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Jimin se tient les côtes douloureusement. Il avance en clopinant de l'arrêt de bus à son domicile. Son corps le fait atrocement souffrir, son esprit est loin ; il avait envisagé cette réponse brutale. Toutefois ce n'est pas la vague idée qui peut compenser sa terreur.

Jimin n'a pas honte comme pouvait être Yoongi. Non. Jimin subissait à nouveau cette harassante incompréhension. Ce choc brutal et intolérable avec un monde hostile...


« Tu ne peux pas nous faire ça ! »

« C'est dégueulasse Jimin. Comment tu peux être ça... »

« Je suis triste de te perdre. »

« Je me hais de t'avoir apprécié maintenant que je connais ta véritable nature. »

« Va crever. »


Tout ça, Namjoon et Jin le pensaient aussi fort que s'ils l'avaient hurlé. Namjoon grognait en le frappant de toutes ses forces. Il extériorisait une rage sans fond et l'amer de leur séparation. Il préférait ses principes à son amitié, et sans même s'en rendre contre, cet au-revoir était sanglant.

Jimin aurait aimé dire que seul Taehyung l'importait. Mais Taehyung était parti sans un mot, les joues baignées de larmes. Il avait poussé un hurlement déchirant, à genoux aux côtés du visage sanglant de Jimin. Un cri jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une bouche béante et muette. Des torrents de larmes jusqu'à ce que ses yeux rougissent irrités d'être frottés. Taehyung le quittait, il se coupait de son âme sœur et Jimin avait dû se relever seul pour rentrer.



Il pousse doucement la porte de l'entrée. Son jean est plein de terre et troué. Les caprisuns dans son sac ont explosé et il put le jus de fruit poisseux. Son t-shirt est gris de poussière et de sang – ses coudes écorchés ont coulé sur le tissu, tout comme son abdomen fragile. Ses joues et sa mâchoire ont bleui et gonflé, sans compté sa lèvre explosée et ses yeux bouffis de larmes.

A peine a-t-il poussé la porte que sa mère apparaît, un gâteau à la main.

« Bravo mon... »

Elle s'arrête immédiatement à la vue de son fils. Pose le gâteau sur le meuble de l'entrée. Hésite entre s'avancer pour le prendre dans ses bras. Reculer pour des compresses. Ne pas bouger...

« Chéri ! Amène un tissu humide s'il te plaît. Ton fils a dû tomber. »

Elle s'avance doucement et prend Jimin dans ses bras malgré sa grimace de souffrance.

« Oh mon bébé, mon bébé... »

Jimin pleure désormais à chaudes larmes sur son épaule. Il ne peut stopper ses tremblements, ses balbutiements et l'eau amère qui ruissèle le long de ses joues creuses. Il hoquète, son cœur s'arrête et reprend, son esprit se perd. La douleur l'assassine lâchement.

« Qu'est-ce qui s'est passé mon fils ? Des élèves étaient jaloux de tes résultats ? Taehyung n'était pas avec toi. »

Jimin aurait aimé être heureux de voir son père, le bras tendu vers sa mâchoire bleue, qui le console comme il ne l'a jamais fait depuis quinze ans. Mais il a si mal, il a besoin de dire ce qui l'empoisonne. Il a besoin d'exprimer l'absence de Taehyung et la perte de ses deux amis les plus proches. Il continue de serrer sa frêle mère du plus fort qu'il peut. Jimin ne risquait plus rien. Il était chez lui, entouré de sa famille qui l'aimait tellement et il fallait le rassurer.

« Mamam.... maman... » il gémit entre deux sanglots, cherchant les mots.


« Namjoon et Jin... Ils m'ont tabassé... Taehyung est parti. Mais moi je voulais juste qu'ont... Qu'on soit heureux... Comme toi et papa... J'aime tellement Taehyung maman... j'ai pas choisi d'être comme ça... Si j'avais pu j'aurais pas voulu... Mais je l'aime.... je l'aime... » et il le répétait, il le répétait... sans jamais relever les yeux vers ses parents.

Doucement sa mère le pousse légèrement vers la porte encore ouverte.

« Mon bébé... », elle embrasse son front, « va prendre l'air cinq minutes. Calme toi. Nous avec ton père on prépare la table pour le dessert et les compresses. On va fêter tranquillement ton diplôme et penser à autre chose d'accord mon poussin ? »


Jimin hoche la tête, pose son sac et s'assit sur les marches du perron.

« Rejoins nous dès que tu es calmé d'accord ? »

Il acquiesce de nouveau et délaisse rapidement la porte entrouverte pour le ciel bleu.


La violence de leur séparation floue de larmes et de douleur ses yeux.

Quand Jimin souffrait, sa mère prenait toujours le temps l'assoir sur ses genoux ou contre elle, pour le bercer jusqu'à ce que sa peine s'atténue. Elle lui chantait des comptines, lui parlait des anecdotes de voisinage ou de son propre mariage. Elle dormait même parfois avec lui le soir pour qu'il se sente mieux. Oui, cette attitude ne survenait qu'en cas de grande douleur – au retour du camp, quand il était plus jeune, mais c'est ainsi qu'elle remettait d'aplomb son fils.

S'il n'avait pas si mal, Jimin se serait rappelé que son père préférait parler directement du problème et ce, sans prendre en compte le nombre de larmes qu'il faudrait verser pour faire le point. Savoir où était sa faute était, pour lui, moyen d'atténuer la peine.

Si Jimin ne pensait pas à la bouche déformé d'horreur de Taehyung, peut-être se serait-il rappelé que son retour de diplôme était prévu depuis une trentaine de minutes. Que tout était déjà installé.

Mais Jimin était aveugle, muet et sourd de chagrin.



Jimin a perdu la notion du temps et dix longues minutes passent. Jusqu'à ce qu'une main le saisisse et le colle.



« Je t'aime mon fils. Je t'aime. Je t'aime. J'aurais dû écouter ton père et te faire soigner. J'ai trop cru en toi, j'ai pensé qu'une maladie comme ça.... »

Le père de Jimin passe son bras entre le corps rachitique de son fils et sa femme. Jimin c'est à peine relevé, n'a pas saisi les dires ; il est perdu.

« Je n'ai pas le temps pour les leçons de morale Jimin. Je savais... je savais que tu pouvais être malade de cette chose. Tu es mon unique fils. Mon fils adoré, mais moi et ta mère ne pouvait pas vivre avec un enfant comme toi. Tu as ton école, tu es majeur et diplômé. Je suis heureux que tu t'exprimes maintenant. Je n'aurais ni à fouiller, ni à devoir vivre avec toi plus longtemps. Disparaît. Ai honte de ce que tu es, ai honte de laisser ta mère vieillir sans fils et sans argent. Ai honte de ne pas faire perdurer notre nom. »

La voisine d'en face et son fils regardait.

Jimin n'avait plus de larmes pour pleurer.

Seulement six sacs de courses et des affaires en vrac.

Et sa mère entre haine et tristesse, poussée par son père à rentrer dans la maison.



Jimin se serait tué d'être aussi naïf.



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ℙ𝕒𝕡𝕒(𝕤) | VMin| ★Where stories live. Discover now