Chapitre 1 : Quoi suis-je ?

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Je me réveille difficilement. Je suis dans une position inconfortable, et je sens que la gravité est inversée. Il me faut un petit moment pour comprendre. Comme cela est-il possible ? Je regarde autour de moi, il fait noir, je suis assis sur un siège, coincé dans un tout petit espace. Devant moi, un volant noir qui pend sur quelques fils, et d'où sort un ballon de baudruche blanc dégonflé. À gauche, du verre brisé et de la tôle froissée, et à droite, un autre siège vide. Apparemment, je suis dans une voiture, mais je ne me souviens de rien, d'ailleurs, je ne me souviens pas de grand chose dans l'immédiat. Où suis-je ? Qui suis-je ? Quelle jour suis-je ? Je ne rappelle de rien, sauf ce que je constate, à savoir que je suis actuellement dans une voiture renversée. Je suis coincé par ma ceinture, j'essaye d'atteindre le fermoir. Il est coincé aussi, je n'arrive pas à l'enclencher. Je tire tout mon corps pour me dégager de là, en espérant que la ceinture ou le fermoir casse, et je m'extirpe, je ne sais pas trop comment de son étreinte. Je tombe à l'endroit, retrouvant la gravité. Il ne me reste plus qu'a sortir d'ici. Côté passager, il y a un trou, peut-être assez pour m'y engouffrer, car de mon coté, même pas la peine d'y penser. Je me glisse dans cette habitacle réduit, je ne sais pas trop comment, mais j'y arrive. Le trou est petit, mais là aussi, je sors sans encombre, sans une égratignure....
Je suis enfin dehors, il fait nuit, seule une lune décroisante et quelques étoiles subsistent. Il n'y a aucune autre lumière, même celles des phares de la voiture ont cessé. Seul une fumée grisâtre sort du moteur, ou de se qu'il en reste, et des liquides tombent sur de l'herbes verte. J'essaye de me repérer quand même, mais pas moyen, je ne me rappelle plus de rien, ni avant, ni pendant l'accident. Je commence à paniquer : comment va-t'on savoir qui je suis ? Va-t'on me croire ? Vais-je retrouver la mémoire ? Je respire un bon coup et je me calme. Je n'ai qu'à m'assoir, après tout, l'accident doit être à côté d'une route, les secours vont arriver. En parlant de ça, je regarde au alentour. Je suis effectivement à côté d'une route en contre-haut, en face de moi, et la barrière métallique de cette dernière est défoncée. Comment ai-je pu sortir de la route ? Tout autour, des champs cultivés, avec leurs fermes et leurs granges, complètent le paysage, avant de laisser place à de la forêt et des montagnes. J'allais monter pour rejoindre la voie de circulation quand j'entends un bruit derrière la voiture. En me retournant, je vois un faisceau de lumière qui s'agite. Quelqu'un me cherche, enfin !
« Il y a quelqu'un ? »

C'est une voix masculine, grave, vielle, avec un certain accent. C'est sans doute un agriculteur, vu qu'il n'y a que des fermes ici. Je lui réponds de suite :
« Je suis là. »

Le faisceau qui s'agitait s'arrête, et la personne fait le tour de la carcasse, jusqu'à ma rencontre. Quand le paysan me voit, il stoppe tout mouvement, se fige, et lâche sa torche de surprise. Il a peur, je ne sais pas de quoi mais il a peur, alors je me retourne pour voir si un danger se trouve derrière moi. C'est la dernière fois que je revois le vieux de face, ne laissant qu'une torche encore allumée sur le sol, et des cris d'effrois. Je ne comprends toujours pas, de quoi avait-il peur ? Je récupère la torche, tout en regardant cette personne courir comme si la mort était à ses trousses. Je n'arrive pas à attraper cette fichue torche. Je me concentre, je me baisse, et je regarde ma main saisir la lampe. Je ne vois alors qu'une gelée verte à la place de ma main. Je tombe par terre en voyant cette substance : Où est ma main ? Qu'est ce que c'est ? Je passe ce qui est censé être ma main sur mon visage. Je plonge littéralement dans une sorte de gelée, et en la retirant, j'en perd ma main, laissée dans mon crâne. Mais elle repousse comme par magie, comme elle était, verte et gélatineuse. Je commence à délirer, j'angoisse, j'ai peur aussi, je comprends la peur de l'homme. J'ai envie de pleurer subitement, mais je ne peux pas, je recule contre la voiture. Soudain, mon instinct me dicte de partir, un instinct si fort qu'il m'oblige à partir sans réfléchir. Je vois alors derrière moi les sirènes de pompiers, ou de police, venir sur la route en contre-haut. Je cours, comme je peux, dans la campagne, dans la direction où le paysan était parti. Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas ce qui m'est arrivé, mais je cours, vers l'inconnu. J'étais un homme, je suis sûr que j'en était un, mais maintenant, je suis une chose. Je dois y trouver un remède, à cette maladie.
....

Ce que virent les policiers ce soir-là, c'était un monstre vert visqueux, à forme humanoïde, qui fuyait, éclairé par une lampe torche au sol....

La rencontre [terminé]Where stories live. Discover now