Chapitre 28

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Chapitre 28 : « Peut-on survivre à ce genre de souffrance ? Perdre l'amour c'est comme endommager un organe, c'est comme mourir. La seule différence, c'est que la mort a une fin. Mais cette souffrance, elle peut durer éternellement. »

25 mai 2010. Berlin.

Point de vue de Tom.

J'arrive devant chez Khiara. J'hésite. Je sais qu'elle va me remballer. Au moins grâce à Bill, je sais qu'Elaneha n'est pas là, ce qui est une bonne chose, elle ne me foutra pas dehors, et au moins, elle ne sera pas là pour monter la tête à ma petite blonde. Pas besoin de rajouter des obstacles à ceux qui sont déjà présents.

Je frappe contre la porte, quelques secondes plus tard, elle ouvre la porte, puis la referme aussitôt. Je m'en doutais, c'est pour ça que j'ai eu le temps d'y placer mon pied afin que fermer la porte soit impossible. Je force un peu sur la porte, plus fort que Khiara, j'entre sans aucun mal à l'intérieur. Je m'installe sur le canapé, elle me regarde, ahurie. Je lui souris. Elle s'installe à mes côtés, sans parler.

- Alors, comment ça va ?, dis-je.
- Tu te fous de ma gueule là ? C'est une mauvaise blague ?
- Ben quoi ?
- Tu débarques ici pour me demander comment je vais ?! Comment je peux aller à ton avis ? Je suis enceinte, énorme, et tu es là, ça ne peut que mal aller !
- Arrête de t'énerver, ce n'est pas bon pour le bébé, et ensuite je m'inquiète de ta santé, donc je demande.
- Tu devrais rentrer.
- Je suis venue pour te voir, je ne partirai pas. Dis-moi seulement si tu m'en veux encore pour ce que j'ai dit, ou si tu m'en veux pour le bébé ?
- Pour tout Tom. Tu crois que c'est simple d'oublier comme ça, d'un claquement de doigt ?
- Bien sûr que non, mais si tu restes bloquée là-dessus, rien ne s'arrangera !
- Des belles paroles Tom, c'est tout ce que tu fais. Et moi, les mots, j'en ai ras-le-bol, je veux des actes, pas simplement des mensonges qui me laisseraient croire que quelque chose est possible, alors que non.
- Des actes ? Je suis venu, c'est déjà un acte. Et je peux en faire d'autres, si je suis sûr que ça te fera me pardonner.
- Je n'en sais rien, je sais seulement que je ne crois plus à ce que tu dis.

Mon téléphone sonne, c'est Lucy, je ne réponds pas. Je repose mon portable dans ma poche, et regarde Khiara. Elle semble plus en forme, rayonnante même, que la dernière fois que nous étions venus. Elle est si belle. Elle veut des actes, je vais devoir agir... De toute façon, lui parler revient à parler à un mur. J'ai envie de la serrer contre moi. Je tente, après tout, on ne sait jamais. Elle se laisse faire quelques secondes, ça fait du bien de la retrouver. Mais évidemment, toutes les bonnes choses ont une fin, et voilà qu'elle s'écarte rapidement.

- Non mais tu fais quoi là ?
- J'arrête de parler et j'agis !,
lui dis-je fièrement.
- T'es vraiment con. Tu crois que quand je dis agir c'est un simple câlin et c'est bon, on oublie ?
- Non, bien sûr que non, mais ça me manquait...
- Moi il y a plein de choses qui me manquent, et je fais avec tu vois. Donc ça t'évite de le refaire. Et au pire, si tu manques de câlins, retourne à Magdebourg.

Au moins j'aurai eu quelques secondes de bonheur. Elle est maligne elle, des actes, et quand j'agis, elle me refoule. Elle veut quoi au juste ?! Je n'arrive vraiment pas à la comprendre, et pourtant j'essaie tant bien que mal d'assurer pour qu'on avance ensemble. Je l'observe à nouveau, elle détourne le regard, je soupire.

- Tu sais si c'est une fille ou un garçon ?, demandé-je.
- Non.
- Ce serait bien un garçon...,
dis-je, pensif.
- De toute façon, ça ne changera rien puisque ni toi ni moi ne l'élèvera.
- On pourrait.
- Oui bien sûr, quelle vie magnifique cela ferait tiens ! Imagine : un enfant qui aura tes gênes de connard, une garde partagée entre une mère qui n'en voulait pas, un père célèbre qui parcoure le monde, une belle-mère qui maudira cet enfant, et pour finir, il sera né d'une liaison. Quel magnifique tableau !
- Tu ne vois toujours que le négatif c'est fou ça !
- Parce qu'il n'y a que du négatif Tom !
- C'est parce que tu veux qu'il n'y ait que ça, parce que tu as peur.
- Et peur de quoi ?
- Peur que je te fasse à nouveau souffrir, peur d'être mère.
- J'ai mes raisons, tu ne crois pas ?
- Si, mais tu fuis, et ce n'est pas en agissant comme ça que tu règleras ces problèmes.
- Si tu n'avais pas créé ces problèmes, je n'en serai pas là !
- On est deux dans cette histoire je te rappelle !
- Tu parles.
- Pour le gosse, certes, je n'ai pas pensé à me protéger, mais les pilules contraceptives existent !
- Sors d'ici.
- Je... Excuse-moi, c'est juste que c'est dur de tout prendre alors qu'on est deux.
- Sors.

Sensual PleasuresTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon