Ellynn Morgan et l'héritage du passé (tome 2)

4 - Septimus (troisième et dernière partie)

Ellynn fit une suite de rêves dans lesquels elle était pourchassée par Rubis et Simeo qui souhaitaient la décapiter et garder sa tête comme trophée. Elle tentait de leur échapper depuis des heures quand elle fut rattrapée par le frère jumeau de l'elfe qui la prit par surprise au détour d'un chemin. Lorsque le sabre de Rubis allait s'abattre dans son cou, Ellynn se réveilla en sursaut dans son lit. Il faisait clair et elle était emmitouflée dans ses couvertures. Étourdie, elle découvrit qu'elle était en sueur dans sa tenue d'entraînement.

Ellynn voulut se dégager de ses couvertures mais chaque mouvement lui arrachait une grimace de douleur. Ses courbatures s'étaient largement empirées depuis son entraînement avec Amos et son mollet était en feu. Elle essaya de rassembler ses idées mais ne parvenait pas à se remémorer ce qui s'était passé après qu'elle ait franchi le dernier obstacle.
Au prix d'un grand effort, Ellynn se leva et remarqua que quelqu'un avait déposé un panier rempli de fruits et de viandes séchées sur son bureau. Elle se demanda qui lui avait amené la nourriture quand elle vit un parchemin posé juste à côté de la corbeille.

Repose-toi tout le week-end.
Mange.
Merci d'avance d'exécuter pour une fois ce que je te demande de faire.

Amos

Ellynn soupira et regarda dehors par la fenêtre. Le soleil était déjà très haut dans le ciel et lui indiquait que l'après-midi était déjà bien avancé. Elle avait dû dormir d'une traite depuis son entraînement avec Amos et ne s'étonna pas d'entendre son estomac faire des bruits bizarres. Elle s'installa à son bureau et mangea avec délectation un morceau de viande séchée pour calmer son ventre criant famine. Elle n'en avait plus mangé depuis les lapins cuits dans les Pyrénées et cela lui fit un bien fou.
La viande fondant dans sa bouche, Ellynn s'étira puis dormi une partie de l'après-midi. A son réveil, elle s'était changée dans une tenue plus confortable et parcourait la Grande Encyclopédie Elfique quand elle entendit Amaryllis entrer dans leur chambre.

- Tu es réveillée ! s'exclama Amaryllis d'une voix soulagée, ses grand yeux ronds menaçant à tout moment de sortir de leur orbite.
- Je ne suis pas mourante, dit Ellynn étonnée par l'inquiétude qu'elle percevait dans sa voix et son teint plus pâle que d'habitude.
- Tu plaisantes ?! Tu t'es vue hier ?! poursuivit Amaryllis en s'asseyant sur le rebord de son lit en ajustant sa tenue bleue turquoise qui lui allait comme un coup de poing dans le nez. Tu t'es évanouie et tu as eu des spasmes. Tu nous as fait une de ces frayeurs !

Ellynn la regarda perplexe, incapable de se souvenir de ce qui s'était passé, et se demanda si Amaryllis n'exagérait pas un petit peu. 

  - Je suis sérieuse !
- Oui, je remarque, dit Ellynn surprise.

Amaryllis la regardait comme si elle avait perdu toute sa tête.

- Comment est-ce que je m'appelle ?
- Pardon ?
- Comment est-ce que je m'appelle ? répéta Amaryllis très sérieuse en la fixant de ses yeux globuleux.
- Amaryllis, répondit lentement Ellynn en la regardant bizarrement.
- Quel jour sommes-nous aujourd'hui ?
- Je présume que nous sommes samedi...
- Qui est notre professeur de techniques de combat ?
- Amos, bien sûr ! Amaryllis, pourquoi toutes ces questions ?

Amaryllis parut un peu se détendre.
- Pourquoi me poses-tu toutes ces questions ? Je n'ai pas perdu la tête.
- Ne dis pas de bêtise, dit Amaryllis doucement en lui pressant le genou. On avait juste peur que tu te sois blessée à la tête en tombant du mur.

Ellynn se toucha machinalement l'arrière du crâne où une petite bosse avait fait son apparition.

  - Tout ce que je me rappelle, c'est que tu m'as fait la courte-échelle puis – elle regarda Amaryllis en cherchant dans ses souvenirs – c'est le trou noir.
- Oh, tu m'as fait peur, s'exclama sa nouvelle amie en la prenant un court instant dans ses bras avant de la relâcher. Pourquoi ne t'es-tu pas arrêtée quand tu as senti que ça n'allait pas ? Tu aurais pu te faire vraiment mal.
- Je suis désolée de t'avoir autant préoccupée, dit Ellynn en culpabilisant de l'inquiétude causée.
- Il n'y a pas que moi ! Tu aurais dû voir la tête de Timolas quand il t'a retournée ! Il semblait paniqué. En voyant sa tête, j'ai cru que tu étais mal retombée et que tu étais gravement blessée !
- Timolas ? répéta Ellynn, certaine de l'avoir mal entendue.
- Oui ! Il est arrivé de nulle part et...
- Ce n'est pas possible, la coupa Ellynn en secouant la tête, ravivant en un coup son mal de crâne.
- De quoi ?
- Ce n'est pas possible...

À présent, c'était au tour d'Ellynn de la prendre pour une folle.

- Qu'est-ce qui n'est pas possible ? lui demanda Amaryllis, perplexe face à sa réaction.
- Timolas !
- Quoi, Timolas ?
- Tu dois te tromper ! objecta Ellynn. Ça ne peut pas être Timolas !
- Si, c'était lui ! J'étais d'ailleurs moi-même étonnée de le voir aussi fébrile. Il était extrêmement remonté contre le professeur Lumos.
- Pourquoi ? demanda Ellynn complètement perdue.
- Il était à la limite de l'insulter, répondit Amaryllis sur un ton de reproche. Il estimait que Lumos aurait dû y aller plus doucement pour ta première semaine. Il s'est littéralement déchaîné sur lui une fois que t'es endormie entre les pattes de Gladius. 

Amaryllis la reprit dans ses bras puis continua :

- Je ne savais pas que vous étiez si proches toi et Timolas. Pourquoi est-ce que vous ne vous parlez pas en classe ?
- Je...

Ellynn la regarda bouche bée, ne sachant pas du tout quoi lui répondre. Tout ce qu'Amaryllis lui disait n'avait aucun sens. Timolas l'avait soigneusement évité tout l'été et ne lui avait pas adressé la parole depuis le début de la semaine. En plus, il l'avait regardé froidement au cours d'Amos et n'avait pas pris sa défense lorsque Kunis l'avait descendue devant tous les autres élèves. 

- Tu es sûre que c'était Timolas ? demanda Ellynn qui ne pouvait toujours pas croire à cette éventualité.
- Oh que oui ! s'exclama Amaryllis en haussant les sourcils. Je te rappelle que c'est toi qui est tombée sur la tête et non moi. Amos l'a appelé plusieurs fois par son prénom donc je suis certaine de ce que je dis !

Ellynn contemplait Amaryllis, perdue.

- Il était extrêmement doux quand il vérifiait que tu n'étais pas blessée. Il faisait bien attention à te dégager le visage pour que tu puisses respirer et quand tu as été prise de convulsions, c'est lui qui t'a parlé pour te calmer. Il t'a même porté jusqu'ici.
- Quoi ?!
- On aurait vraiment dit que vous étiez un couple, continua Amaryllis très sérieuse.

Elle dégagea une mèche de son visage et la regarda de ses yeux sphériques. Un long silence suivit ses paroles. 

- Je... Je ne suis pas en couple avec lui, bredouilla Ellynn en sentant ses joues rougir.
- Et bien, on aurait pu le croire ! 

Ellynn pouvait voir Amaryllis dandiner sur place, en proie à un violent combat interne pour ne pas lui poser d'autres questions indiscrètes. 

- Il n'y a pas d'histoire mélodramatique entre nous, tenta d'amorcer vainement Ellynn.

Amaryllis haussa les sourcils.

- Excuse-moi d'en douter.
- On – ses pommettes brûlaient à présent – on s'est rencontré dans les Pyrénées. Puis avec Amos, on a rejoint Amadeus en début de moisson.

Un long silence suivit ses explications durant lequel Amaryllis l'observa de ses grands yeux nébuleux.

- Tu n'as pas envie de me faire encore un plus gros résumé ? demanda-t-elle de sa voix chantante. Comme ça, je suis vraiment certaine de ne rien comprendre.

Ellynn soupira tandis qu'Amaryllis lui souriait pour l'encourager à en dire davantage. 

- C'est une longue histoire, commença Ellynn hésitante. Je ne sais pas trop par quoi commencer...
- Et si tu commençais par le début ? lui suggéra Amaryllis en s'installant plus confortablement sur son lit. 

Ellynn rassembla ses idées puis débuta son histoire par ce sombre jour de printemps où elle avait rencontré les trois cavaliers dans les bois de l'Iris.

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Nouveau chapitre terminé ^^ Qu'en avez-vous pensé??? :) J'accepte aussi les remarques négatives :D