Chapitre Premier (2/3)

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Une seule personne m'appelait par mon prénom, et cette personne était morte. Phoenix était mort en même temps qu'elle. J'étais Nix maintenant. Pour tout le monde.

— Ne m'appelle pas comme ça non plus, menaçai-je.

Hoover déglutit difficilement et une goutte de transpiration dévala sa tempe, emportant avec elle les nombreuses particules de maquillage qu'elle rencontrait dans son sillage.

Je regardai ses lèvres frémir.

— Oui, Nix, répéta-t-elle, docile.

— Bien, grondai-je. (D'un signe du menton, je lui indiquai la porte.) Maintenant, dégage.

Cette fois-ci, elle obéit sans faire de chichis. Elle se releva sans même me frôler, contrairement à la première tentative. Espèce de sale petite pute opportuniste. Alors qu'elle allait faire demi-tour sans demander son reste, je lui demandai d'une voix glaciale :

— Tu n'oublies pas quelque chose ?

Je vis littéralement son corps se crisper, et j'aperçus même sa mâchoire se bloquer alors qu'un « euh » étiré la faisait passer pour plus conne qu'elle ne l'était. Voyant Blow hausser un sourcil amusé dans sa direction, j'en conclus qu'elle devait être en train de lui lancer une œillade paniquée.

— Hoover.

À mon ton grave, elle tourna la tête dans ma direction. Elle essayait de rester stoïque – et elle y parvenait, je devais l'avouer – mais l'étincelle de panique dans ses yeux ne trompait pas le président que j'étais.

— Tu oublies quelque chose, répétai-je.

— Mais... tu m'as dit de partir, commença la jeune femme d'un ton hésitant. Qu'est-ce que...

D'un simple regard appuyé, je désignai ma queue, encore vigoureuse, qui reposait contre mon T-shirt. Hoover baissa les yeux pour l'observer et, dans un sursaut, elle se précipita dessus, les mains en avant. Ses jambes vacillaient sur ses hauts talons. Elle était ridicule. Alors qu'elle s'apprêtait à la fourrer dans mon boxer pour remonter la braguette de mon froc et se tirer fissa, je l'arrêtai d'un geste.

Je secouai doucement la tête, bien trop doucement. Sentant Hoover trembler contre moi, je souris en englobant sa joue d'une main. Mon pouce passa sur sa lèvre inférieure, étalant le maquillage carmin sur son menton.

— Tu as salie ma bite avec ta merde de rouge à lèvres.

Elle hoqueta de surprise – ou de peur –, comme si elle n'avait pas remarqué que mon sexe était maculée de traces écarlates. Puis j'attendis, essuyant distraitement mon pouce tâché sur mon pantalon en cuir. Comment va-t-elle s'y prendre ? me demandai-je. Avec la version pute ou avec un minimum d'estime de soi... ? C'est Hoover, me repris-je, évidemment qu'elle va faire la putain. Exactement comme je m'y attendais, elle se pencha et commença à sortir sa langue.

Je secouai la tête et croisai le regard réjoui de Blow.

Arrêtant le geste de Hoover d'un index tendu contre son front, je fis claquer ma langue contre mon palais. À sa crispation, je me doutais qu'elle se rétractait de honte. Ma voix s'éleva, cinglante.

— Pas avec ta langue. J'en ai assez vu.

En tant que brebis du club, le ménage, elle connaissait. D'un mouvement de tête, je lui indiquai une boîte de mouchoirs à l'autre bout de la pièce. Elle alla en chercher plusieurs, les épaules basses et probablement couverte d'humiliation, parce que Blow avait assisté à la scène.

Confortablement installé dans le canapé, mes bottes de motard bien campées au sol, les bras étalés le long du dossier, la queue sortant de mon pantalon, je crois que j'incarnais à cet instant l'image même de la débauche. Ouais, j'étais ainsi devant mon ami et frère de cœur, mais qui s'en souciait ?

Blow baissa même le regard sur mon sexe maquillé, pas outré pour un sou. Il haussa un sourcil et siffla.

— Eh ben. Elle t'as pas raté, fut tout ce qu'il dit.

Mais Hoover étant Hoover, ses talents de suceuse n'étaient plus un mystère pour personne au sein du club. Alors Blow ne devait pas être si étonné que ça.

Quand elle revint, elle s'appliqua à tout nettoyer minutieusement, de nouveau agenouillée entre mes cuisses, la tête basse et les lèvres pincées. Une fois son travail effectué, elle quitta la pièce sans demander son reste, faisant son maximum pour ne pas frôler Blow, toujours dans l'encadrement de la porte. On entendit ses hauts talons claquer contre le sol tandis qu'elle s'éloignait, et le VP se pencha en arrière pour l'observer encore un peu. Je savais ce qu'il était en train de mâter. Le côté pile – tout comme le côté face – d'Hoover ne laissait pas de place à l'imaginaire. Après tout, ce n'était pas comme si elle ne cherchait pas à attirer le regard, avec sa courte jupe en simili cuir qui découvrait le haut de ses cuisses à chaque pas et son minuscule haut, qui mettait sa taille et ses hanches en valeur...

J'observai mon ami, qui referma la porte blindée derrière lui.

Maintenant qu'il n'avait plus de spectacle lubrique à regarder, je distinguais une certaine appréhension sur son visage. Malgré son T-Shirt qui arborait le message « parfois, je me parle à moi-même... puis on rit tous les deux », il n'avait pas l'air très joyeux d'être là.

Ses longs cheveux blonds étaient habituellement attachés en un vague chignon au-dessus de sa tête, mais là, alors qu'il se tenait devant moi, quelques mèches s'en échappaient et son attache était de travers sur son crâne. À ce détail près, il paraissait comme d'habitude : les tatouages multicolores qui ornaient le haut de son torse et ses bras dépassaient par endroits du col de son T-shirt, le bandana aux couleurs des Devil's Tears était accroché à sa ceinture, et il avait toujours autant de piercings sur la gueule.

Quand Blow s'avança pour se laisser tomber lourdement à mes côtés sur le canapé, chipant au passage deux bières dans le réfrigérateur d'à côté, je remarquai les cernes sombres sous ses yeux et ses pupilles dilatées, qui étaient passées inaperçues de loin. J'attrapai la canette que me tendait mon pote, et, aussitôt prise, je baissai le regard sur sa main colorée. La rose tatouée et les lettres sur les doigts n'avaient pas bougées... mais elle tremblait et le dos était gonflé – ça, c'était nouveau.

Quand Blow remarqua sur quoi se portait mon attention, il glissa les mains dans ses poches, renversant la tête en arrière sur le dossier, soupirant. De la transpiration faisait briller sa peau. Je secouai la tête, et ouvris ma canette dans un long « pschit ».

Il recommence, me dis-je amèrement en avalant une gorgée d'alcool glacé. Héro ou coca, je ne savais pas encore ce qu'il prenait, mais j'avais bien l'attention de lui parler entre quatre yeux pour le dissuader de retomber dans ce cercle vicieux. Cette attitude l'avait presque conduit droit chez Hadès quelques années plus tôt, bordel. Il avait pourtant réussi à se sevrer depuis. Mais au lieu de lui demander « pourquoi tu reprends de cette merde ? », je demandai :

— Pourquoi t'es là ?

The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now