17 - L'hôpital St Hippocrates (quatrième partie)

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- C'est hors de question, répondit Ellynn en buvant pour la première fois un Café Délice de Mrs Rosalys – un café mélangé avec du lait, du chocolat blanc et de la crème fraiche – pour la tenir éveillée. Ca fait une semaine que nous sommes revenus de Squilla et je ne les ai toujours pas vu !
- Tu sais qu'ils vont bien, Ellynn, fit observer Amaryllis, le professeur Tadius t'a tenu lui-même au courant de leur état tout au long de la semaine.
- Ce n'est pas la même chose, répliqua Ellynn en reprenant une gorgée. 

Voyant son expression butée, Philys et Amaryllis s'abstinrent de tout autre commentaire. Ils terminèrent rapidement leur petit-déjeuner et se mirent aussitôt en route pour Evallis.
De ce que Philys lui avait expliqué, l'hôpital St Hippocrates était un peu en retrait par rapport au centre de la ville. Lors de la construction de la bâtisse, les médecins et infirmiers avaient préconisé un lieu éloigné du tumulte du quotidien pour assurer un repos maximal aux patients. Dès lors, l'hôpital se trouvait un peu en dehors de la ville, dans un grand parc aménagé rien que pour eux. 

- J'aurais dû y penser, maugréa Ellynn tandis qu'ils passaient devant la boutique du Coq Enchanté.

Dans sa hâte, elle avait oublié de prendre sa bourse d'argent pour acheter des friandises à Jolan et Apolline.   

- Tu ne peux pas ramener tout ce que tu veux à St Hippocrates, expliqua Amaryllis en lui faisant signe de ne pas toucher le banc qui venait d'être fraichement repeint.

Ellynn remarqua alors un petit écriteau où il était écrit : « PAS toucher, peinture fraîche ».

- Et pourquoi ne pourrais-je pas leur ramener quelques pralines ? demanda Ellynn étonnée en contournant le siège en bois.
- Ce sont des patients donc ils ont des régimes spécifiques où ils ne peuvent pas manger tout ce qu'ils veulent. Ah, c'est à droite. 

Ils empruntèrent l'Allée de Bach et suivirent le long chemin sinueux qui menait à l'hôpital. Comme l'avait expliqué Philys et Amaryllis, St Hippocrates se dressait fièrement autour d'un gigantesque arbre à multiples troncs qui prenait racine dans un lac. Des passerelles sortaient de toutes parts de l'édifice et permettaient aux patients d'aller se promener dans le parc verdoyant pour prendre l'air et admirer les arbres taillés de toutes formes différentes d'animaux.
La taille de l'arbre laissa Ellynn pantoise. Ses branches offraient de larges plateformes pour abriter des salles et des chambres et elle se demanda comment le conifère ne pliait pas sous le poids des nombreuses personnes et infrastructures qui s'y promenaient dessus.
Ils empruntèrent la passerelle principale et arrivèrent dans un hall d'accueil bondé d'elfes qui attendaient patiemment d'être reçus par l'une des hôtesses. Ellynn les reconnut aisément car chacune portait un uniforme mauve pâle ainsi qu'un petit foulard vif pour être facilement reconnaissable dans la foule. 

- On en a pour un petit temps, les prévint Philys en leur montrant le petit coupon où le numéro dix-neuf était inscrit.

Il venait d'aller prendre le ticket à côté du comptoir. 

- Qu'est-ce qu'on doit faire ? demanda Ellynn à mi-voix en jetant un coup d'œil à une elfe âgée qui ne faisait que tousser.
- On doit attendre notre tour, répondit Amaryllis en s'asseyant plus confortablement sur son siège. Il y a encore cinq personnes devant nous.

Au même instant, une des réceptionnistes – celle qui avait une tête jusque parterre et qui semblait prête à bondir au cou du premier malchanceux – cria « au suivant » et la dame âgée se leva avec son ticket en main, secouée par des tremblements. 

- Je viens voir le docteur Bellenflures, dit la vieille elfe d'une voix chevrotante.
- Madame Loisans, répondit l'hôtesse d'un air agacé, le docteur Bellenflures vous a déjà ausculté trois fois cette semaine. Je doute qu'il puisse faire grand-chose en plus.
- Mais il m'a dit que je pouvais venir autant de fois que je le souhaitais, rouspéta la dame en postillonnant sur le comptoir, forçant la pauvre réceptionniste à reculer pour éviter de se faire canarder. En plus, mon poignet me fait de plus en plus mal.
- Le docteur Bellenflures n'est pas agréé pour ce genre de chose. Il faut alors prendre un rendez-vous avec un spécialiste qui...
- Mais je ne veux pas voir de spécialiste ! la coupa l'elfe âgée en tapant du pied. Je veux voir le docteur Bellenflures ! Ce n'est pourtant pas si compliqué !

Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)Where stories live. Discover now