Chapitre 20 : sauvetage

3 0 0
                                    

La voiture s'arrête enfin au bout de 5 minutes. J'ai enregistré dans mon cerveau inexistant un itinéraire invisible. J'attends juste que la nuit tombe pour pouvoir sortir et me vêtir de mon beau costume d'humain.
« Tu prends conscience de nos capacités, examine Blob.
- Je ne pense pas savoir ce que je veux et ce que je peux faire, mais je sais que je serais toujours surpris et que j'irai toujours de l'avant, et que chaque limite tombera. »
- Je pense que je me suis sous-estimé, je pense que Bertrand à eut plus de chance de t'avoir rencontré que l'inverse.
- Je pense que de n'avoir plus aucune attache, ni plus aucune mémoire, m'aide en fin de compte, comme il me l'a dit. »

J'attends encore dans le silence, amoindri par l'espace et le manque de lumière du coffre. Mais dès que nous arrivons à sortir, nous sommes accueilli par la lune réconfortante, et une maison au milieu d'un grand jardin, à l'écart de la route. Je suis dans un petit village, tranquille et paisible, assombris par quelques nuages menaçante et surtout une nuit noire. Je déambule dans les rues, en humain, croisant des petits félins sur patte qui sentaient ma véritable présence et qui venaient me voir. Ils me regardaient par crainte ou par curiosité, mais ne bougeait pas. Je viens alors à l'un deux et le caresse brièvement. Cela suffit à les persuader que je ne suis pas méchant. Cela me faisait un certain bien inaperceptible de m'occuper de ces animaux. Était-ce à cause de ma vie d'avant ou de ma condition actuel, Blob ne me dit mot.
Grace à mon costume, je réussi à me faire amener sans perte de temps par un camionneur. Il me dépose là où je lui demande de déposer, là où j'ai perçu le faible signal de Bertrand, et là où je le perçois encore. Je suis à pied, dans la nuit complice, le fil d'ariane que me lance Bertrand.
« Bertrand a dû te percevoir, me rassure Blob.
- N'hésites pas à prendre le contrôle de mon corps quand tu le jugeras nécessaire. Nous sommes uns.
- Tu n'as pas à me le rappeler, je nous protégerai comme tu nous protégeras, répond simplement Blob. »

Je suis le signal, qui se rapproche de plus en plus, jusqu'à atterrir au abord d'une large carrière de pierre. Il n'y avait rien, rien qui puisse témoigner d'une quelconque activité récente, ou même une activité autre que le minage. Pourtant, le signal est là, s'enfonçant dans la terre. Ce n'est pas une erreur, Bertrand EST ici. La carrière est très profonde, ceux qui y ont travaillé ont récupéré toute la matière que la terre offrait.
- Laisses-moi nous tomber ! »

Je quitte alors naturellement mon costume d'homme, pour redevenir ce corps visqueux et glaireux qui est le notre. Je me laisse guider dans une chute qui devrait être enivrante, ou affolante, mais qui n'est qu'un voyage vertical pour moi. Je rebondis plusieurs fois sur les différents chemins en spirale, jusqu'au centre. Le trou immense se termine sur un terrain circulaire de plusieurs mètres carrés, rejoint par deux routes qui partent vers le haut. Le lieu est clairement abandonné par des déchets de chantier, de la pierre, et de la poussière. Pourtant, je sens que Bertrand est en bas, très proche, le plus proche que je puisse faire, et rien ne m'indique une quelconque ouverture. Je regarde les bords, rien, le sol est tout autant immuable.
"Tu aurais le pouvoir avec moi d'engloutir toute cette planète si tu le voulais vraiment "

Je me souviens soudainement de cette phrase, Blob peut-être en est le responsable, mais cela me donne une idée. Je me couche sur le sol, et je me laisse porter par mon propre poids.
Cette descente est lente, très lente. Chaque micro-fissure, chaque espace dans la terre, est remplis. Ma vision est déformée, écrasée, embrouillée, mais reste intact dans cette descente improbable. Je ne sais pas si c'est ma vitesse de progression, ou si c'est l'épaisseur de terre, mais cette descente dure une éternité. Je sens Bertrand de plus en plus fortement, je suis dans la bonne direction. Pendant ce temps, je peux voir le monde bouger autour de moi, les vers me parcourir de part en part, les taupes me voir descendre, me renifler, les fourmis travailler. Je peux voir la vie dans cette terre s'organiser en une parfaite harmonie où chacun à un rôle, je me laisse alors à flâner,à observer doucement cet univers clos s'animer...
Jusqu'à ce que je rencontre une cloison de métal.

La rencontre [terminé]Where stories live. Discover now