lieu de m'enliser sous ses remarques rieuses, il se contenta de me regarder en souriant, attendant certainement une explication. Foutu pour foutu, et ma langue déliée comme bien souvent en sa présence, je lui expliquai le pourquoi du comment, tout en observant mon magnifique plancher : la situation était assez humiliante, je ne voulais pas le voir se ficher de moi.

-    Je n'ai jamais eu de réel... rendez-vous avec quelqu'un. Alors... vu que je ne savais absolument pas quoi dire, j'ai voulu regarder sur internet. Des conseils, ce genre de trucs... J'aurais réussi à vous le cacher, si pub avec cette femme en chaleur n'avais pas commencé à beugler...

Puisqu'il ne disait rien, je me risquais à le regarder, en levant simplement mes yeux, laissant mon visage en direction du sol. Je m'attendais presque à le voir en train de me filmer pour tout balancer sur internet, bien que – n'aimant cependant pas juger un livre à sa couverture – dans sa posture d'homme sûr et sérieux, il n'avait pas l'air d'être le genre de pauvre type à faire ce genre de sale coup. Au lieu de ça, il me regardait comme on regarde un enfant en train de tenter de faire le grand. Vous savez, quand un bout de choux veut porter par exemple un arrosoir d'eau rempli à sa mère pour l'aider, mais qu'il peine à le soulever et fini immanquablement trempé, l'arrosoir vide, et les parents tellement sous le charme qu'ils s'exclament avec des « ooooooooh mais qu'il est mignoooon ». Eh bien il me regardait avec le même air attendrit, bien qu'il tentât à moitié de le cacher, en prenant un air légèrement moqueur, ce qui ne le rendait que plus attirant. Pourrait-il être moche juste cinq secondes ? Ça remonterait quelque peu mon amour propre, à ne pas être la seule andouille. Son sourire s'élargit, et je devinais sans peine que je n'avais pas uniquement prononcé ses mots en mon fort intérieur. Au point où j'en suis, je pourrais lui montrer la vidéo filmée par Tara de ma petite personne, complètement ivre, en train de rejouer une pièce de Shakespeare dans la rue, et faire du lèche-vitrine... au sens littéral. Je devrais faire un classement « Moments humiliants » de ma vie... Ça pourrait peut-être faire rire des dépressifs, et leur montrer qu'ils sont probablement loin derrière moi, question misères.

-    Vous m'avez déjà vu, non ?, m'interrogea sa voix de velours. Je veux dire, être en ma présence, et non pas me dévorer des yeux. Eh bien ce soir ne sera guère différent des autres moments où nous avons discuté. Allez, venez, on va faire du thé. Vous pourrez même allumer votre télé et mettre Friends, si ça vous aide à vous calmer...

Il me tendit la main pour m'inciter à le suivre. Je me sentais comme un animal effrayé qu'une âme charitable tentait de rassurer. Mais...

-    Comment êtes vous au courant pour Friends ?

-    Disons que les DVDs étalés sur la table basse m'ont mis la puce à l'oreille, et puis vous utilisez bien souvent des expressions des personnages de cette série lorsque vous parlez...

-    Si tu reconnais les dialogues de la série... C'est que tu la connais trop bien ! lui répondis-je en citant Monica, histoire de lui faire plaisir.

-    Chacun ses tares malheureusement, me répondit-il.

Le saligaud. Il faudrait peut-être que je l'informe que toutes les personnes ayant critiqué Friends devant moi sont portées disparues... Nous nous dirigeâmes vers ma petite cuisine, afin de, enfin, commencer cette soirée... dignement. Le stress me quitta doucement, mais resta tout de présent dans mon bas-ventre, et mes muscles étaient toujours bien trop raides pour êtres relaxée. Mais au moins, il avait eu la gentillesse de ne pas m'humilier plus que nécessaire après mon aveu pathétique. Je vais peut-être passer une bonne soirée finalement. Ce serait donc possible ?

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Malgré les déboires de Norah, un charmant rendez-vous qui s'annonce non ? Un homme qui apporte du thé comme offrande, what else ?!

J'espère que vous avez apprécié ;)

Emy