Grenat

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New-Seattle, Quartier A.6, Quartier Général de l'Héxaédron, 2 mai 2314




Kris' était à peine partie lorsque Saphir sortit du bureau avec les débris de la chaise.

— Suis-moi, dit-il au géant alors qu'il rangeait à nouveau les lettres sous l'oreiller. Grenat est prêt à te recevoir.

Éthan le suivit sans dire un mot au travers des longs couloirs. Il l'aida à mettre les restes de la chaise dans une benne remplie d'autres débris de bois, synthétiques pour la plupart. Et ils reprirent le chemin vers les quartiers rouges. Saphir fut hué de loin et des surnoms que le géant ne comprit pas fusèrent.

Saphir s'arrêta, le visage peu amène, devant une lourde porte métallique et y frappa 3 fois puis 2 puis 2 avant de tourner les talons. La porte grinça pour révéler une femme aux cheveux rouge vif et derrière elle 6 hommes en train de se battre en duels.

Les plus proches pratiquaient la lutte au sol. Plus loin, un binôme se battait sans grâce avec des épées comme si c'était des barres de fer. Le dernier duel était à peine plus dégrossi mais avec les mêmes armes. Tous étaient teints en rouge et portaient plus ou moins de tatouages. La porte gronda derrière lui et la jeune femme referma les verrous.

— Temps mort, beugla un homme du dernier binôme un peu plus grand que la moyenne et presque gras en apparence.

Son torse nu se révéla être en fait musclé mais épais. Le long de son dos remontait le crane d'un taureau dont les cornes s'appuyaient sur ses épaules.

— Aythen, je crois, ajouta-t-il en faisant un salut de guerrier.

— Éthan, corrigea la femme alors que le géant tendait l'avant-bras pour imiter Grenat.

Le chef lui agrippa l'avant-bras de la main et lui claqua l'autre main sur l'épaule. Le jeune homme l'imita de son mieux.

— Ça fait plaisir de voir un vrai guerrier saluer, s'exclama Grenat. Tu veux t'entraîner à quoi garçon ?

— S'il te plaît, laisse-le moi, demanda un homme maigre d'un bon mètre quatre-vingt.

— Du calme Bronze, le coupa la fille. C'était ma pause donc il est à moi.

— Rubis, toujours Rubis, grogna un autre.

— Vos gueules, les coupa Grenat. Il choisit l'arme et je lui oppose Rubis ET Bronze, si ça lui va.

Éthan palpa son avant-bras pour s'assurer de ne plus avoir mal, se rappela les coups d'Amarante puis haussa les épaules.

— Vous avez des chaînes ? Je préfère éviter les coupures alors qu'il me reste des équipes à voir.

Plusieurs membres rigolèrent mais pas Bronze. Ni Rubis mais elle avait l'air plutôt sûre d'elle.

***

Les autres se placèrent à distance en cercle pour observer. Éthan prit une chaîne un peu plus longue même si elle était plus lourde de deux bons kilogrammes. Rubis en avait une plus fine et plus légère, ce sera facile à détourner, espéra le géant. Bronze prit celle qu'Éthan avait repoussé.

Le géant se plaça de manière à les voir tout les deux puis se mit à faire tourner la chaîne. Ils voulurent le contourner mais il fit claquer la chaîne à gauche des pieds de Bronze tout en reculant sur sa gauche lui aussi. Le ballet continua sans trop d'agressivité.

Mais soudain, sur un sifflement, ils passèrent à l'attaque, presque coordonnés. Le léger décalage entre leur geste permit à Éthan de contrer Rubis puis de désarmer Bronze avant de lui asséner un puissant coup de talon dans le ventre qui l'envoya planer jusqu'à ses amis.

Loin de s'inquiéter, Rubis sourit, ce qui le déconcentra assez pour qu'elle assène un premier vrai coup au niveau du bras en laissant une déchirure sur la peau nue à cet endroit. Il jura puis jeta la chaîne la plus lourde au profit de celle de Bronze.

Il bloquait puis contrait de son allonge supplémentaire, elle reculait d'une glissade puis ré-attaquait vivement. La danse semblait pouvoir se répéter à l'infini. Après une vingtaine d'échanges, excédé mais surtout plus essoufflé que son adversaire, il ouvrit sa garde puis bloqua la chaîne contre lui et tira Rubis à lui. Elle lâcha à temps mais n'eut pas le réflexe d'esquiver le fauchage aux jambes.

Tout en tentant de se calmer, Éthan plaqua d'une main la tête de Rubis contre le sable de la piste.

— Suffit, cria Grenat. Tu serais puissant au combat mais si tu es un Berserker mieux vaut être chez Amarante, Sang ou Carmin. Je ne te garderais pas.

Effaré sur l'instant, le jeune homme se leva et salua de son mieux avant de ressortir par la porte que tenait l'un des autres rouges de Grenat. Il se dirigea au hasard des couloirs et finit par se trouver dans le grand hall.

***

Seule, se tenait une jeune fille aux cheveux bruns et blonds mélangés. Elle semblait vaguement danser alors qu'elle triait des feuilles. Éthan ne lui prêta pas d'attention particulière et observa la voûte du plafond à la recherche d'un indice pour retourner aux quartiers bleus.

Alors qu'il observait le sol sous ses pieds, il sentit une autre présence approcher. D'apparence très semblable à la jeune femme précédente, celle-ci semblait pourtant différente à Éthan. Il l'aimait bien. Ses cheveux semblaient moins en désordre, ses yeux étaient plus ... il hésita sur la couleur bleu, vert, quelque chose entre les deux. Son regard s'attarda sur sa poitrine et il rougit encore plus en fixant ses pieds.

— Besoin d'aide ? Tu es Éthan, non ? Light nous a dit que tu viendrais mais il n'a pas précisé quand.

— Ah euh, oui, oui, mais non. Enfin non ce n'est pas prévu pour tout de suite, je reviens de chez Grenat, je cherche le dortoir bleu en fait. Et toi ?

— Hein ? Calme-toi. Quoi moi ?

— Euh, ton prénom, dit-il en rougissant alors qu'elle soulevait son menton du bout des doigts.

— Aaah, moi c'est Dextre, enfin c'est mon pseudonyme ici mais je ne donne pas mon vrai prénom si facilement.

Elle lui sourit en relâchant son menton.

— Tu as vraiment la même carrure que Light, c'est assez impressionnant. Mais tu as bien plus de couleurs que lui, commenta-t-elle. Enfin bref, il faut te ramener chez les bleus. Viens.

Elle signa un mot rapide sur le bureau et ferma plusieurs tiroirs à clef. Il l'a suivit en se retenant de remarquer le balancement ostentatoire de ses fesses. Il se concentra à temps sur sa voix enjouée pour entendre la fin d'une tirade.

— ... demain vers midi ?

— Pour l'entraînement chez Light ? Ça peut se faire oui.

— T'as pas tout écouté, affirma-t-elle. Bref, je te proposais plutôt d'aller chasser le robot, Light n'est pas trop disponible.

— Ah, désolé. Oui ça me va aussi.

— Parfait, j'amène tout le matériel, même ton arme. On se retrouvera juste ... ici.

En disant cela, elle l'attira vers le bas pour l'embrasser au coin des lèvres. Étourdi, il la vit partir alors que Saphir approchait à son tour le nez plongé dans des papiers. Ce dernier lui indiqua le reste de l'itinéraire sans même s'arrêter.

Les Achroniques - 2314, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant