Tribut

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New-Seattle, Quartier A.5, Manoir di Tigri, 4 mai 2314



Amarante se mit à genoux aux côtés de A pour voir si la femme au crâne rasé respirait encore. Elle murmura un juron mais fut heureuse de trouver tout de même un pouls. Elle écarta les genoux pour mieux se positionner, pinça le nez de A et lui ouvrit la bouche. L'odeur n'était pas accueillante mais la caporale prit sur elle, appuya ses lèvres contre celles de la guerrière au sol et insuffla lentement.

La mince poitrine de la grande femme se souleva et Amarante s'écarta juste à temps pour lui tourner la tête lorsque elle se mit à tousser. A ouvrit les yeux, paniquée, et repoussa violemment sa sauveuse avant de se mettre à quatre pattes pour vomir. La caporale se massa la joue en se disant qu'elle avait soufflé trop longtemps.

Elle se tourna vers Bismarck, qui était en train d'aider Fièvre à s'allonger sur le tissu déposé par Rose. Coquelicot revint en hâte avec d'autres pièces de tissu alors que Feu l'invitait à rendre ce qui appartenait au trésor de guerre sous peine de subir des rapports anaux. Fraise n'avait visiblement pas encore trouver de planches adaptées pour l'attelle. Sa supérieure offrit un regard d'excuse à Bronze qui masquait toujours sa douleur avec fierté.

— Bismarck. Je sais que tu en as. C'est pour désinfecter, adressa-t-elle au seul homme de son équipe dès qu'il se redressa.

Il grimaça puis ouvrit une petite poche dorsale de son plastron et en sortit une flasque en fer orné de bronze. Elle l'ouvrit et renifla au dessus de l'étroit goulot.

— Du whisky, dommage. Fièvre, garde bien ta langue derrière tes dents, ça va piquer.

L'homme au sol serra les dents alors qu'elle posait sans ménagement un genou sur son poignet. Elle déchira brutalement le tissu de son pantalon pour mieux voir la plaie. Elle s'offrit une gorgée sous l'œil désapprobateur de son assistant muet puis versa la moitié de la flasque dans le trou d'entrée de la balle. Le sang qui sortait par l'autre orifice se clarifia un court instant. À peine Coquelicot fut-elle arrivée, Amarante lui arracha des mains le tissu et déchira une première bande pour faire un garrot au sommet de la cuisse.

— Il me faut une loupe, un scalpel, que tu bloques sa jambe et des aiguilles.

— Des aiguilles, glapit Fièvre alors que Bismarck ouvrait plusieurs poches de son plastron.

Le muet se mit à genoux par-dessus les chevilles du patient en tendant le matériel à sa supérieure. Elle attacha la loupe devant son œil et l'alluma avant de tourner la jambe à opérer de manière à bien être au-dessus des deux trous. Puis elle attaqua au scalpel pour voir l'intérieur de la plaie. Fièvre gémit mais le poids de Bismarck l'empêcha de bouger la jambe.

Elle écarta les pans de peau et les fixa avec les aiguilles après les avoir trempées dans le whisky. Le patient hurla mais le son semblait lointain alors qu'elle scrutait le muscle à la recherche de traces laissées par le passage d'éclats.

— Pinces, marmonna-t-elle en tendant la main gauche.

Elle ferma l'œil derrière la loupe et ouvrit l'autre pour vérifier la taille de la pince. Contente, elle la plongea dans l'alcool avant de triturer d'inciser le muscle jusqu'à trouver l'éclat, qu'elle dégagea avec autant d'adresse que lui offrait sa seconde main. Elle dut procéder à cinq autres retraits. Puis, à défaut d'autres traces, elle versa le reste de la flasque dans la plaie béante et retira la loupe.

— Suture, se contenta-t-elle de dire.

Bismarck lui donna le nécessaire, encore sous vide. Sans la loupe, la plaie semblait plutôt mince malgré sa longueur.

Les Achroniques - 2314, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant