sᴏᴀʀɪɴɢ | ʲᵏ ˣ ᵗʰ

Trajet

Mercredi

Le médecin avait fait un diagnostique favorable au retour à domicile, n'ayant trouvé aucun élément suspect chez Taehyung mise à part sa cardiomyopathie déjà prise en charge.

Le lendemain, nous étions donc tous les quatre dans le train, il y avait une heure de route avant d'arriver chez les Kim et j'étais impatient d'arriver. Jimin était encore à cran, je le voyais à des kilomètres. Au moindre problème il serait prêt au quart de tour.

Mais le châtain allait bien, il lisait tranquillement un livre intitulé "L'histoire sans fin" que Soohyeon avait acheté à la gare et ça avait l'air de lui plaire.

Pour ma part, je réglais par téléphone les dernières mises au point sur le rapatriement de ma voiture chez mes parents, et ça me montait tranquillement les nerfs car le gars au bout du fils semblait un peu incompétent. Et puis ça allait me coûter cher, aussi.

<< écoutez, ça fait dix fois que je vous dis que c'est une Clio blanche ! C'est pas compliqué quand même ! >>

Taehyung releva la tête vers moi, un air préoccupé sur le visage. On se regarda pendant que le gars m'expliquait encore je ne sais quoi et je finis par cligner des yeux, reprenant la conversation au milieu.

<< euh... Oui c'est ça. Très bien merci. Au-revoir. >>

Je raccrochai enfin, soufflant un grand coup. Jimin regardait par la fenêtre, toujours tendu, et Soohyeon mangeait un biscuit au chocolat. Les mêmes qu'elle avait proposées à son petit frère il y à quelques jours.

<< ça va ? >>

Je le regardai de nouveau, surpris de sa question. Comme toujours il inversait les rôles et ça me rendait mal à l'aise lorsqu'il faisait ça. J'allais très bien, pas lui. Je hochai la tête positivement et il ferma son livre, le posant sur ses genoux, ses grands doigts fins traînant sur les couvertures.

Ça me faisait de plus en plus bizarre d'être ici, avec lui, avec eux. Je me sentais un peu étranger, mal à l'aise. Je me demandai si Taehyung tenait à moi, si... Si je n'étais pas rentré avec eux qu'est ce qui se serait passé dans sa tête ?

Il continua de m'observer, en fait nous nous admirions réciproquement, en silence, calmement. Et la beauté de cet être me frappa encore une fois, m'apparaissant d'un coup, comme si je m'étais endormi quelques heures.

L'harmonie qui se dégageait de la forme de son visage, de la hauteur de son nez, de ses oreilles légèrement décollées, de ses lèvres fines, douces, naturellement légèrement colorées à cause de son tic de langue, de ses yeux en amande, légèrement ovales, aux contours doux, de ses sourcils juste trop mignons, tout doux et délicats, de ses cheveux clairs, ses mèches retombant sur son front, ses oreilles, le début de sa nuque, se fondant dans l'équilibre si parfait de ses traits.

Je dus le regarder avec un peu trop d'admiration, je devais tirer une tête avec de grands yeux et la bouche ouverte, car il baissa la tête, un sourire timide étirant ses lèvres et restant scotchés dessus.

Je clignai des yeux avant de tendre le bras vers lui, prêt à attraper son menton pour lui relever le visage mais alors que mes doigts effleuraient sa peau j'arrêtais mon geste, incertain.

J'avais peur de l'abîmer.
Je l'avais déjà assez fait comme ça.

Je laissai mon bras retomber, me levant. Je devais marcher, bouger, n'importe quoi mais pas rester là avec cet créature en face de moi. Je l'entendis soupirer, puis il pinça les lèvres en ramenant un peu plus ses pieds contre le siège pour me laisser passer plus facilement.

Je me dirigeai vers les toilettes, ainsi je serais coupé du reste quelques minutes. Je m'enfermai dans la cabine et me passais les mains sous l'eau froide du robinet, jetant un coup d'œil à mon reflet. J'étais banal comme garçon, qu'est ce qui lui plaisait chez moi ?

Je n'étais pas forcément mal dans ma peau, je trouvai mon corps acceptable et même désirable mais lorsqu'il s'agissait de Taehyung... J'avais l'impression que rien n'était assez bien pour lui, qu'il méritait toujours tellement mieux.

Et comme par hasard...
Il était gravement malade.

Je fermai les yeux, me passant de l'eau sur le visage, pinçant mon nez, frottant mes joues, soulevant ma frange. Et je n'eus qu'une pensée à cette instant, pensée que je ne pus m'empêcher de formuler à moi-même, face à ce reflet.

<< c'est injuste bordel... >>