Chapitre 22

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Je devais rapidement faire quelque chose, je l'avais indirectement atteint. Il avait faibli. Je le vis qui manquait de peu de tomber au sol, mais il se rattrapa grâce à un meuble. Il n'était pas de bonne humeur, il sortit les griffes en me fixant méchamment, les sourcils froncés.

-Tu n'es qu'une sale garce, me cracha-t-il, la voix grave.

Je regardais autour de moi puis m'emparais d'une batte de baseball qui trainait avec un tas d'autres objets. Lorsqu'il vint pour se jeter sur moi, je ne me retins pas dans mon coup et le frappais violemment au visage. La tête vivement tournée vers la droite, il tomba lourdement au sol, complètement sonné.

Je l'entendis se plaindre et grogner de douleur.

-Tu ne mérites que ça, clown de merde, lui dis-je sèchement en le menaçant avec mon arme de métal.

Il leva la tête vers moi et grommela des mots incompréhensibles puis il se leva péniblement. Je ne me gênais pas pour lui fracasser à nouveau ma batte sur son doux visage blanc. Il cracha du sang noir et demeura au sol.

Je ne devais absolument pas avoir pitié de lui. Il m'avait fait subir tant de choses horribles. C'était à mon tour de lui faire mal. C'était probablement la seule occasion que j'avais pour faire ça.

Lorsque je vins pour lui balancer un troisième coup, il leva sa main vers moi pour que j'arrête. Mon élan fut interrompu et je le regardais en penchant la tête sur le côté.

-Je ne m'arrêterai pas Jack. Moi, je t'ai crié plein de fois d'arrêter et tu as continué malgré cela, dis-je en levant ma batte de baseball dans les airs.

Il usa de ses dernières forces pour se relever rapidement puis il me poussa au sol en utilisant son poids contre moi. Je tombais assise sur le plancher froid et reculais rapidement pour ne pas me prendre des griffes dans la peau. Il grogna en me regardant et vola mon arme. Mes coups lui avaient abîmés le visage, sa peau était fissurée et du sang noir coulait de ses lèvres sombres. Je m'aidais d'un meuble pour me relever tout en le fixant dans le blanc des yeux. Quelque chose de dur et froid rencontra ma main qui se tenait au meuble. Sans réfléchir, je l'empoignais rapidement et cacha l'objet dans mon dos. Toujours sans quitter le clown du regard.

-Vas-y, tue-moi, le défiais-je.

Les griffes prêtes à me déchirer la peau, les yeux foudroyant de colère et les traits du visage déchirés en un sourire malsain, il se jeta enfin sur moi.

J'eu un hoquet de surprise en sentant quatre longues griffes me traverser l'abdomen, mais je vis dans son visage qu'il était tout aussi surpris. Je lui avais planté mon couteau profondément dans le ventre.

Égalité.

Pendant qu'il me lançait un regard d'incompréhension, je ressortis le couteau de sa plaie et le replantais aussitôt. Mon ventre souffrait, mais je voulais le faire payer avant. Je le sentis retirer ses griffes puis reculer en dégageant l'arme de son abdomen. Il grogna de douleur et me regarda sans émotion cette fois-ci. Je plaquais mes mains sur mon ventre et me laissais tomber sur les fesses. Il fit la même chose et ses mains fut toutes couvertes de sang noir.

Nos regards se croisèrent et je demeurais silencieuse. On était tous les deux K.O. Il finit par briser le silence pesant après de longues secondes.

-Isaac...

Je fronçais les sourcils, qui étais-ce ?

-Il s'appelait Isaac... Celui qui m'a rendu ainsi... Murmura-t-il.

Je vis son sang disparaître ainsi que ses plaies. Il s'essuya la bouche de son sang et continua de me regarder. Je ne dis rien, je n'en avais pas la force, j'avais atrocement mal.

-Autour des années 1800.... À Londres, j'étais un soi-disant cadeau de Noël pour ce jeune garçon de sept ans...

Intriguée, je l'écoutais en tentant d'oublier la terrible douleur qui martyrisait mon abdomen.

-Il n'avait pas d'amis, et disons, pas de parents aussi. Ils ne prenaient pas soin de lui, son père travaillait toujours et sa mère était hyper stricte. Ils n'étaient pas riches, la majorité de l'argent gagné par le paternel lui servait à boire jusqu'à se rendre saoul.

Il eut un léger sourire.

-Tu me croirais si je te disais que j'ai été créé par un ange-gardien ? Me demanda-t-il.

Je n'eus aucune réponse, au moindre mouvement j'avais mal. Je voulais rester concentrée sur son histoire.

-Eh bien c'est le cas... Un ange-gardien a eu pitié de lui et m'a créé comme cadeau. J'étais bien plus beau qu'en ce moment... Tout coloré et joyeux.

Comme au cirque, la première fois. Et il était gentil. Il l'était.

-Il vivait au grenier, et il était super content de m'avoir, il avait enfin un ami avec qui rire et jouer. J'étais son ami imaginaire. Il m'avait eu dans la boîte à musique que tu as malheureusement brisée.

Son sourire disparu et je me sentis mal pendant un instant.

Je réussis à formuler quelques mots.

-M-mais... Pourquoi es-tu ainsi m-maintenant ?... Soufflais-je.

Il baissa la tête.

-J'avais tué le chat du voisin en jouant avec Isaac... Il a voulu expliquer à sa mère que c'était de ma faute et non la sienne, mais sa mère ne croyait aucunement à mon existence. Le soir-même, elle a décidé de l'envoyer en pensionnant dans une école de correction.

Un léger grognement sortit de ses lèvres et vint ensuite une larme qui roula lentement sur sa joue.

-J'AI PASSÉ TREIZE ANS DANS CETTE FOUTU BOÎTE, À ATTENDRE MON MEILLEUR AMI ! S'énerva-t-il.

Il griffa le plancher en même temps d'hurler.

-Mais quand il est revenu, ce n'était plus un enfant, ce n'était plus mon petit Isaac, c'était un adulte. Et pas un gentil. Il m'avait complètement oublié, je ne pouvais pas sortir de ma boîte sans son aide... Un soir, il avait ramené une femme dans sa chambre, il a voulu coucher avec, mais elle a refusé et il s'est énervé.

Il prit une pause puis reprit.

-Il l'a décapité et j'y ai pris un malin plaisir à regarder la scène, ma boîte est même tombée au sol et j'ai pu me libérer. Je n'avais plus de couleur, j'étais hideux. Noir et blanc. Monochrome.

Il arrêta son histoire là, mais je voulais absolument connaître la suite.

-Il s'est passé quoi ensuite ? Réussis-je à lui demander.

Je commençais sérieusement à faiblir, des points noirs apparurent dans mon champ de vision.

Je l'entendis rire.

-JE L'AI TUÉ, HAHAHA ! S'exclama-t-il en riant comme un fou.

Tout se mit à trembler autour de moi, le carnaval au complet subissait un tremblement de terre. Je vis des objets tomber des meubles et se fracasser au sol pendant que Laughing Jack continuait de rire sadiquement.

-ET JE N'AI AUCUN REMORD ! Ajouta-t-il en riant toujours.

Les tremblements me firent encore plus souffrir puis je reçus un lourd objet sur la tête. Je tombais subitement dans les pommes, n'ayant pas la force de rester éveillée.

Enfin j'allais mourir. Enfin mon calvaire était terminé. Enfin sortie de ce cauchemar horrible.

Bloody Laughing {En correction/Terminée}Where stories live. Discover now