Chapitre 9 : Vie passée

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Je reste une journée chez cette inconnu, qui m'a dit être comme moi. Je m'ennuie sans le ressentir, je tourne en rond, je ne sais pas quoi faire. Pour la première fois, je peux me soucier d'autre chose que ma sécurité et ma fuite. Je suis en sécurité, je l'espère. Si cette personne est un agent travaillant pour la Sûreté, je suis foutu. J'essaye de ne pas trop réfléchir, sinon, je serais plus paranoïaque que je ne le suis déjà. Alors, en attendant l'inconnu qui est partis travailler, comme un humain normal, je regarde par la fenêtre, ou les bibelots de cette maison. Par la fenêtre qui mène au balcon, je peux voir une rue animée, des voitures passer, des gens sortir et rentrer du café ou des commerces alentours, sans imaginer qu'un extraterrestre se trouve près d'eux. Je vois de la vie, de la circulation, des couples de personnes, ou seules, qui marchent, courent, se bousculent entre eux, ou attendent pour traverser la route. Je ne me souviens plus de cela, je n'ai aucun souvenir de vie urbaine. Mes souvenirs ne commencent qu'a ma sortie de la voiture, et ma première conversation, avec un paysan qui a eût la frousse de sa vie en me voyant.
Je continue ma journée en analysant la maison. C'est une belle maison, sur deux étages, les chambres et salles d'eau en haut, la cuisine et le salon en bas. La maison est spacieuse, bien rangée, nettoyée, un beau lieu de vie. En bas, la cuisine ouverte faisait face à un salon un peu vieillot, avec un bar à alcool, un ensemble de table et de chaises assortis, un meuble de rangement pour la vaisselle, et un jukebox. La cuisine est coquette, mais assez restreinte, l'espace étant occupé par un évier, un frigo avec congélateur, un lave-linge et un lave-vaisselle. Un comptoir en pierre et bois coupe les deux pièces, et soutient un panier à fruit, et un bouquet de fleurs dans un vase. À l'étage, la salle de bain contient une douche, une baignoire, un évier, un bidet, et un WC, le tout habillé de carrelages azuréen, bleu et blanc. Sa chambre est spartiate, un lit, une petite table de chevet avec sa lampe, et une commode pour les vêtements. L'autre chambre sert de buanderie, et de salle de sport, avec banc de musculation, rameur, haltères, vélo d'appartement, et autres. Le mec est fan de musculation, il doit s'entraîner tous les jours pour entretenir le corps qu'il a, et c'est ma première réflexion que j'ai qui ne concerne pas ma vie.
Un peu partout, il subsiste encore des bribes de son passé : des photos de familles, des objets fabriqués par un enfant, une empreinte de main et de pied de bébé dans du plâtre, et des billets pour un match de foot. L'homme sur les photos ne ressemblaient pas à celui que j'avais en face de moi. Il est lambda, les cheveux bruns longs et un peu enveloppé, les yeux verts, et il a un petit sourire de timide entre les lèvres. Je caresse la photo de ma main gélifiée. Ce sourire caché, gêné, timide, j'ai l'impression de le connaître. Je me revois même le refaire, je comprends que j'étais un timide dans la vie. Et puis, le faite de vivre dans un appartement, les différentes pièces, les objets.... Tous cela me fait remonter un sentiment de confort, de sécurité, d'habitude.
L'inconnu revient vers 19h, et sans sourcier, sans laisser passer un seul sentiment, il me raconte son histoire quand je lui demande. Il s'appelle Bertrand, un quadragénaire qui a vécu toute son enfance à Paris. Il était flic, de la brigade mobile, sur sa moto blanche et bleu. Il laissait paraître une autorité par sa présence naturellement athlétique et imposante, mais dans la vie privée, il était timide, son père violent ne l'ayant pas aidé. Un jour, il a était engagé sur une mission, consistant à accompagner un fourgon bizarre de l'institut médico-légal vers une destination inconnu. Il régulait la circulation, surveillait les alentours, accompagné de collègues à moto et de berlines noirs aux fenêtre teintés. Sur le chemin, un camion sur l'autre voie allait trop vite, et se déporta sur sa voie. Le camion percuta le fourgon, tandis que la remorque glissa, pour bloquer les deux voies. Il surveillait  alors le côté gauche du fourgon, et dût se coucher pour éviter la collision. Il ne vit alors qu'un flash bleu, et une douleur atroce. Il comprit plus tard que le chargement à protéger ne l'était plus, et que la portière arrière avait laissé échappé une grosse météorite, détaché de ses harnais. Voila comment comme moi, il a reçu ses dons ou cette malédiction.
Je l'écoute, sans qu'aucun souvenir ne me revienne. Peut-être un vague souvenir de mon regard obstrué de vert, mais c'est sans doute mon esprit qui se l'imagine. Bertrand fini son histoire, et me demande :
« As-tu écouté ton symbiote ?
- Non.
- Il faut communiquer avec lui.
- Pourquoi le ferais-je ? C'est à cause de lui que j'en suis là, que nous en sommes là, à nous cacher.
- Il faut que tu l'écoutes, il te dévoileras son potentiel...»

La rencontre [terminé]Where stories live. Discover now